La chair et l’Esprit
« Tous ceux qui craignent Dieu, qui croient à l’avènement de son Fils,
qui, par la foi, établissent en leurs cœurs l’Esprit de Dieu,
ceux-là méritent d’être appelés des hommes, purs, spirituels, vivant pour Dieu,
car ils ont l’Esprit du Père,
qui purifie l’homme et le soulève à la vie de Dieu.
Car si, au témoignage du Seigneur, la chair est faible,
de même aussi l’Esprit est prompt.
Et il peut rendre parfait tout ce qu’il possède.
Si donc un homme applique, comme un aiguillon,
la promptitude de l’Esprit à la faiblesse de la chair,
il est inévitable que ce qui est fort l’emporte sur ce qui est faible,
que la faiblesse de la chair soit absorbée par la force de l’Esprit,
Cet homme-là ne sera plus charnel
mais spirituel, grâce à la communion de l’Esprit.
C’est ainsi que les martyrs rendent leur témoignage
Et bravent la mort,
Non selon la faiblesse de la chair
Mais selon la promptitude de l’Esprit. »
Irénée de Lyon, Contre les hérésies
IRÉNÉE DE LYON (130-208), originaire d’Asie Mineure, devenu prêtre, se rend en Gaule où les colonies marchandes orientales se multiplient dans la vallée du Rhône, véhiculant avec elles le christianisme. Ainsi se sont développées, au début du IIe siècle, les communautés de Lyon et de Vienne. La persécution de 177 décapite ces jeunes Églises. Irénée est élu évêque de Lyon et Vienne. Il évangélise bourgs et campagnes des pays de Saône. Contre la gnose, un mouvement spirituel élitiste et spéculatif, il développe une vigoureuse théologie qui met l’accent sur l’incarnation.