Clés pour lire l’évangile de Marc
Dans cette série hebdomadaire, nous voulons ouvrir le texte de l’évangile du dimanche qui suit, pour mieux l’apprécier. Aujourd’hui : Mc 13,33-37 pour le 1er dimanche de l’Avent.
Veillez !
Il peut arriver à l’improviste et vous trouvez endormis. (Mc 13,37)
Le Seigneur vient. Il vient bientôt. Il vient demain. Après-demain. Nous l’attendons. De nos jours, le temps n’est plus ce qu’il était. L’urgence s’infiltre partout comme si le monde entier faisait la course avec lui-même. Le temps s’est accéléré. Téléphone mobile, courriel, etc. Tous ces instruments permettent de gagner du temps. Ou plutôt de supprimer le temps. Car, qui a encore le temps ? le temps d’attendre ? Le temps de patienter ? N’est-ce pas perdre son temps que d’attendre ?
L’attente peut être de deux natures. Elle peut être source d’angoisse : que va-t-il nous arriver, nous tomber dessus ? Mais attendre peut aussi se vivre dans la confiance, celle de ceux qui savent que rien de durable ne se fait sans le temps, la longue patience des gestations : ne faut-il pas neuf mois pour faire un humain ? Quel est donc le juste rapport au temps du chrétien ? « Veillez ! » L’attente creuse le désir. Voilà pourquoi les êtres humains sont sensibles au temps. Voilà comment on attend la visite du Seigneur, et Noël.
Les quatre temps
« Quand vient le maître ? Le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ? » (13,35). Ces quatre moments signalés par Marc sont ceux qui scandent le récit de la Passion de Jésus, ce temps douloureux où le maître paraît absent (13,34) et les disciples abandonnés.
« Au soir », c’est la trahison de Judas dans le jardin de Gethsémani (14, 43) ; « à minuit », les outrages subis par Jésus lors de l’interrogatoire au Sanhédrin (14, 65) ; « au chant du coq », Pierre renie son maître (14, 72) ; « au matin », Jésus est seul face à la mort (15,1). Sans cesse, le Seigneur vient et comme pendant la Passion, il peut nous trouver assaillis par le doute, la torpeur, la lâcheté, l’indifférence. Nous le croyons absent alors que c’est nous qui le sommes.
Abbé Marcel Villers