HOMÉLIE : PREMIER DIMANCHE DU CARÊME 2024 THEUX

SAUVEGARDER LA MAISON COMMUNE
Premier dimanche du carême 2024
Le principe de Noé

Comme chaque année, le temps du carême nous invite à revenir à l’essentiel. C’est à un nouveau commencement que nous invite l’Église car le carême est un exercice de mort et de résurrection avec le Christ. Cet exercice a une dimension individuelle mais aussi commune. Nous savons que la dégradation de notre relation à autrui a un impact sur notre relation à Dieu. Il en est de même pour nos rapports avec la création, notre environnement. Aujourd’hui l’écologie, le respect de la nature, est un enjeu spirituel et touche notre relation à Dieu.

Le carême nous invite à pratiquer le jeûne, la prière et l’aumône. Jeûner, c’est renoncer au tout “dévorer” des biens de la création pour assouvir notre cupidité. Prier, c’est briser l’autosuffisance de notre moi, qui se prend pour maître du monde, et reconnaître notre précarité, notre besoin du Seigneur. Pratiquer l’aumône, c’est se libérer de la sottise de vivre en accumulant toute chose pour soi.

Le « carême » du Fils de Dieu a consisté à entrer dans le désert de la création pour qu’il redevienne le jardin de la communion avec Dieu. Il vivait parmi les bêtes sauvages et les anges le servaient. Jésus rétablissait ainsi la communion de toutes les créatures avec Dieu et entre elles. Alors, Il n’y aura plus de déluge pour ravager la terre. Promesse de Dieu !

Notre Carême propose de parcourir le même chemin. Notre terre, notre maison commune, est appelée à passer du désert qu’elle risque de devenir, en raison du déluge climatique, au jardin symbolisé par l’arc-en-ciel. Voici, dit Dieu, que moi, j’établis mon alliance avec vous, avec votre descendance après vous, et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous : les oiseaux, le bétail, toutes les bêtes de la terre. Cette alliance entre Dieu et tous les êtres vivants manifeste le sens même de la création : une communion entre l’homme et la terre, entre l’homme et tous les animaux, entre toutes les créatures, animées ou non, et Dieu.

Toutes les créatures sont liées entre elle. Si l’on touche à l’une, cela se répercute sur toutes les autres. Ainsi le plastique, issu de notre industrie, pollue les océans et absorbé par les poissons finit dans nos assiettes et surtout notre organisme. « Le désastre écologique en cours met en évidence à quel point nous sommes intimement reliés aux autres êtres vivants, à l’eau, l’énergie et les minéraux » (Gaël Giraud, Composer un monde en commun, 2022).

Avec Noé, un nouveau commencement émerge du déluge. La mission de Noé est de charger sur l’arche les richesses de la création pour les transmettre à ses descendants. Depuis deux siècles, l’humanité a tout mis en œuvre pour se rendre maître du monde. Devant les excès et les ravages causés par le progrès indéfini, la croissance sans limite, l’homme aujourd’hui rejette le mythe de Prométhée et se tourne vers un autre modèle, celui de Noé. Il ne s’agit plus de dominer le monde, mais de le sauver, à l’image de Noé invitant dans son arche les êtres à sauvegarder. « Nous avons, écrit le pape François, à devenir les gardiens de la maison commune, les gardiens de la vie et les gardiens de l’espérance, ainsi nous sauvegarderons le patrimoine que Dieu nous a confié afin que les générations futures puissent en jouir » (Catéchèse, 16-09-20).

Abbé Marcel Villers


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