Pour maintenir notre Fenêtre entrouverte
sur la réalité et l’avenir…
… je poursuis mon tapotage hebdomadaire.
Avec un ton léger, avec le beau temps, je pourrai même dire que nous pouvons viser à ouvrir largement la Fenêtre…
Si la Belgique est le pays du surréalisme, ses citoyens ont toujours fait preuve de résilience et de courage devant les épreuves. A l’heure où s’annonce une prolongation sans doute trop courte mais concrète du confinement, je commence par faire place à l’humour et la dérision. Avez-vous vu en vidéo au journal TV ce couple dont l’homme trace un sillon au motoculteur et où la femme plante… des rouleaux de papier toilette ?
L’humour est un art difficile en soi particulièrement en période d’incertitude, de pression et surtout de morts possibles autour de nous. La séquence précitée dénonce à sa manière tous les comportements insensés, égoïstes dont nous n’avons que faire alors qu’il s’agit de se serrer les coudes.
Comment ne pas aller plus loin et crier haro sur des actes violents et indignes ? Tousser sur un policier, houspiller une caissière ou encore menacer ou exclure des soignants de son entourage… par exemple. Vraiment là, il n’y a pas de quoi rire.
Notre paroisse s’est associée volontiers au mouvement de soutien au monde des soignants et des acteurs de première ligne. Les cloches de la plupart de nos églises et chapelles rejoignent la salve des applaudissements de 20h. Merci à ces héros du quotidien. Et il y en a chez nous par leur travail, par leur service (St-Vincent-de-Paul a encore assumé ce mercredi). Pensons à les soutenir et à exprimer notre reconnaissance. Un bonjour ou un merci appuyé, un message explicite oral ou écrit en plus de la simple politesse et du respect de règles de prévention. La charité va nécessairement au-delà des habitudes et des convenances, dans le sens de la vie et de la solidarité.
Pour nous, disciples du Christ, nous ne sommes pas seuls pour avancer dans le juste chemin. La patience, la bienveillance et d’autres vertus nous sont bien offertes par l’Esprit-Saint, ce sont les fruits que nous pouvons offrir à nos prochains (cf. Paul aux Corinthiens). Ne l’oublions pas : l’amour est toujours concret.
Une vertu que je voudrais évoquer ici est la prudence. En voulant bien faire, sans mesure, nous pouvons nous tromper et tromper. Non, au contraire, de certains messages, les boissons chaudes et l’alcool ne protègent pas du virus. Un journaliste commentait avec ironie : Oui, vous pouvez boire jusqu’à être ivre mort mais le Covid-19 lui sera toujours bien vivant ! Non, il n’y a pas que les aînés ou les seuls déficients cardio-respiratoires ou les diabétiques qui peuvent être atteints gravement. Les statistiques ne sont que des chiffres. Non, le fait de munir tout le monde de masques n’est pas la panacée pour lever le confinement. Il n’y a qu’à voir la gestion de l’épidémie en Chine.
Donc attention à nos conseils et à nos sources d’information.
D’autres fruits de l’Esprit, la sagesse et l’humilité, sont disponibles. Pourquoi ne pas reconnaître que lorsqu’on ne sait pas, on ne sait pas ? Chacun a ses compétences propres. Acceptons que le bien commun passe par la bonne place attribuée à la bonne personne…
J’ai commencé par une note positive et je veux relever avec réalisme et prudence, que la crise révèle que notre pays a du potentiel dans son système de santé, dans la recherche, dans l’ingénierie (bravo pour la conception rapide et la production d’un type de respirateur de dépannage), la logistique,… N’est-ce pas une chance, voire un trésor ? Rendons en grâce à Dieu et méfions-nous des polémiques, de la saturation en nouvelles stressantes ou défaitistes. Cela n’avance à rien et mène à l’impasse du désespoir, le péché originel par excellence.
Enfin, je vous invite à lever les yeux vers le ciel. Pas de traînées blanches le jour ni de feux clignotants la nuit. Un bleu d’azur à midi, un scintillement d’étoiles à minuit. Bref ce que nos grands-parents et nos ancêtres ont connu toute leur vie. Puisse cette expérience d’émerveillement et de contemplation nourrir aujourd’hui notre espérance et demain nous aider à choisir résolument la sobriété bienheureuse. Peut-être que ce carême historique pourrait se transformer en conversion, en virage en vue du Royaume de justice et de justesse.
Ah ! si vous aviez la foi grosse comme un grain de moutarde… dit Jésus. Nous connaissons la suite.
À bientôt !
Jean Marc,
votre curé
P.S. Au moment où j’écris, l’abbé François-Xavier Jacques doit être sur le retour dans un avion de la Défense et lors de cette publication, il devrait commencer sans doute, une quarantaine légale chez lui. Bienvenue et bonne adaptation à lui.
C’est fait, je suis chez moi, arrivé ce matin à 6h.
Bon retour, cher Monsieur l’abbé! Bien contente que vous soyez sain et sauf, et bien heureuse de vous revoir bientôt! Anne-Elisabeth
Je trouve ce message plein de bon sens et de modération.
Merci, monsieur le curé !
Il en faut du courage pour encore faire de l’humour en ces temps incertains. Il est grand temps que nous devenions moins insouciants et moins exigeants avec cette belle nature qui nous est confiée et non donnée. Moins d’égoïsme et d’égocentrisme pourraient aussi peut-être rendre notre monde plus juste. Il faut regarder autour de nous et cesser cette course effrénée au profit. Un plus juste partage ne nuirait à personne sauf aux assoiffés de biens et de pouvoir. Cette crise devrait servir de leçon au plus grand nombre. Merci aux gens qui ont le souci des autres au péril de leur propre vie. Que Dieu les garde sous sa toute puissante protection.