Chrétien, intrépide témoin d’espérance

Veillée de Carême des Unités pastorales de Spa et Theux

Mercredi 19 mars à 19h30 à Spa

L’espérance est une petite voix qui nous assure que rien n’est jamais perdu. Elle est une manière de regarder la vie et ses difficultés non plus comme une fatalité, mais comme une aspiration au bonheur. Elle est, à cet effet, le chemin des Béatitudes (Mt 5: 1 12). Car les béatitudes ont pour rôle de tracer le chemin pour tous les chrétiens où Dieu est le centre de tout. L’Espérance est donc l’arme qui protège les chrétiens dans le combat du salut (1Th 5:8). Elle procure la joie dans l’épreuve et raffermit la constance dans la tribulation (Rm 12:12).

Elle s’exprime et se nourrit dans la prière. De ce fait, l’espérance est pour les chrétiens un moteur spirituel qui leur permet de jeter, sur chaque événement, sur chaque personne, un regard renouvelé. Au-delà de zones de turbulences qu’ils peuvent traverser, leur conviction demeure que ce ne sont que des moments passagers en rapport à la gloire à venir (Rm 8:18).

Alors, vivre dans l’espérance, c’est accepter l’angoisse et, en même temps, vivre dans la joie. Il y a donc une corrélation parfaite entre l’espérance et la foi. L’espérance se nourrit de la foi et la foi se vivifie dans l’espérance, car l’espérance, la foi, la confiance et la charité nous permettent d’être, sereinement, dans la certitude que tout chemin mène au Père. En effet, même quand il n’y aurait plus rien à attendre de la vie, même quand tout paraîtrait perdu, la main secourable du Seigneur peut encore tout renouveler : on peut toujours et encore espérer. Dans cette perspective, le pape Jean-Paul II exhortait : « Nous ne devons pas avoir peur de l’avenir […] Nous sommes capables de sagesse et de vertu. Avec ces dons et avec l’aide de la grâce de Dieu, nous pouvons construire dans le siècle qui est sur le point d’arriver et pour le prochain millénaire, une civilisation digne de la personne humaine, une vraie culture de la liberté » (Jean-Paul II, Insegnamenti XVIII/2 [1995], p.744 ; cf. ORLF, n°41, du 10 octobre 1995).

Ainsi avec la lettre aux Hébreux : « Retenons fermement la profession de notre espérance, car celui qui a fait la promesse est fidèle » (He 10:23) puisque c’est dans l’Espérance que nous obtiendrons l’héritage de la vie éternelle (Tit 3:6-7). À cet effet, notre espérance est de croire qu’après avoir vécu cette vie pour Jésus, nous serons comme lui et vivrons avec lui éternellement (Jn 3: 2). Cela exige dès lors une attitude contemplative capable de pousser les chrétiens à avoir les regards fixés sur le Royaume des Cieux. Il en ressort que l’espérance exclut tout découragement, tout défaitisme, mais invite à la persévérance, car le but ultime à atteindre est un idéal : la vie éternelle (Jn 17:3). L’espérance ne s’établit donc pas sur fond d’obscurité, mais sur l’horizon de lumière.

C’est dans cette optique que l’espérance interpelle tout baptisé. Comme le souligne le pape François dans une de ses homélies : « L’espérance nous interpelle, nous déplace et rompt avec le conformisme du on a toujours fait ainsi, et elle nous demande de nous lever pour regarder directement les jeunes et les situations dans lesquelles ils se trouvent. La même espérance nous demande de travailler pour renverser les situations de précarité, d’exclusion et de violence, auxquelles sont exposés nos enfants. Elle devient ainsi un antidote à nos peurs, nos angoisses, nos atermoiements, etc. » Par conséquent, vivre dans l’espérance augure un engagement sans faille aux commandements de Dieu, à l’écoute de la Bonne Nouvelle, dans l’attente de la rencontre bienheureuse avec le Seigneur. C’est dans ce contexte que nous sommes invités à vivre, en cette année jubilaire, comme des témoins d’espérance, des luminaires qui éclairent dans les ténèbres d’un monde en perte de repères.

Les chrétiens ne peuvent donc plus se contenter d’avoir de l’espérance, mais ils doivent plutôt faire rayonner leur espérance, être des semeurs d’espérance.

Abbé Charles NIMI SESE