CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 7. SUIVRE L’ÉTOILE

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Matthieu. Cette semaine : Mt 2, 1-12 de la fête de l’Épiphanie.

Une étoile s’est levée
Nous avons vu son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui (Mt 2,2)

Hérode convoque tous les savants pour savoir « où devait naître le Christ » (2, 4). Dans les Écritures, on lit : « Bethléem, de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël » (2, 6). Devant l’enfant Jésus, « ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe » (2, 11). Ces offrandes témoignent de la véritable identité de l’enfant de Bethléem. Il est Dieu à qui on offre l’encens de la prière. Il est Roi à qui on offre l’or précieux. Il est un homme destiné à mourir, à qui on offre la myrrhe de l’embaumement. Le portrait de Jésus et sa mission se précisent ainsi grâce aux Écritures juives et aux offrandes des Mages, représentant les peuples païens.
L’itinéraire suivi par les Mages est celui de tout chrétien. Il va de l’étoile à l’Écriture pour aboutir à la vivante et humaine présence de l’enfant en qui Dieu rencontre la quête des hommes.

Les mages venus d’Orient
« Les mages, mi-savants, mi magiciens, pratiquent la divination, la médecine, l’astrologie et interprètent les songes. La Bible ne les aime pas et il ne peut s’agir que de païens, la magie étant bannie d’Israël. Ces mages viennent d’Orient, car les mages orientaux sont les plus réputés, surtout les Chaldéens de Babylone. Matthieu ne précise pas leur nationalité. Les dons qu’ils apportent font songer à l’Arabie. Ils peuvent aussi bien venir de Perse comme ces mages venus à Rome en 66 honorer l’empereur Néron.
L’Église d’Occident compte trois mages, un par cadeau apporté, et en fait des rois. Cet anoblissement reflète une certaine familiarité avec l’Ancien Testament. En effet, selon le psaume 72, ce sont les souverains des nations qui viennent offrir au Messie les trésors de leur pays. Matthieu ne parle pas de rois : ce sont des païens qui, à partir de leur science et des Écritures viennent au Christ. C’est la première leçon missionnaire de l’évangéliste. » (Claude TASSIN, L’Évangile de Matthieu, 1991)

Abbé Marcel Villers

CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 26. RENDEZ-VOUS

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu. La liturgie nous propose ce dimanche la finale de l’évangile de Matthieu : Mt 28, 16-20.

LE RENDEZ-VOUS
Les Onze s’en allèrent où Jésus leur avait ordonné de se rendre. (Mt 28, 16)

Le rendez-vous a été donné par Jésus ressuscité aux femmes. « Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront » (28,10). Pourquoi la Galilée ? Cette terre frontière, mêlée de populations d’origines diverses, symbolise le monde païen et donc la destination universelle de la bonne nouvelle de la résurrection de Jésus. Voilà la mission des disciples : annoncer au monde la réalité du salut manifesté en Jésus ressuscité.

« Quand ils le virent, certains eurent des doutes » (28,17). Le motif du doute est un élément habituel dans les récits des apparitions, du Christ ressuscité comme d’autres. C’est qu’il s’agit de croire et non de soumission à une évidence. Le Ressuscité ne s’impose pas, il s’offre à notre foi, à notre liberté, à notre décision.

La montagne
« Les onze s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre » (28,13). « On revoit la montagne où le démon montrait à Jésus tous les royaumes de la terre, le mont des Béatitudes où le Maître proclamait la charte du royaume et la montagne de la transfiguration où se manifesta la gloire du Fils de l’homme ; et sur tout cela, l’ombre du Mont Nébo (Dt 34) où Moïse fit ses adieux quand son peuple allait entrer en terre promise. » (Claude TASSIN, L’Évangile de Matthieu, 1991) C’est sur la montagne, enfin, que le Christ ressuscité donne ses consignes pour le temps à venir, jusqu’à la fin du monde.

Abbé Marcel Villers

CLES POUR LIRE MATTHIEU : 56. LE JUGE

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 25, 31-46 de la fête du Christ Roi de l’univers.

Le juge
« Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits… » (Mt 25,40)

« Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu ? » (25,37) C’est l’étonnement, la surprise. Aussi bien chez les élus que les rejetés. Il y a de quoi être scandalisés. Les hommes sont, en effet, jugés par le Christ sur leur ignorance. Pourquoi récompenser les uns alors qu’ils n’ont même pas pensé au Christ en secourant les pauvres ? Pourquoi punir les autres puisqu’ils ne savaient pas que le Christ se cachait parmi les plus petits ? Il n’est pas juste de les sanctionner sur leur ignorance.

Et pourtant, n’est-ce pas ce que fait le Fils de l’homme ? Ce faisant, il anéantit un des piliers de la morale : la rétribution, la récompense des actes. Le plus souvent, c’est l’espoir d’une récompense qui nous motive à agir. Le Christ demande plus : l’acte gratuit, désintéressé. Il s’agit de servir et aimer sans arrière-pensée. « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger… j’étais nu, et vous m’avez habillé… »

Le jugement dernier
« Il viendra juger les vivants et les morts », professons-nous dans le Credo. Un jour, Jésus reviendra. Son retour sera comme une seconde venue parmi les hommes. Un retour glorieux, triomphal et définitif. Ce sera la fin des temps et le jugement dernier. Tous les êtres humains, les vivants comme les morts, seront mis en face de Jésus et de leurs actes, bons et mauvais. Le bien sera dévoilé et le mal démasqué. Dieu nous a créés libres et, au jour du jugement, nous devrons rendre compte de nos actes. Si Jésus est bien le Juge, il est aussi le Sauveur. C’est pourquoi les chrétiens vivent dans l’attente joyeuse du retour du Christ glorieux, car ce jour-là, nous serons jugés sur l’amour.

Abbé Marcel Villers

CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 55. QUE FAIRE DE L’EVANGILE ?

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 25, 14-30 du 33ème dimanche ordinaire.

Que faire de l’Évangile ?
« J’ai eu peur et je suis allé cacher ton talent dans la terre. » (Mt 25,25)

Un homme s’en va et laisse ses biens. Pendant son absence, il confie sa fortune à ses serviteurs. C’est quoi cette fortune que l’homme confie au moment de partir ? Ce ne peut être que l’Évangile, la Bonne Nouvelle. Car quelle fortune avait Jésus, sinon ce trésor caché depuis des siècles et qu’il est venu nous révéler et nous offrir ? C’est bien à nous que le Seigneur a confié tous ses biens avant de nous quitter.

L’Évangile nous a été livré afin que nous en prenions la responsabilité. Car il nous faudra en rendre compte. Qu’avons-nous fait de l’Évangile, de la Bonne Nouvelle ? Deux attitudes sont présentées : celle des deux premiers serviteurs qui s’en vont les faire valoir et en gagnèrent d’autres ; celle du troisième qui enfouit ce qu’il a reçu. Cette deuxième attitude est condamnée. Il y a mille manières d’enterrer l’Évangile, de le cacher au lieu de le répandre, de l’enfouir au lieu de l’annoncer.

Le talent, poids et unité monétaire
« Des métaux – de l’argent, mais aussi de l’or ou du cuivre – servaient de monnaie d’échange. On fit des rondelles de cuivre et des blocs d’argent qu’on pouvait porter dans un sac. On les pesa et l’on se mit d’accord sur des poids standard. Les sicles et les talents étaient des poids et non des pièces de monnaie jusqu’au 7e siècle avant Jésus-Christ. Le marchand pesait l’argent. Mais pour pouvoir contrôler le pesage, l’acheteur portait souvent ses propres poids dans un sac de cuir. Plus tard, on introduisit les monnaies qui étaient nommées d’après le poids de leur contre-valeur. » (Le Monde de la Bible, 1982) A l’époque de Jésus, un talent pesait 42,533 kg d’argent ; ce qui équivaut à 100.000 €.

Abbé Marcel Villers