Office du Vendredi Saint du 18 avril 2025 à Becco

Vous trouverez ici l’homélie de notre diacre Jacques Delcour, qui présidait l’office du Vendredi Saint à Becco, ce 18 avril 2025, ainsi que quelques photos.

Frères et Sœurs dans le Christ,

« Jésus dit : Tout est accompli. Puis inclinant la tête, il remit l’esprit ».

Sont-ils nombreux ceux-là qui restent maintenant auprès de Jésus ? Les Évangiles ne nous donnent pas beaucoup d’informations à ce sujet. Quelques noms seulement. Nous savons que Marie, la mère de Jésus est présente, ainsi que « le disciple qu’il aimait », dont beaucoup s’accordent à dire que c’est de l’apôtre Jean qu’il s’agit, et en lui l’humanité tout entière dont nous sommes.

Bien que Jésus se soit adressé à ces deux personnes pour les confier l’une à l’autre, elles demeurent silencieuses.

Leurs silences ne sont pourtant pas « vides », ils sont lourds de sens et nous invitent non seulement à la réflexion mais aussi à nous interroger quant à notre relation à Dieu.

En fait, Marie n’a plus rien à ajouter à ce qui se trouve déjà dans deux paroles qu’elle a prononcées, que l’Évangile nous rapporte : deux paroles seulement !

La première, c’est lorsque l’ange annonce à Marie qu’elle a été choisie pour devenir la mère de Jésus. À la fin de l’entretien, elle dira : « Je suis la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon sa Parole ».

À cet instant déjà, sans tout savoir et sans tout comprendre, Marie s’engage totalement et définitivement dans la mission qui lui est confiée. Elle portera et enfantera le Fils de Dieu, l’éduquera et l’accompagnera, courageusement, jusqu’à la mort : « Je suis la servante du Seigneur ».

La seconde parole, c’est à Cana. Rappelez-vous, lorsqu’elle constate qu’il n’y a plus de vin ; après s’être adressée à Jésus, elle dit aux serviteurs : « Tout ce qu’il vous demandera, faites-le ».

Quand Jésus s’adresse pour la dernière fois à Marie, c’est pour lui demander d’être la mère de toute l’humanité, de chacune et de chacun d’entre nous.

Alors Marie s’applique à elle-même la recommandation faite aux serviteurs à Cana : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ! ». Et le « Je suis la servante du Seigneur » s’accomplit pleinement pour elle, au-delà de la mort de Jésus.

« Tout ce qu’il vous dira, faites-le ! » ; alors Jean prend Marie pour sa mère. L’acceptation silencieuse du « disciple aimé » fait de lui « le serviteur du Seigneur ». Au-delà de la personnalité de Jean, c’est à ce « disciple que Jésus aimait », c’est-à-dire à chacune et chacun de nous que ce disciple représente, que cette invitation à devenir « servante, serviteur du Seigneur » est personnellement adressée. Y répondrons-nous ?

Frères et Sœurs, profitons de l’opportunité que la liturgie nous offre ce soir pour méditer ces quelques versets : où en suis-je à l’écoute de la Parole de Dieu ? Qu’est-ce que j’en fais concrètement dans ma vie ? …

Dans quelques minutes, au pied de la croix, nous sommes invités à déposer notre vie en Jésus afin de poursuivre notre Chemin avec lui, sereinement, courageusement, malgré les épreuves mais dans la confiance et l’Espérance avec la protection de Marie.

Et comme l’a affirmé l’ange Gabriel : « Rien n’est impossible à Dieu ». Soyons donc des Pèlerins de l’Espérance dont notre monde a tant besoin aujourd’hui.

Jacques Delcour, dp

HOMÉLIE DE CARÊME. CINQUIÈME DIMANCHE. THEUX 2025

Cinquième dimanche de carême. Theux 2025

« Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus au passé. »
La Parole de Dieu nous invite à porter nos regards et notre désir vers l’avenir.
« Voici que je fais un monde nouveau, nous dit le Seigneur. Ne le voyez-vous pas ? »
Oui, Pâques pointe déjà à l’horizon. Le carême touche à sa fin et, avec lui, notre travail de mort au vieil homme. Nous nous préparons à fêter avec la résurrection du Christ notre renaissance.

Constamment l’être humain est tiré vers son passé, mais inlassablement Dieu nous tire en avant vers ce monde neuf qu’inaugure la résurrection du Seigneur Jésus. Il est notre espérance, notre avenir.
« Ne vous souvenez plus d’autrefois », nous recommande Esaïe.
« Debout les êtres couchés sans espérance, regardez devant vous, la vie vient au devant de vous. » Ainsi parle le Seigneur.
Oui, « j’oublie ce qui est en arrière, dit St Paul, je suis tendu vers ce qui vient. »

La foi est une attente active, une marche en avant. Le Dieu de la Bible n’est pas le Dieu du passé, celui de notre enfance ou de nos habitudes. Et Jésus est un homme d’espérance, tourné vers ce qui vient. Il est de la race de ceux qui engendrent l’avenir. « Voici que je fais un monde nouveau, il germe déjà, ne le voyez vous pas ? » ( Isaïe 43,20)

La nostalgie n’est pas bonne conseillère. Nous sommes souvent paralysés par le passé et les traditions. Le Seigneur vient de l’avenir et fait germer sous nos yeux le monde inouï de l’amour et du pardon, source de notre espérance. Ainsi Jésus ne regarde pas la femme jetée à ses pieds (Poussin, détail, 1653)  avec les yeux d’un juge, fort de la Loi et des traditions du passé. Il ne regarde pas ce qu’elle a fait, mais ce qu’elle peut encore faire, ce qu’elle peut encore être. Elle était prise au piège de la mort. Le Christ brise le cercle de ses adversaires et ouvre devant elle le chemin d’une vie nouvelle : « Va et ne pèche plus. » Va de l’avant. Le pardon libère, remet debout et en route. Le pardon ouvre l’avenir. Il est le premier agent de l’espérance.

L’espérance, quelle que soit son lieu, son temps, sa forme, est résurrection ! Il y a Jésus-Christ et sa puissance de résurrection, non seulement celle du matin de Pâques, mais aussi cette puissance qui relève tous ceux-là qui croisent sa route, tous ceux-là dont la vie est arrêtée et comme destinée au néant. Cette femme condamnée à mort mais relevée et renvoyée à une vie nouvelle ; ce paralysé voué à l’immobilisme et remis debout. Tous ceux-là et beaucoup, beaucoup d’autres étaient bouclés dans un passé sans avenir et pour eux, tous, s’ouvre une brèche, comme un chemin dans la mer.

Pour nous, pas de doute, l’espérance a un nom : celui du Christ, alias Jésus, ce qui signifie Dieu sauve !
Christ est notre espérance et notre avenir.
Tout a un avenir ! Toujours !
Comme cette fleur naît entre les mains de l’homme au Pérou.

Abbé Marcel Villers

HOMÉLIE DU CARÊME. QUATRIÈME DIMANCHE. THEUX 2025

4°dimanche de carême. Lc 15,1-32. 

Laissez-vous réconcilier par Dieu. Cette invitation de saint Paul est la réponse des chrétiens à la question de la fraternité. Fraternité entre les humains. Fraternité entre les peuples. La réconciliation est la porte d’entrée dans la fraternité.
Cette fraternité, nous voulons la manifester, particulièrement en ce temps de carême, à l’égard de nos frères et sœurs du Pérou qui luttent pour une terre plus juste et plus solidaire. Notre don, notre geste de partage sont sources d’espérance pour eux comme pour notre terre. C’est le sens du slogan de ce carême : Semons la solidarité. Cultivons l’espérance.
Cette espérance est fondée sur l’amour, celui que manifeste Dieu à l’égard des humains, celui que Dieu manifeste à ses fils pécheurs.

Il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.
Dieu est miséricorde, il a un cœur qui prend pitié, il nous attend avec patience et lorsque nous faisons retour, il se jette à notre cou et nous couvre de baisers. Dieu cherche toujours à nous rejoindre, là où nous sommes, pour nous prendre sur ses épaules.
L’homme en jaune, c’est nous, chacun de nous, fatigué, blessé, découragé, et qui ne peut plus marcher, avancer tout seul. Comme la brebis égarée, comme le fils prodigue, il vient à notre secours pour nous porter, nous prendre sur ses épaules. Le Dieu de Jésus, c’est celui qui laisse là le troupeau des 99 brebis pour aller chercher la seule, l’unique qui s’est perdue. Le Dieu de Jésus, c’est celui qui se jette au cou de son fils cadet revenant de ses égarements. Et ce fils, qui a dilapidé tout ce que son père lui avait donné, retrouve tous ses privilèges de fils de la maison et partage à nouveau la table familiale avec son père.

Ayant retrouvé son enfant perdu, le père invite le fils aîné à festoyer et se réjouir, car ton frère était perdu et il est retrouvé. Le fils aîné ne peut l’accepter. Il se désolidarise de son frère qu’il désigne à son père comme ton fils que voilà, refusant de ce fait qu’il soit son frère.
Pourquoi refuse-t-il cette fraternité ?
Si tous les hommes sont frères depuis Abel et Caïn, ils sont vite devenus des frères ennemis. Et ce, par jalousie.
C’est par jalousie que Caïn va jusqu’au meurtre de son frère. La jalousie dresse les individus, les peuples, les uns contre les autres.
A la jalousie, Dieu oppose la solidarité, la fraternité.
Le pécheur a beau l’oublier et le juste s’en scandaliser, la fraternité est ineffaçable. Différents et même séparés, nous restons néanmoins les fils du même père. Car c’est lui la source de la fraternité.
Seul un être transcendant, reconnu par tous comme leur origine et leur fin, peut garantir la fraternité entre les humains. On ne peut être frères que si l’on accepte d’être fils.
Fils d’un même Père, frères les uns des autres, solidaires dans le bonheur comme dans la peine, luttons pour une fraternité universelle, seule source d’espérance d’un avenir pour l’humanité et d’une terre qui tourne juste.

Abbé Marcel Villers

HOMÉLIE. CARÊME THEUX 2025. TROISIÈME DIMANCHE

3°dimanche de carême. Lc 13,1-9. Theux 2025

Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous.
Cet appel de Jésus résonne au mieux pendant le carême qui est justement le temps de la conversion. Au premier jour, en recevant les Cendres, il nous a été dit : Convertissez-vous. Car tu es poussière et tu retourneras en poussière.
Voilà qui pousse à nous interroger : quel est le sens de ma vie ? Qu’est-ce que j’en fais ? Il n’est jamais trop tard pour répondre, changer de vie, donner du fruit.
C’est à l’espérance que nous sommes invités. Dieu a confiance en nous, espère en nous plus que nous-mêmes. Nous sommes capables du meilleur.

Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous.
Comme ce figuier qui ne porte pas de fruits doit être coupé.
Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas.
Ce figuier sans fruit, c’est de notre vie qu’il s’agit.

Chacun de nous connait ces moments où on s’interroge sur le sens de sa vie et où on fait le bilan. Quand survient un accident, une maladie, l’angoisse et l’interrogation fondamentale resurgissent. N’est-ce pas d’abord cela qui nous émeut et nous bouleverse à la vue d’un accident, d’une catastrophe comme celles évoquées par Jésus ?
Une alerte de santé, un problème au travail, un accident, un échec matrimonial peuvent être comme une secousse qui nous fait éprouver notre fragilité et le prix de la vie. Et on s’interroge. Ma vie, qu’est-ce que j’en ai fait ? Qu’est-ce que j’ai fait de toutes ces années ? Qu’est-ce qui restera de moi et de mon action ? Quels en sont les fruits ?

Cet examen peut conduire à la déception, au « je ne suis bon à rien ».
Voilà trois ans que je viens chercher du fruit, et je n’en trouve pas.
Dans cette situation, deux issues se présentent : résignation ou espérance.

La résignation. Coupe-le. A quoi bon le laisser épuiser le sol ?
Bref, il n’y a rien à faire. Il n’y a rien à espérer de cet homme ou de cette femme.
« Il n’y a plus rien à faire ». Combien de fois avons-nous entendu ou prononcé nous-mêmes cette parole qui peut n’être qu’un constat ou l’expression d’un découragement, pire d’un désespoir !

Mais il y a une autre issue.
L’espérance. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir.
Bref, il n’est jamais trop tard. Grâce à la patience et grâce aux soins prodigués, le figuier pourra être sauvé. Il y a un avenir, une espérance.
Seigneur, laisse-le encore cette année.
Patience, prendre patience, accepter le temps, espérer. Mais savons-nous encore patienter, attendre ? Notre monde est un monde qui court souvent à grande vitesse, qui exalte le “tout et tout de suite.”

Maître, laisse-le encore cette année, je vais bêcher autour et mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il alors du fruit.
N’est-ce pas tout le sens du carême ? Il n’est jamais trop tard.
Un proverbe malgache nous encourage :
« Le passé appartient aux ancêtres, l’avenir appartient à Dieu, seul le présent t’appartient. »
Rien n’est donc joué. Alors, qu’attendons-nous ?

Abbé Marcel Villers