ART ET FOI : 14. LE COURONNEMENT D’ÉPINES

ART ET FOI. PLAFOND DE L’ÉGLISE DE THEUX.

Nous vous proposons la découverte des panneaux, datant de 1630, ornant le plafond de la nef de l’église de Theux. 66 médaillons figurent un(e) saint(e), dont plusieurs de Marie, des scènes de la Passion du Christ, de sa gloire, etc. Deux fois par mois, le mardi, un de ces médaillons sera présenté.

CHRIST COURONNÉ D’ÉPINES

Cet épisode de la Passion de Jésus est présenté dans trois évangiles : Mc 15,16-20 ; Mt 27,27-31 ; Jn 19, 2-3.

Description du panneau

Le Christ a les mains ligotées. Deux bourreaux lui enfoncent, à l’aide d’une espèce de tenaille, une couronne d’épines sur la tête. L’homme de gauche est clairement un soldat, porteur d’une épée et d’une sorte de costume militaire, que porte aussi l’homme de droite.

 

Dans le récit de la Passion de Matthieu et de Marc, les outrages à Jésus roi suivent la comparution de Jésus devant Pilate, comme les outrages à Jésus prophète suivaient le procès devant le Sanhédrin. Dans Jean, cette scène constitue le centre de la comparution devant Pilate, composée de deux interrogatoires de Jésus par Pilate.

À Pilate qui lui demande s’il est le roi des Juifs, Jésus répond affirmativement. C’est cette prétention à la royauté qui devient le sujet de moqueries des soldats du gouverneur. Ils font de Jésus un roi de mascarade. On le revêt de pourpre, le vêtement pourpre était un vêtement royal ; cela peut désigner simplement un manteau de licteur dont la couleur pouvait évoquer la pourpre royale. « On lui met sur la tête une couronne tressée de plantes épineuses. Mt précise qu’on lui met dans la main droite un roseau pour évoquer le sceptre royal. Chacun vient alors présenter ses hommages à ce simulacre de roi ; selon les coutumes orientales, on donnait un baiser au roi après s’être prosterné devant lui. C’est ce rite que décrivent Mt et Mc, mais le baiser au roi est remplacé par des crachats injurieux ; Jean dit seulement qu’on lui donne des gifles. » (P. BENOIT et M.-E. BOISMARD, Synopse des quatre évangiles en français, tome II, Paris, 1972, p.420).

Ce n’est qu’à partir du XIIIe siècle, dans le cadre de la dévotion au Christus patiens (« Christ souffrant »), qu’apparaît l’iconographie de la couronne d’épines. (Jacques de Landsberg, L’art en croix : le thème de la crucifixion dans l’histoire de l’art, Paris, 2001, p. 30).

Abbé Marcel Villers

ART ET FOI : 13. CHARLES BORROMÉE

ART ET FOI. PLAFOND DE L’ÉGLISE DE THEUX.

Nous vous proposons la découverte des panneaux, datant de 1630, ornant le plafond de la nef de l’église de Theux. 66 médaillons figurent un(e) saint(e), dont plusieurs de Marie, des scènes de la Passion du Christ, de sa gloire, etc. Deux fois par mois, le mardi, un de ces médaillons sera présenté.

CHARLES BORROMÉE 1538-1584

Cardinal, secrétaire d’État.
Canonisé en 1610.

Saint très populaire et acteur majeur de la Contre-Réforme, ce dont témoigne sa présence au plafond de l’église de Theux daté de 1630.

Fêté le 4 novembre.

Protecteur du clergé, des catéchistes.
Invoqué contre la peste.

 

Attributs
Reconnaissable à son long nez aquilin. Barrette et camail de cardinal.
Il pointe du doigt un livre ouvert : peut-être les actes du Concile de Trente qu’il appliqua à Milan. Il est connu pour sa vie austère et de pénitence que signifie le crucifix avec tête de mort qu’il contemple.

Né sur les bords du Lac Majeur, Charles Borromée est appelé à Rome en 1560 par le pape Pie IV qui est son oncle. Il est nommé cardinal à vingt-deux ans et devient le premier Secrétaire d’État au sens moderne de la fonction. Il est ordonné prêtre, puis évêque en 1562. Il réussit à remettre en route le Concile de Trente et mena à bonne fin les dernières sessions (1562-1563). Il prit une part importante à la rédaction du Catéchisme tridentin.

À la mort du pape, Charles Borromée gagne Milan dont il est archevêque. Il n’aura d’autre souci que de faire passer dans la vie de son diocèse les décrets du Concile. « Réformateur du clergé par ses synodes et la fondation des premiers séminaires, restaurateur des mœurs du peuple par ses visites pastorales qui s’étendaient jusqu’aux vallées suisses, créateur de multiples œuvres sociales (orphelinat, hospices, écoles), père de la cité, exemple de vie évangélique, le cardinal Borromée réalisa pleinement le type de l’évêque esquissé par le Concile de Trente… Tous les évêques réformateurs prirent son action pastorale comme modèle de la leur. » (Pierre JOUNEL, Missel de la semaine, 1973, p. 1755) On a pu dire qu’il avait refait l’épiscopat d’Europe.

Charles Borromée est aussi le type de l’évêque défenseur de la cité et père de son peuple. Ainsi, il se consacra totalement au combat contre la peste qui ravagea Milan durant l’automne 1576. Il organisa de manière efficace la lutte contre l’épidémie, et assura la nourriture pour des milliers de personnes pendant les six mois que dura la tragédie qui aurait fait 30.000 victimes. Il prit soin en personne des pestiférés en les soignant et leur apportant la communion.

Homme d’action, le cardinal Borromée était aussi d’une ardente piété et d’une austérité reconnue. Dans son éloge funèbre, sa vie de charité et d’humilité fut ainsi résumée : « De la richesse, Charles ne connut que ce qu’un chien reçoit de ses maîtres : de l’eau, du pain et de la paille. »

Abbé Marcel Villers

ART ET FOI : 12. SAINTE MARIE-MADELEINE

ART ET FOI. PLAFOND DE L’ÉGLISE DE THEUX.

Nous vous proposons la découverte des panneaux, datant de 1630, ornant le plafond de la nef de l’église de Theux. 66 médaillons figurent un(e) saint(e), dont plusieurs de Marie, des scènes de la Passion du Christ, de sa gloire, etc. Deux fois par mois, le mardi, un de ces médaillons sera présenté.

MARIE-MADELEINE

Marie la Magdaléenne, d’où Magdeleine, est un personnage des évangiles.

Patronne des parfumeurs, des gantiers (les gants des dames étaient parfumés), des coiffeurs, des filles repenties.

Fêtée le 22 juillet.

Description du panneau
Dénudée, avec les cheveux longs et dénoués de la pécheresse repentante, méditant devant une tête de mort et un crucifix. Elle essuya avec ses cheveux les pieds de Jésus après les avoir oints du parfum contenu dans le flacon posé devant elle. Elle annonçait ainsi la mort et l’ensevelissement de Jésus.

« Jésus apparut d’abord à Marie de Magdala dont il avait chassé sept démons » (Mc 16,9). Cette pécheresse pardonnée s’était attachée à Jésus et faisait partie du groupe de femmes qui accompagnaient et soutenaient financièrement Jésus et ses disciples (Lc 8,2). Elle se trouva près de la croix avec trois autres femmes dont Marie, la mère de Jésus (Jn 19,25). Quand le corps de Jésus fut mis au tombeau, elle resta « assise en face du sépulcre » (Mt 27,61). Elle se présente, le matin de Pâques, « avec des huiles parfumées pour embaumer Jésus » (Mc 16,1). C’est à elle que Jésus apparaît dans le jardin (Jn 20, 11-18 ; 16,9) et à qui il confie la première annonce pascale (Jn 20,17-18 ; Mc 16, 10 ; Lc 24, 9-10 ; Mt 28, 9-10), ce qui fait de Marie-Madeleine l’apôtre des Apôtres.

A ce personnage, la tradition a assimilé la pécheresse anonyme qui baigne de ses larmes les pieds de Jésus et les parfume (Lc 7, 36-50 ; Mt 26, 6-13 ; Mc 14, 3-9). De même, on l’identifia à Marie de Béthanie, sœur de Marthe et de Lazare, « qui avait oint de parfum le Seigneur et lui avait essuyé les pieds avec ses cheveux » (Jn11,1-2). La réunion de ces trois personnages en un seul est dû à un trait commun : le parfum.

La dévotion à Marie-Madeleine ne prit racine en Occident qu’au Xe s., ce dont témoigne la basilique de Vézelay (1050) qui prétendait posséder le corps de la sainte. La légende dorée (XIIIe s.) en fit celle qui évangélisa la Provence. Les Provençaux fondèrent trois pèlerinages : à Saint-Maximin où se trouvait le sarcophage de la sainte ; à la Sainte-Baume où elle aurait fait pénitence dans un grotte ; en Camargue, où depuis le XIIe s., sont honorées les Trois « Saintes-Maries de la Mer ».

Dans l’iconographie, deux types apparaissent : la myrrophore dont le vase de parfum de grand prix est le principal attribut ; la pénitente que le pardon de Jésus a fait passer de la prostitution à une vie nouvelle et qui exhorte à la repentance : « memento mori ». La courtisane myrrophore et son vase de parfum est majoritairement représentée jusqu’au Concile de Trente. Après la Contre-Réforme, c’est la pénitente qui l’emporte.

Abbé Marcel Villers

ART ET FOI : 11. LE CHRIST FLAGELLÉ

ART ET FOI. PLAFOND DE L’ÉGLISE DE THEUX.

Nous vous proposons la découverte des panneaux, datant de 1630, ornant le plafond de la nef de l’église de Theux. 66 médaillons figurent un(e) saint(e), dont plusieurs de Marie, des scènes de la Passion du Christ, de sa gloire, etc. Deux fois par mois, le mardi, un de ces médaillons sera présenté.

CHRIST FLAGELLÉ

La flagellation de Jésus est rapportée par trois évangiles : Mc 15,15 ; Mt 27,26 ; Jn 19,1. Elle est un des épisodes du récit de la Passion.

Description du panneau

Christ dit « à la colonne ». Il y est attaché et subit la flagellation par deux bourreaux maniant l’un, un fouet, et l’autre, des verges liées en faisceau.

Les Romains utilisaient les verges pour les hommes libres, la bastonnade pour les militaires, et pour les esclaves, ils se servaient de fouets et aussi de verges.

Dans le récit de la Passion, deux séances d’outrages sont rapportées. La première a lieu lors de la comparution devant le Sanhédrin : gardes et valets crachent sur Jésus et le frappent (Mc 14,65 ; Mt 26,67-68 ; Lc 22,63-65). La seconde se déroule lors du procès chez Pilate : le couronnement d’épines avec crachats et coups (Mc 15, 16-20 ; Mt 27, 27-31 ; Jn 19, 2-3). La flagellation a lieu entre les deux et sur ordre de Pilate, probablement à l’intérieur du prétoire si l’on suit Jean 19,4 : « Pilate sortit dehors et leur dit : Voyez, je vous l’amène dehors… »

« Le condamné était attaché à une colonne ou à tout autre point situé en hauteur, les mains au-dessus de la tête ; on ne trouvait donc pas, en principe, de traces de fouet sur les bras et les avant-bras. Les Romains employaient des lanières de cuir et des chaînes, parfois munies de pointes de fer ou de petites boules de plomb, de morceaux d’os ou de nœuds. Le nombre de coups de fouet, s’il était limité chez les Juifs à quarante coups moins un, ne connaissait pas de limite pour les Romains, hormis le fait que le condamné devait encore être capable de porter sa croix jusqu’au lieu du supplice. Les Évangiles rapportent que Jésus ne parvenait plus à porter sa croix et qu’il a fallu faire appel à l’aide d’un passant ; cela peut correspondre à une flagellation particulièrement sévère et, d’ailleurs, ceux qui ont étudié les traces de la flagellation sur le Suaire de Turin ont relevé la marque de plus de cent coups, ce qui, à raison de deux lanières par fouet, indique au moins cinquante coups de fouet. » (http://gira.cadouarn.pagesperso-orange.fr)

La représentation de la flagellation est rare pendant l’antiquité chrétienne, puis le Haut Moyen Âge. Sa représentation prend un certain essor avec les enluminures et les petites tablettes d’ivoire, et surtout avec l’apparition des Franciscains au XIIIe s. et leur dévotion à la Passion. Au XVIe s., le Concile de Trente décrète que les images religieuses doivent affermir la foi et éduquer les fidèles. Les artistes doivent représenter en priorité les thèmes du culte des saints et de la Vierge et les scènes montrant la Passion du Christ. C’est dans cet esprit qu’est conçu le plafond de la nef.

Abbé Marcel Villers