Homélie pour la messe du jour de Noël 2025 à Theux
inspirée par l’homélie du pape François à Bethléem 25/05/2014
Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous.
Pour le croire, un signe nous est donné par les anges dans la nuit : Vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire.
La première image de lui-même que Dieu a voulu donner aux hommes, c’est celle d’un bébé dans une mangeoire.
« Oui, les enfants sont un signe. Signe d’espérance, signe de vie, mais aussi, comme disait le pape François, signe « diagnostic » pour comprendre l’état de santé de notre société. Quand les enfants sont accueillis, aimés, défendus, protégés, le monde est plus humain. »
En ce temps de Noël, les Anges nous répètent : Voici le signe qui vous est donné, cherchez l’enfant…
L’enfant, les enfants, qu’en avons-nous fait, qu’en faisons-nous ?
Nous pensons tous que l’enfant est devenu roi dans notre société.
Roi à l’école, où il est au centre de toutes les attentions.
Roi dans la rue, où les marques rivalisent de combines séductrices pour l’inciter à acheter, consommer, réclamer, exiger.
Roi surtout dans la famille, Petit Prince d’un couple parental qui l’a longuement attendu, ardemment espéré, pieusement rêvé et qui veut son bonheur à tout prix.
Enfant-roi ou tyran ? Enfant choyé ou gâté ?
Avec Noël, c’est bien l’enfant que nous mettons au centre, celui de la crèche, celui des cadeaux.
L’enfant, les enfants, qu’en avons-nous fait, qu’en faisons-nous ?
Le sort de l’enfant dans notre société est un signe.
« Un signe « diagnostic », disait le pape François, pour comprendre l’état de santé d’une société. Quand les enfants sont accueillis, aimés, défendus, protégés, la société est meilleure, le monde est plus humain. »
Que penser alors de cette chute de la natalité dans la plupart des pays européens ? Les jeunes ménages hésitent à avoir des enfants. « Un enfant coûte cher, dérange les habitudes, bouleverse les plans de carrière, bref introduit du désordre dans un monde obsédé par l’optimisation et le bien-être. Mais c’est précisément ce désordre qui sauve ! L’enfant nous arrache à notre égocentrisme pour nous faire pénétrer l’amour absolu. » (LLB)
Devenir parent, c’est faire un saut dans le vide comme saint Joseph. Car l’avenir est incertain et même sombre pour beaucoup de jeunes.
L’enfant est signe de vie et d’espérance. L’enfant est l’avenir de l’homme comme le titre un livre récent*.
Dans notre monde qui a développé les technologies les plus sophistiquées, il y a encore de nombreux enfants qui sont abandonnés, rejetés. De nombreux enfants sont exploités, maltraités, réfugiés, parfois noyés dans les mers, spécialement dans les eaux de la Méditerranée ou tués sous les bombes à Gaza et en Ukraine. De tout cela, nous avons honte aujourd’hui devant Dieu, ce Dieu qui s’est fait Enfant.
« Voici le signe qui nous est donné : vous trouverez un enfant… Peut-être cet enfant pleure-t-il ! Il pleure parce qu’il a faim, parce qu’il a froid, parce qu’il veut rester dans les bras. Aujourd’hui également, les enfants pleurent, ils pleurent beaucoup, et leurs pleurs nous interpellent. »
Ce soir, ces jours-ci, prenons le temps de contempler la crèche en nous demandant : qui sommes-nous devant l’Enfant Jésus ? Qui sommes-nous devant les enfants d’aujourd’hui ?

« Sommes-nous, comme Marie et Joseph, qui accueillent Jésus et en prennent soin avec amour ? Ou bien sommes-nous comme Hérode, qui veut l’éliminer ? Sommes-nous comme les bergers, qui vont en hâte l’adorer ? »
Voici le signe qui nous est donné : un enfant. Puisse-t-il nous guider tout au long de l’année nouvelle !
Et surtout, souvenez-vous : Il n’y avait pas de place pour lui dans la salle commune. En trouvera-t-il une dans notre cœur, notre vie ?
Abbé Marcel Villers
*Aziliz Le Corre, L’Enfant est l’avenir de l’homme, Albin Michel, 2024