Clés pour lire l’évangile de Jean : 40. Pain du ciel

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Nous poursuivons la lecture continue de l’évangile. Jésus se révèle comme l’envoyé du Père : Jn 6, 41-51 du 19e dimanche ordinaire.

40. Le pain descendu du ciel

« Personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu. » (Jn 6,46)

Le pain qui satisfait nos besoins quotidiens, c’est d’abord la nourriture qui restaure nos forces. Mais nous devons bien constater que cela ne suffit pas à calmer notre faim. « Vos pères ont mangé la manne – ce pain quotidien envoyé par Dieu – et ils sont morts » (6,48). C’est que créé par Dieu et pour Dieu, ce dont l’homme a faim et qui peut le faire vivre en vérité, c’est d’éternité, d’absolu. Rien ne peut nous satisfaire, nous rassasier pleinement, car s’il nous arrive de l’être, cela ne dure qu’un temps et à nouveau la faim se fait sentir, et à nouveau il faut combler le manque.

« Moi, je suis le Pain vivant qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. » (6,51) Voilà l’objet de notre désir. Jésus est le pain véritable, le pain essentiel, celui qui donne la vie, celui qui comble la faim de l’homme. « Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. » Mais que signifie concrètement « manger de ce pain » ? Manger, ici, c’est communier, croire en Jésus car « il a la vie éternelle, celui qui croit. » (6,48)

Le renouvellement des dons de l’Exode

« Les références au temps de l’Exode sont nombreuses dans ce chapitre 6 de Jean. Ainsi, pendant la traversée du désert, Dieu promet des biens abondants à Israël, une fois en terre promise (Dt 6,11 ; 8, 10-15) ; au cours de la traversée du désert, Dieu nourrit son peuple de la manne (Ex 16,15). Jésus oppose la manne qui n’a pas empêché les bénéficiaires de mourir et le vrai pain qui donne la vie éternelle (Jn 6,29) ; les Juifs murmurent (6,41) comme Israël au désert. Ces nombreuses allusions sont à mettre en rapport avec l’espérance d’Israël qui attend le nouveau Moïse qui renouvellera les gestes de l’Exode. « En ce temps-là, la manne gardée en réserve tombera de nouveau, et ils mangeront pendant des années… Et après cela, quand sera accompli le temps de l’avènement du Messie et qu’il retournera dans la gloire, tous ceux qui se sont endormis en espérant en lui ressusciteront. (II Baruch 29) » (Jean-Pierre LÉMONON, Pour lire l’évangile selon saint Jean, 2020)

Abbé Marcel Villers