Chandeleur
Fête de la Présentation de Jésus au Temple (Lc 2,21-40)
Theux 2 février 2014
Les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur.
L’événement, raconté par Luc, est facile à visualiser. Et les peintres comme les icônes se sont plu à représenter la scène. C’est le cas dans notre église où au-dessus de moi, sur un des panneaux du plafond, datant du 17ème siècle, figure l’événement. Un événement bien situé, dans l’espace et le temps : nous sommes 40 jours après la naissance de Jésus et sur l’esplanade du Temple.
Marie, comme toute mère juive après une naissance, se soumet au rite de la purification. Et, avec Joseph, elle présente à Dieu le sacrifice de rachat et d’offrande de son premier-né. Tout enfant est un don de Dieu et c’est à Dieu qu’il appartient d’abord. Cela est encore plus vrai de Jésus qui nous est aujourd’hui présenté.
Car le connaissons-nous vraiment ? Qui est cet enfant qui entre pour la première fois dans le Temple, la maison de Dieu ?
C’est la visée de ce récit car, par un renversement dont les évangiles ont le secret, la présentation de Jésus par ses parents devient la présentation de Jésus à ses parents et aussi à nous-mêmes.
C’est le rôle joué par les deux vieillards : Syméon et Anne. Ils vivent dans le Temple, c‘est-à-dire dans le monde de Dieu. Et voilà qui leur donne une clairvoyance dans la foi et l’Esprit Saint. Ils représentent l’Ancien Testament, les prophètes qui, depuis des siècles, attendent, espèrent la venue du Sauveur et surtout d’entendre Dieu leur dire comme à Malachie : J’envoie mon messager. Il viendra dans son Temple Celui que vous cherchez.
Eh ! bien, il est venu le jour de sa venue! Comme le proclame le psaume de ce jour : Portes, levez vos frontons ! Qu’il entre le roi de gloire !
Ainsi, l’Ancien Testament, éclairé par l’Esprit Saint, nous révèle la véritable identité de Jésus. Il est le messager de Dieu, le Messie, le Roi de gloire.
Pour Israël, la gloire de Dieu réside dans le Temple, dans le Saint des Saints, au-dessus de l’Arche d’Alliance. Cette gloire propre à Dieu, elle repose désormais sur un enfant, un tout-petit qui va retourner dans son village de Nazareth, loin de Jérusalem et du Temple. Avec Jésus, Dieu va quitter les ors et la lumière éclatante du Saint des Saints pour la Galilée lointaine. La Gloire de Dieu est désormais voilée dans cet enfant de Nazareth pour ce qu’il est convenu d’appeler la vie cachée de Jésus.
Les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur.
Présenter connote l’idée de révélation. Quand quelqu’un, jusque-là inconnu ou absent, est présenté, alors on fait connaissance, et ce qui était caché ou ignoré est révélé, mis en lumière, manifesté. C’est le cas de Jésus.
Qui sait le destin de cet enfant et la mission que Dieu lui a confiée ? Au-delà des apparences, il faut lever le voile : que sera cet enfant, qu’est-ce qui l’attend ? Mais qui peut le dire sinon Dieu lui-même s’exprimant par la voix de son messager ?
Poussé par l’Esprit-Saint, Syméon voit, avec les yeux du cœur, et donc dans la foi, que ce petit enfant est le salut attendu, préparé à la face de tous les peuples. Dans ce nouveau-né qu’il tient dans ses bras, il reconnaît la lumière venue pour éclairer les nations.
Voilà qui explique l’insistance de la liturgie de ce jour sur la lumière ! En hiver, la lumière se fait rare, le soleil avare et les nuits sans fin. Il fait nuit sur la terre et les cœurs sont souvent noirs comme le ciel. Quand on ne voit plus le soleil et qu’on manque de lumière, pourquoi déprime-t-on ? Ceux qui vivent dans la nuit, nuit du cœur, nuit de l’âme, mais aussi ténèbres extérieures, n’ont plus aucune vision, aucune perspective. L’avenir paraît bouché. L’existence, un fardeau. Pourquoi marcher ? Pourquoi vivre ?
À ces hommes, ces femmes, ces enfants qui connaissent la nuit, le Christ apparaît comme la lumière pour orienter leurs pas, les conduire hors des ténèbres.
Ce jour de la présentation de Jésus au Temple annonce, au-delà des ténèbres du Golgotha, le triomphe de la lumière. Une lumière qui brillera à la face de tous. Car un jour, le Verbe de Dieu, aujourd’hui encore silencieux, proclamera debout et à pleine voix, en ce même Temple : Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie (Jn 8,14).
À la suite du Christ, au milieu du monde, nous voulons briller, selon la parole de Paul, comme des foyers de lumière. C’est bien pourquoi, comme Marie et Joseph, portant Jésus, lumière du monde, signifié par ce luminaire que vous portez, je vous invite, si vous le souhaitez, à accepter d’être foyers de lumière autour de vous. Alors, venez déposer votre lumière au pied de l’autel, manifestant ainsi l’offrande de votre vie au Seigneur Jésus, lumière du monde.
Abbé Marcel Villers
P.S. Faute de pouvoir vous montrer le tableau dont parle l’abbé Villers, présent au plafond de l’église de Theux, la représentation en tête d’article vient d’internet, mais je n’ai pas identifié son auteur (note du maître de la toile).
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