HOMÉLIE DU DEUXIÈME DIMANCHE D’AVENT. THEUX

2° dimanche Avent C. Lc 3,1-6.Theux 2024

« Préparez le chemin du Seigneur. » Tel est le message des prophètes. Tel est l’appel lancé par Jean, le Baptiste.
« Préparez le chemin du Seigneur, car il vient. » C’est bien là le résumé de l’espérance d’Israël, de la foi de l’Église.
Oui, notre Dieu est, par définition, celui qui s’approche. Il est mouvement vers l’homme. Si le Seigneur est en route, encore faut-il pour qu’il nous rejoigne que le chemin, de notre côté, soit dégagé.
Rendez droit le sentier, demande le Baptiste. Comblez les ravins. Abaissez les montagnes. Voilà qui nous est demandé en ce temps de l’Avent, temps d’attente, d’espérance et de préparation à la venue du Sauveur. Gardons allumée la flamme de l’espérance.
Dans le désert, « Jean proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. » Mais pourquoi dans le désert ? Le désert est le lieu de la création, du neuf. Avec Jean et le baptême, c’est un commencement qui est en route.
Ce commencement débute par la conversion, acte de recommencement, signe de changement de direction, choix d’une nouvelle route à suivre.
C’est bien le sens du Jubilé, Année Sainte, qui propose un chemin de conversion et de pardon qui se concrétise par le pèlerinage à Rome et dans d’autres lieux désignés par chaque évêque.

La conversion, c’est aussi ce que nous sommes appelés à vivre en tant qu’Église. D’une Église nombreuse et omniprésente dans l’espace social « émerge aujourd’hui une Église petite qui doit recommencer au début. Un peu comme Jean nous appelle au désert. Cette Église modeste ne remplira plus les nombreux édifices bâtis au temps de sa splendeur. Elle sera, selon Benoît XVI, une Église intériorisée, pauvre et faite de gens humbles. »

Loin de l’Église de masse d’hier, c’est aujourd’hui une Église en diaspora, dispersée en petites communautés comme en un archipel. Elle retrouve sa vocation de petit reste et de témoins silencieux de l’amitié divine. « L’Église de la Diaspora, écrit Karl Rahner, est une Église de membres actifs, une Église de laïcs ayant le sentiment d’en être les vrais éléments responsables. Le christianisme ne peut plus s’appuyer sur le cadre des institutions, qu’il s’agisse de morale, d’usages, de traditions, etc. C’est à chacun de se l’approprier par un effort personnel de reconquête ; le temps n’est plus où on n’avait qu’à le recevoir à la façon d’un héritage. Il est fait appel à la décision personnelle, à l’individu dans son autonomie. Le christianisme de recrutement devient un christianisme d’élection. »

Nous retrouvons aujourd’hui la situation de l’Église primitive, constituée de petites communautés fraternelles dans un milieu païen, dispersées au milieu des peuples et des nations, sans puissance extérieure, pauvres et faibles. Dans cette situation de fragilité, une communauté est menacée de disparaître si elle n’est pas fraternelle, synodale, dit-on aujourd’hui. Et surtout, elle tirera sa force d’une espérance vivante dans le Seigneur qui vient. L’Année sainte nous invite à retrouver la force de regarder l’avenir avec confiance et de nous transformer en pèlerins de l’espérance.

Abbé Marcel Villers

Illustration : Picasso, L’arlequin et l’acrobate, 1905.