SAUVEGARDER LA MAISON COMMUNE
Troisième dimanche du carême 2024
Congé sabbatique
Jésus ne peut supporter ce qu’on fait de Dieu dans ce Temple : un potentat, assoiffé de sang qui se complaît dans le sacrifice d’animaux, symbole de celui des humains. Il chasse hors du Temple brebis, bœufs et colombes qui attendent la mise à mort. Il purifie ainsi le Temple pour le véritable culte. A nous chrétiens, le dimanche est offert pour la purification de nos relations avec Dieu, avec les autres et avec notre environnement.
La loi antique imposait de chômer le septième jour. Tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ton serviteur, ni les bêtes, ni l’immigré qui est dans ta ville. Le septième jour, Dieu se reposa de toutes ses œuvres et il ordonna que chaque septième jour soit jour de repos.
Une année sabbatique fut également instituée, tous les sept ans, pendant laquelle un repos complet était accordé à la terre ; on ne semait pas, on mangeait ce que la terre produisait spontanément, gratuitement. On respectait ainsi la terre qui n’est pas un objet inerte, sans âme, une simple matière à pressurer jusqu’à en extraire le plus de rendement possible.
Passées sept semaines d’années, 49 ans, le Jubilé était célébré. La loi bascule ici dans un autre registre que celui de la nature, celui de la réforme sociale. Le Jubilé était une année de pardon universel, de libération des dettes et des esclaves. C’est l’équivalent d’une amnistie qui redonne à chacun la chance d’un nouveau départ. C’est le sens de l’année sainte que l’Église proclame tous les 25 ans depuis le XVe s. : temps de conversion, de pardon et donc d’action de grâces. Ce sera le cas l’an prochain, en 2025.
Cette législation cherche à assurer l’équilibre des rapports de l’homme avec la terre et ses produits, l’équilibre entre son travail et l’environnement. Mais aussi l’équité et la justice sociale car la terre est un bien commun et ses produits appartiennent à tous. Lorsque vous récolterez la moisson, vous ne moissonnerez pas jusqu’à l’extrémité du champ. Tu ne glaneras pas ta moisson, tu ne grapilleras pas ta vigne et tu ne ramasseras pas les fruits tombés dans ton verger. Tu les abandonneras au pauvre et à l’étranger. (Lv 19, 9-10)
Comme les agriculteurs nous le rappellent par leurs manifestations, écologie et justice vont de pair : pas l’un sans l’autre.
Abbé Marcel Villers
Illustration : Un dimanche au village, oeuvre d’un artiste haïtien.