Clés pour lire l’évangile de Jean : 49. La lumière

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Dans le Temple, Jésus affronte les Pharisiens : Jn 8, 12-20.

49. La lumière du monde

Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. (Jn 8,19)

Lors de la fête des Tentes, dans le Temple éclatant de lumière, Jésus se proclame la vraie lumière, destinée au monde, à toute l’humanité et non seulement aux Juifs. De quel droit s’identifie-t-il ainsi à la lumière ? « Tu te rends témoignage à toi-même, ce n’est donc pas un témoignage valable » (8,13).

Et Jésus de répondre : « je ne suis pas seul, il y a moi et le Père qui m’a envoyé » (8,16). La validité de la parole de Jésus ne peut être vérifiée par des critères ou des témoignages de ce monde. Comme la lumière ne peut rien faire d’autre que témoigner pour elle-même et être légitimée par sa source, ainsi Jésus affirme : « je suis à moi-même mon propre témoin et le Père, qui m’a envoyé, témoigne aussi pour moi » (8,18). Mais « où est-il ton père ? » (8,19).

Jésus est LA lumière

« La lumière est une image biblique classique. Premièrement, elle est mise en rapport avec la parole de Dieu, la Tora. Deuxièmement, elle est associée par Esaïe à la figure du serviteur de Dieu « destiné à être la lumière des nations ». Troisièmement, elle est rapprochée des figures de la Sagesse et de celle du Logos philonien. Comme le suggère le prologue de Jean, la lumière doit être comprise dans le cadre de la révélation dont elle exprime la finalité. Elle désigne la manifestation de Dieu en Jésus. Jésus est la lumière à l’exclusion de toute autre. La relation de suivance (celui qui me suit), qui est synonyme de foi, permet d’être libéré des ténèbres. La lumière, expression de la réalité divine, procure la vie. » (Jean ZUMSTEIN, L’Évangile selon saint Jean, 2014)

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire saint Jean 2. Entête la Parole

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons cette année fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Il n’y a pas d’année liturgique centrée sur Jean, comme c’est le cas pour Matthieu, Marc et Luc. Nous ferons donc une lecture continue de Jean en tâchant de faire des liens avec l’année liturgique. Au long de l’Avent, nous méditerons le prologue (Jn 1, 1-18) qui ouvre l’évangile et est lu entièrement, chaque année, le jour de Noël. Cette semaine : Jn 1, 1-5.

2. Entête est la parole

En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. (Jn 1,4)

« Le Verbe était Dieu » (1,1) car Dieu est communication de soi. Le Verbe, la Parole, c’est Dieu en tant que parlant, s’exprimant, se communiquant. Et cela depuis toujours, de toute éternité, « au commencement » (1,1. 2) Dieu est Parole, Verbe. Parler, c’est s’exprimer, sortir de soi, entrer en dialogue, en conversation. La Révélation, c’est l’auto-communication de Dieu.

« Tout fut par lui et sans lui rien ne fut » (1,3) : le cosmos, la création, les êtres humains sont nés de Dieu, sont Paroles de Dieu, expressions de Dieu. « En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. » (1,4) Vie et lumière que rien ne peut arrêter, don de Dieu aux hommes pour vaincre les ténèbres de la mort.

Le prologue de Jean

« Le prologue, écrit dans un langage poétique, est une pièce à part dans l’évangile. On y rencontre un vocabulaire qu’on ne trouve pas ailleurs : des mots comme plérôme (traduit par « plénitude »), Verbe, grâce ne sont attestés que dans cette introduction. Il est vraisemblable que cette hymne a d’abord existé isolément… Des hymnes de ce genre ont existé dans l’Église primitive (par exemple, Éphésiens 5,14). Cette hymne de quatre strophes chantait successivement la préexistence du Verbe, sa présence lumineuse auprès des hommes, sa venue auprès du peuple d’Israël, et enfin son incarnation en la personne de Jésus. Jean, à la recherche d’une introduction pour son évangile, a adopté l’hymne pour en faire une introduction qui, telle une ouverture musicale, décline les uns après les autres les grands thèmes de l’évangile. » (Alain MARCHADOUR, L’Evangile de Jean, 1992)

Abbé Marcel Villers