1. De Jérusalem à l’Ardenne : la longue marche de l’Évangile

« La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus-Christ la joie naît et renaît toujours. »[1]  Tout a commencé, il y a 20 siècles, un soir de Pâques, à Jérusalem. « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21).

Et ils sont partis sur les routes du monde jusqu’à arriver chez nous, sur notre terre d’Ardenne, trois siècles plus tard. La Belgique actuelle est évangélisée à partir de la Germanie où, dès avant Jésus-Christ, la présence romaine est importante, notamment le long du Rhin. Une présence chrétienne est attestée à Trèves dès la fin du premier siècle et un évêché y est créé dans le dernier tiers du IIIe siècle. À Cologne, un évêque, saint Materne, est mentionné vers 313 et on lui attribue la fondation de nombreuses églises en Belgique actuelle, le long de la Meuse, de la Sambre et dans le sud de l’Ardenne. Materne n’a pas été évêque de Tongres, mais son pouvoir s’étendait à toute la Germanie seconde[2]. Peu après sa mort, Tongres a son premier évêque titulaire historiquement attesté, saint Servais, originaire de Syrie, qui vécut vers 350.

Nombreux et de diverses origines sont donc ces apôtres qui sont venus jusqu’à nous annoncer l’Évangile. Mais une fois n’a pas suffi. Il a fallu s’y reprendre à de nombreuses reprises. Au long des siècles, l’annonce a été répétée, les communautés chrétiennes refondées et leur organisation rénovée. A chaque fois, ce fut une nouvelle évangélisation.  Chaque évangélisation est, en effet, liée à la confrontation entre l’Évangile, la foi chrétienne et une nouvelle culture. Cela se traduit par un nouveau discours, un nouveau style de vie, une nouvelle expression dans l’architecture et l’art des églises, une nouvelle organisation de l’Église en termes institutionnels. À chaque fois, c’est une nouvelle compréhension, un approfondissement de la foi et de la vie chrétiennes.

Telle est la trame de l’histoire de l’Église qui, au long des siècles, a adapté et renouvelé message et institutions pour mieux rencontrer société et culture. Elle se conforme ainsi à la parole de Jésus qui recommande au « maître de maison de tirer de son trésor du neuf et de l’ancien » (Mt 13,52). L’histoire de la paroisse de Theux, où dès le VIIe siècle un lieu de culte chrétien est construit, n’échappe pas à la règle.


[1] Pape François, Evangelii Gaudium, Rome, 2013, n°1.

[2] Cette province avait comme capitale Cologne et couvrait la vallée de la Meuse et l’ouest du Rhin ; elle comprenait ce que sont aujourd’hui le sud des Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, une partie du nord-est de la France et le nord-ouest de l’Allemagne.