CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 54. LA LAMPE

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 25, 1-13 du 32ème dimanche ordinaire.

Garde ta lampe allumée
« Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre. » (Mt 25,6)

Soudain, il est là. Et sa venue provoque la crise, c’est-à-dire, le tri entre les prévoyantes et les insensées, le jugement qui sépare les sages et les fous. Tous attendent l’irruption du Seigneur, mais tous ne le désirent pas, ne le cherchent pas avec ardeur. Nous proclamons à chaque messe : « Nous attendons ta venue dans la gloire. » Mais avec quelle intensité, quel désir ?

« La Sagesse, en effet, ne se laisse trouver que par ceux qui la cherchent. Elle devance leurs désirs en se montrant à eux la première » (Sg 6). Autrement dit, le Seigneur vient à notre rencontre, il fait irruption dans nos vies à mesure de notre désir.

 « Au milieu de la nuit, un cri : ‘Voici l’époux » (25,6). Devant cette voix, ou bien nous prenons la chose au sérieux et nous croyons que le Seigneur est à notre porte ; ou bien nous refusons qu’il vienne déranger notre vie et nous poursuivons le petit jeu de nos affaires. L’enjeu est capital et nous indique le chemin d’une spiritualité du quotidien, où il s’agit de cultiver, chaque jour, la flamme du désir qui ouvre notre cœur à Celui qui vient à nous.

La lampe
« Étant donné que l’intérieur des maisons était toujours sombre, la lampe était indispensable à la vie du foyer. Ce n’était qu’une coupe en poterie avec un bec d’un côté. On y plaçait la mèche, après quoi on versait de l’huile dans la coupe. Toutes les deux ou trois heures, il fallait la remplir à nouveau. A l’époque de Jésus, les potiers avaient appris à couler des lampes dans un moule. Elles étaient complètement couvertes avec une petite ouverture où l’on versait l’huile d’olive et une autre pour y placer la mèche. Ces lampes étaient plus sûres et brûlaient plus longtemps. Les mèches étaient confectionnées avec des fibres de lin ou des chiffons. Les lampes étaient assez petites pour pouvoir être tenues à la main et se déplacer avec. » (Le Monde de la Bible, 1982)

Abbé Marcel Villers

CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 53. L’ AUTORITÉ

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 23, 1-12 du 31ème dimanche ordinaire.

Un seul Maître
« Le plus grand parmi vous » (Mt 23,12)

C’est une espèce de traité de l’autorité que l’évangile de Mt nous fournit. Jésus y met en lumière quatre pièges dans lesquels les autorités peuvent tomber. Quand on parle d’autorité, nous pensons aux parents, aux enseignants, aux hommes politiques, et évidemment aux responsables religieux : curé, évêque, pape.

Premier piège : la distorsion, l’incohérence entre le dire et le faire.« Pratiquez et observez tout ce qu’ils peuvent vous dire. Mais n’agissez pas d’après leurs actes. Car ils disent et ne font pas. »

Deuxième piège : pratiquer l’autorité comme une domination. « Ils lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. »

Troisième piège : vouloir paraître. « Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes : ils portent sur eux des phylactères très larges, des franges très longues. »

Quatrième piège : se croire important, avoir le goût des honneurs. « Ils aiment les places d’honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues, les salutations sur les places publiques, ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. »

Ce que Jésus dénonce, c’est la perversion de l’autorité lorsqu’elle est utilisée au profit de son titulaire : imposer des fardeaux aux autres, aimer se faire remarquer, rechercher les premières places, prendre plaisir à se faire appeler « maître » ou « père ». Autrement dit, la volonté de se mettre au-dessus des autres en leur faisant sentir une supériorité.
Jésus propose une autre voie, pour la vie en commun et l’exercice de toute autorité : fraternité et service. « Ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, ne vous faites pas appeler Père, ne vous faites pas appeler maîtres… »
La raison de ces interdits, Jésus nous la donne et elle résume vraiment l’essentiel de sa vision de la vie en commun, en Église comme en société. « Vous êtes tous frères…vous n’avez qu’un seul maître, le Christ… qu’un seul Père, celui du ciel… »
Le jour où le Christ a dit : « Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis », il était agenouillé devant ses compagnons, pour leur laver les pieds. Voilà où s’enracine l’autorité pour les chrétiens.

Abbé Marcel Villers

CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 52. LES GENS HEUREUX

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 5, 1-12 de la fête de Toussaint.

Les gens heureux
« Le Royaume des Cieux est à eux. » (Mt 5, 10)

C’est le monde à l’envers que nous présentent ces béatitudes. Un monde inversé où le bonheur n’est pas promis aux riches, aux battants, ni aux puissants. Un monde à contre-courant où le bonheur est annoncé aux pauvres, aux doux, aux affligés, aux cœurs purs et miséricordieux, aux artisans de paix et aux victimes de la haine et de la violence.
Mais qui se trouve ainsi désigné ? Qui est pauvre, doux, victime ?

D’abord, Jésus lui-même dont les béatitudes dressent en quelque sorte le portrait. Il est le miséricordieux, le pacifique, le pur. C’est lui le Fils bien-aimé qui, par son exemple, nous livre le secret du bonheur. Et de la sainteté. Et de Dieu. Dieu est bien l’inimaginable que seul Jésus, son Fils bien-aimé, pouvait révéler. Jésus est l’image du Dieu invisible, d’un Dieu pauvre, doux, miséricordieux, pacifique, persécuté.

Les saints
En cette fête de Toussaint, nous célébrons et prions la foule immense et innombrable, l’immense cortège de tous les saints, connus et inconnus, qui ont mis leur foi en Jésus. Les saints ne sont pas d’abord des hommes et des femmes aux vertus héroïques, mais, comme nous tous, des pauvres, des affamés, des affligés qui se sont laissé transfigurer et porter par le Christ.

Ce sont les humbles, les pauvres de cœur.

Ce sont les affamés qui aspirent à la justice.

Ce sont les cœurs purs qui jugent sans parti-pris.

Ce sont les facteurs de paix et d’unité.

Ce sont les lèvres qui refusent le mensonge.

Ce sont les cœurs doux et les mains miséricordieuses.

Ce sont les yeux tendus vers la terre promise où ils seront appelés fils de Dieu.

Abbé Marcel Villers

CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 51. DEUX NE FONT QU’UN

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 22, 34-40 du 30e dimanche ordinaire.

Deux font un
« Voilà le premier commandement. Et le second lui est semblable. » (Mt 22, 38-39)

Lier ces deux commandements, les considérer comme semblables, ce qui ne veut pas dire identiques, c’est instaurer un rapport nouveau entre le culte à rendre à Dieu et les devoirs envers autrui. Ce rapport est caractéristique du christianisme et clairement exprimé par St Jean : « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas. » (1 Jn 4, 20)

L’amour est le rapport le plus personnel qui soit. Chacun s’y implique avec tout ce qu’il est. C’est pourquoi le commandement biblique concerne toutes les dimensions de l’existence : cœur, âme, esprit. L’amour fait de la religion une relation personnelle avec un Dieu qui ne peut être que personnel. La religion a alors atteint son sommet, elle n’est plus observance ou devoir, elle est union d’amour, communion de l’homme et de Dieu.

La Loi
« De ces deux commandements dépend toute la Loi. » (22, 40) La notion de Loi est une des plus importantes de l’Ancien Testament, puisque la religion juive est souvent considérée comme la religion de la loi. Il y a, en effet, de nombreux codes législatifs dans l’Ancien Testament dont la partie principale, comprenant les cinq premiers livres de la Bible, est appelée Thora qui peut se traduire par « enseignement », celui d’une autorité qui indique ainsi la voie à suivre. Cette autorité est celle de Dieu et la Thora est donc parole de Dieu, révélation de sa volonté qui s’exprime sous la forme d’oracles, de paroles, de commandements. Le sens profond de Thora s’exprimerait mieux par « la Voie » plutôt que par « la loi » qui nous vient de la traduction en grec de Thora dans la Septante.

Abbé Marcel Villers