Célébrer la Sauvegarde de la création
Homélie Theux 1 septembre 2024
Tous, nous aimons contempler un paysage, admirer montagnes, océans, forêts et vertes campagnes. On s’y abreuve comme à une source de bonheur et de bien-être. La nature n’est pas séparée de nous, ni un simple cadre de notre vie ; elle est en nous ; nous sommes immergés en elle dans une communion universelle : « avec tous les êtres de l’univers, nous formons une sorte de famille universelle » (Laudato si’, 89).
L’homme, fils de Dieu et fils d’Adam, a cependant une place à part. Quelle est la place de l’être humain dans l’univers ? Quelle est notre mission au cœur de la création ? « Cultiver et protéger le jardin du monde en sachant que la fin ultime des autres créatures, ce n’est pas nous. Elles avancent toutes, avec nous et par nous, jusqu’au terme commun qui est Dieu » (Laudato si’). L’homme n’est pas le patron ou le maître de l’univers. Il en est le roi et le prêtre.
Le roi car il est chargé, par la technique, « d’arracher les êtres humains aux vieilles pénuries et faire surgir une répartition juste des produits de la terre » (Olivier Clément). Oui, la nature est au service de l’homme.
Mais ce n’est qu’une étape vers sa transfiguration. Car l’être humain, tout autant que roi, est prêtre, homme de l’eucharistie. « Seul l’homme qui fait de l’univers une église dont l’autel est son propre cœur peut rappeler à la technique la sainteté de la terre, la nécessité, à son égard, de l’humilité et du respect » (O. Clément).
Si l’humain oublie sa condition de créature, il se gonfle d’orgueil et se fait démesure. Il use de tout à son seul profit, et les conséquences en sont dramatiques. Inondations, canicules à répétition, incendies gigantesques ne sont pas dus à la nature mais à nous, à chacun de nous, à notre démesure. Ce n’est pas la faute au climat, mais la nôtre.
L’être humain, a fortiori le chrétien, doit retrouver le sens même de sa mission qui est eucharistique. En offrant le pain et le vin, lors de la messe, c’est toute la matière de ce monde qui devient le corps du Christ. La transfiguration de l’univers en communion, en corps du Christ est notre sacerdoce commun. La création, écrit saint Paul, a l’espérance qu’elle aussi sera délivrée de la corruption asservissante. Il ne s’agit plus seulement de protéger la nature, mais de la libérer, libérer toutes les créatures de l’asservissement que lui font subir les humains.
Comme l’écrit le poète : « Toute la terre attend les enfants de la Grâce pour être libre enfin et allégée de sa tristesse » (Patrice de La Tour du Pin).
Abbé Marcel Villers