CLÉS POUR LIRE MARC : 17. ROI D’HUMILITÉ

Clés pour lire l’évangile de Marc

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile du dimanche : Mc 11,1-10 du dimanche des Rameaux.

Un roi d’humilité

Ils amenèrent le petit âne à Jésus et il s’assit dessus. (Mc 11,7)
Hosanna ! Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre père. (11,9-10)

Ces deux versets disent bien toute l’ambiguïté de la situation qui va conduire Jésus sur la croix. Nous sommes au seuil de la grande semaine, Jésus entre à Jérusalem, mais à quel titre ?
Jésus se présente sur un ânon, en référence à la conception d’un messie humble et pauvre : « Pousse des cris de joie, Jérusalem ! Voici ton roi qui vient vers toi : il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne, un âne tout jeune. » (Za 9,9-10)
La foule, elle, acclame Jésus : « Hosanna ! », terme hébreu (hosha`na) qui signifie « Sauve donc ! » Cette exclamation n’est pas un cri de louange, mais un appel au secours. Sauver son peuple, écrasé sous le joug de Rome, était attendu d’un « messie » issu du grand roi David.
Jésus se présente comme un roi, mais d’humilité et de paix. La foule voit en lui un roi envoyé par le ciel pour sauver son peuple. Deux visions du Règne sont ainsi en contradiction : celui, politico-militaire de David ; celui, spirituel, de Dieu dont Jésus annonce la venue.

L’âne
L’âne sert de monture ou de bête de charge dans tous les pays méditerranéens, ainsi que d’appoint pour les tâches agricoles. Il peut vivre de quarante à cinquante ans. Dans la Bible, l’âne est cité plus d’une centaine de fois. Il est un bien précieux et un des signes extérieurs de richesse pour le paysan ou le commerçant. Quant à monter un âne, c’est un signe d’humilité et même d’humiliation ; ainsi un pharaon se flatte d’avoir renvoyé les rois vaincus montés sur des ânes. L’âne est l’animal de transport qui s’oppose au cheval, monture du guerrier, et au char, véhicule des rois. (Chouraqui André, L’univers de la Bible, tome I, Paris, 1982, p.355)

Abbé Marcel Villers

La minute liturgique – 28 – Hosana

À l’époque de Jésus, l’expression a fini par exprimer un grand cri d’allégresse, une sorte de hip, hip, hip, hourra vibrant, dense et chaleureux. La raison de cette joie ? Le salut de Dieu qui se concrétise par la venue de son envoyé, de son Messie.

Chaque semaine, redécouvrons le sens d’un mot ou d’une expression de la messe.

Les textes de ces minutes liturgiques, rédigées par l’abbé Olivier Windels, vicaire épiscopal et responsable des services de la Catéchèse, du Catéchuménat et de la Liturgie pour le diocèse de Liège, sont publiés aux Éditions Fidélité.

FÊTES LITURGIQUES : Dimanche des Rameaux et de la Passion

Dimanche des Rameaux et de la Passion

Comme son nom l’indique, ce dimanche célèbre deux évènements : l’entrée triomphale du Christ, acclamé comme roi, à Jérusalem ; sa passion et sa mort qui donnent le vrai sens de sa royauté. Au début de la semaine sainte, nous sommes ainsi invités à suivre le Christ entrant à Jérusalem, lieu de son intronisation par sa mort et sa résurrection.

Dès le IVe s., tout au long du carême, les catéchumènes se préparent au baptême qui a lieu la nuit de Pâques. Le sixième dimanche de carême est, en Espagne et en Gaule, consacré à la tradition du symbole (le Credo) et à l’onction des catéchumènes. La lecture du jour est le récit de l’onction de Béthanie, suivie de l’entrée à Jérusalem (Jn 12, 1-16), qui donnera à ce jour son nom de dimanche des rameaux. Mais il n’y a alors aucune cérémonie commémorant l’événement. (A.G. Martimort, L’Église en prière, Tournai, 1961.)

A Jérusalem, par contre, on célèbre l’entrée de Jésus dans la ville par une processions solennelle qui a lieu dans la soirée du sixième dimanche de carême. Tout le monde se réunit en haut du mont des Oliviers, d’où en chantant et tenant des rameaux de palmiers ou d’oliviers, on escorte l’évêque assis sur un âne. La procession pénètre dans la ville qu’on traverse pour arriver au tombeau du Christ où l’on fait une prière à la croix. Cette pratique est rapidement adoptée en Orient d’où, au VIIe s., elle passe en Espagne, puis fin du siècle, en Gaule où cela semble se réduire à une bénédiction des rameaux sur l’autel. La procession est attestée seulement au IXe s. d’où elle passe à Rome au XIe. Elle prend place le dimanche avant Pâques où on lit, dans les églises de Rome, le récit de la Passion. (A. Nocent, Contempler sa gloire. Semaine sainte, 1965.)

Sont ainsi en place les trois éléments constitutifs du dimanche des Rameaux et de la Passion : la commémoration de l’entrée de Jésus, puis, sous l’influence de Jérusalem, son actualisation par une procession à partir d’un lieu qui doit être situé hors de l’église ; sous l’influence de la Gaule, la bénédiction des rameaux ; la lecture de la Passion, due à la liturgie romaine. Ces trois rites vont être finalement consignés dans le Missel romain qui est progressivement étendu à toute l’Église latine.

La dernière révision de la semaine sainte, en 1955, a simplifié le rite de la bénédiction et distribution des rameaux pour mettre l’accent sur la procession du peuple et la Passion.

Bonne semaine sainte !

Abbé M. Villers