La chronique du 18 octobre 2020 de notre Curé

Appelés et envoyés dans le monde d’aujourd’hui

Au milieu des informations peu engageantes de cette semaine, une annonce du Palais royal a pu faire l’effet d’une bouffée d’air frais happée sans masque ! Le vendredi 9 octobre, le Roi Philippe et Delphine de Saxe-Cobourg se sont rencontrés pendant plus de trois heures pour faire connaissance et créer du lien… Sans déroger à son rôle de chef d’état, notre Roi s’est montré dans son humanité dès qu’il l’a pu, sans porter atteinte à la séparation des pouvoirs. De même que par sa fonction, il incarne l’unité et y travaille en Belgique, de même, il a posé un pas essentiel en ce sens au niveau de la famille royale. Sa promptitude à réagir montre combien il accorde de la priorité à cette dimension. En plus de l’unité, la simplicité de l’entretien transpire de valeurs comme le respect, la paix,… En résumé, nous pourrions dire sans emphase que notre Roi est un chic type.

 Si le Roi des Belges assume son rôle avec humanité, il ne faut pas gratter beaucoup pour retrouver l’Evangile qui inspire son action et ses propos. Notre temps a besoin de témoins simples et vrais qui contrastent avec les pseudos icônes luisantes de paillettes qui inondent nos médias de leur vacuité ou de leur suffisance. Ce 10 octobre, à Assise, François a béatifié un jeune italien influenceur sur le net, Carlo Aciutis. Avant de disparaître d’une leucémie foudroyante à l’âge de 16 ans, ce jeune ado s’est montré un ami du Christ Jésus, fidèle à se ressourcer par la pratique des sacrements et la prière, notamment le chapelet quotidien. Au dire de sa famille, de ses copains et autres personnes l’ayant connu, sa foi n’en faisait pas un bigot. Il assumait son humanité avec simplicité et authenticité dans le sport, l’étude, la fête… Cependant, sa foi inspira très vite sa passion de communiquer par internet et de témoigner de sa joie. Cette même foi le conduisait à chercher toutes les rencontres possibles : une gardienne d’immeuble, un isolé, une personne âgée,… Il n’hésitait pas à reprendre ses copains qui sifflaient les filles à la piscine. Ainsi, sa charité se montrait active au quotidien dans une vie tout à fait normale. Sa dernière maladie n’a pas atteint son rayonnement ni son espérance selon ceux qui l’ont entouré et soigné. Carlo Aciutis est ainsi un des premiers millenials à accéder à la sainteté reconnue.

« A vous, la grâce et la paix. A tout moment, nous rendons grâce à Dieu au sujet de vous tous, écrit Paul aux Thessaloniciens, en faisant mémoire de vous dans nos prières. Sans cesse, nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tienne bon en notre Seigneur Jésus Christ, en présence de Dieu notre Père » (1Thes 1. 1-5b). La lettre de Paul aux Chrétiens de Thessalonique est le premier écrit du Nouveau Testament. Il est au plus près historiquement de l’événement Jésus. Il est surtout un écho lumineux et inspirant de la vie d’une des premières communautés chrétiennes, une Eglise locale. « Notre annonce de l’Evangile n’a pas été, chez vous, simple parole mais puissance, action de l’Esprit Saint, pleine certitude. » C’est beau, simple et enthousiasmant. Mais n’est-il pas aussi merveilleux de se retrouver des siècles plus tard en présence de vies chrétiennes authentiques. Les saints d’aujourd’hui en sont les phares.

Les saints et saintes d’aujourd’hui, oui mais les communautés, les Eglises locales et localisées ? Le propos de Paul me frappe pour le nous inclusifs : il s’adresse à tous les chrétiens de Thessalonique. Est-ce une figure de style ? Est-ce dû à la grâce des commencements et une certaine idéalisation ? Je ne pense pas : Paul est trop concret et direct. Ailleurs, il ne se prive pas d’entrer dans les détails et les nominations de personnes. Aussi, nous pouvons percevoir que comme apôtre, il est heureux de ce qui transpire de bon de la communauté de la ville grecque. Peut-être connaissons-nous aujourd’hui des communautés rayonnantes. Mais ne sont-elles pas plus souvent des communautés religieuses anciennes ou nouvelles ? Et nos paroisses ? De l’intérieur, je peux témoigner de la présence de ces noyaux de chrétiens dit engagés. Comme il est beau de voir des personnes vivre leur cohérence de foi par le service d’Eglise et/ou de la société. Parfois depuis de longues années et encore avec un âge qui avance. Souvent, que dis-je toujours, en donnant une priorité au service qui est remarquable. Il y a aussi, parmi nous, celles et ceux qui assument de front charge de famille, travail et responsabilité de services divers. Tout cela au nom de l’Evangile. A regarder de plus près encore, je dirai que la vie spirituelle de chacun est de plus en plus discernable. C’est peut-être une chance si pas une grâce que la diminution de moyens allège du poids de grands débats d’idées, de projets énergivores, de réunions à n’en plus finir. Ainsi apparaît mieux la lumière de la charité, de l’espérance et de la foi que chacun porte… dans des lampes d’argile ! Ainsi un noyau de disciples anime la vie de notre Unité paroissiale et de nos communautés locales. Combien de fois comme pasteur je me sens porté, soutenu et entraîné à son contact.

Je viens de parler de l’intérieur mais est-ce que cette grâce évangélique transpire de proche en proche ? Il serait légitime de se demander si la communauté pratiquante n’absorbe pas trop d’énergie ? Un chiffre : l’année dernière 126 bénévoles étaient engagés dans les arcanes et rouages de notre Unité pastorale pour une communauté habituelle de 150 fidèles. Autant dire que les uns se confondent pratiquement avec les autres… au risque qu’à terme, à plus ou moins brève échéance, ce soit le cadre qui soit trop énergivore et non le service de la communauté elle-même. Par ailleurs, je ne doute pas que la liturgie, la fraternité bienveillante, les ressourcements divers nourrissent bien la grâce d’état ou la vie quotidienne de la plupart d’entre nous. Ce qu’on appelle la catéchèse ressemble de plus en plus pour moi à un terrain missionnaire et ici encore il faut saluer tout ce qui est donné et accompli. Certes, peu de fruits sont à récolter dans l’immédiat. Toutefois, je veux dire que le « aimez-vous les uns les autres » correspond à un généreux « voyez comme ils sèment !». Cette paraphrase m’est inspirée par les nombreux échos positifs venant de  bénéficiaires de la catéchèse.

Cependant, nous sommes appelés et envoyés dans le monde d’aujourd’hui. Dans notre Fenêtre de Theux, nous sommes encore privilégiés par la richesse de la tradition, de la vie culturelle et sociale. N’empêche, le rythme et les habitudes changent. Ce que les sociologues appellent la société liquide et les théologiens, l’Église liquide est bien là… C’est dans un contexte très mouvant que nous avons à incarner l’Evangile. L’allusion au liquide met à penser à la physique et à la chimie. C’est dans l’aujourd’hui que nous avons à produire des couleurs ou des précipités d’Evangile.

Une vie fraternelle authentiquement fondée en Christ et dans l’Evangile est un repère et une espérance à offrir à ceux qui nous côtoient ! « Dans ce monde qui avance sans un cap commun se respire une atmosphère où la distance entre l’obsession envers notre propre bien-être et le bonheur partagé de l’humanité ne cesse de se creuser et nous conduit à considérer qu’un véritable schisme est désormais en cours entre l’individu et la communauté humaine. » François in Fratelli Tutti.

Ne nous leurrons pas nous-même. L’Église que nous sommes est traversée par les crises, les tensions de ce monde. Il n’y a pas les autres et nous. Nous sommes tous dans la même barque. Si les nouveaux besoins peuvent liquéfier notre rapport au temps et à l’espace, l’individualisme ambiant nous travaille aussi. Cependant, cela a été relevé plus haut. L’attachement au Christ est bien présent chez nous et ainsi nous sommes plus que la somme de nos petites personnes, nous sommes une communion de disciples. Par la grâce de Dieu, nous sommes un signe visible et perceptible. Que la nouveauté de la joie de l’Evangile continue à nous faire demeurer fermes dans la foi, l’espérance et la charité. Il fut un temps de chrétienté où il fallait des personnes exemplaires, un peu extraordinaires. L’aujourd’hui nous appelle à être extraordinaires par un vécu évangélique, humble, fraternel et communautaire. Ainsi, nous rendrons, selon Matthieu 22, 15-21, « à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ! »

Jean-Marc,

votre curé

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