Fêtes et temps liturgiques : Exaltation de la Croix 14 septembre

Fête de l’Exaltation de la sainte Croix (14 septembre)

Après sa conversion au christianisme, vers 312, l’empereur Constantin Ier (272-337) favorise l’Église et contribue à l’édification de basiliques sur des lieux chers aux chrétiens comme Saint-Pierre de Rome ou le Saint-Sépulcre de Jérusalem.

Sur le site du calvaire et du tombeau du Christ, l’empereur Hadrien (76-138), après avoir rasé la ville suite à la révolte juive de 135, avait construit un temple dédié à la triade Capitoline (Jupiter, Junon, Minerve). Constantin fait abattre ce temple et fouiller le site jusqu’à la découverte d’une grotte quadrangulaire identifiée comme le lieu de sépulture de Jésus. Selon la légende, sainte Hélène, mère de Constantin, découvre la vraie croix lors des travaux sur le site. En tous cas, il apparaît certain qu’au milieu du IVe s. des reliques de la croix sont vénérées à Jérusalem.

A partir de 330, deux basiliques sont construites, celle du Saint-Martyrium en mémoire de la crucifixion, et celle de l’Anastasis ou Résurrection sur le site du tombeau. La dédicace des deux basiliques, en 335, s’étale sur deux jours : les basiliques sont consacrées le 13 septembre ; la relique de la Croix est présentée à l’adoration des fidèles le 14 septembre, jour anniversaire de son invention. « Pour la lui faire vénérer, on fit ce jour-là l’ostension de la croix au peuple, d’où le nom d’Exaltation donné à la fête. Quand celle-ci s’étendit à tout l’Orient, le souvenir de la dédicace perdit de son importance, et ce jour devint surtout une fête de la Croix. » (Missel romain quotidien, Hautecombe, 1961, p. 1418)

Lors de la guerre (602-628) entre les Byzantins et les Perses, ces derniers prirent Jérusalem en 614, incendièrent la basilique du Saint-Sépulcre, et emportèrent de nombreuses reliques, dont la sainte Croix, à Ctésiphon, la capitale perse. La vraie croix fut récupérée, après la victoire de l’empereur Héraclius (610-641) dans laquelle on se plut à voir un triomphe de la croix dont la relique fut amenée à Constantinople et installée dans Sainte-Sophie en 628.

En Occident, on célébra, comme en Orient, dédicace et découverte de la croix le 14 septembre. Puis, deux fêtes furent inscrites, jusqu’à la réforme liturgique de 1969, au calendrier latin, l’une le 3 mai pour célébrer la découverte de la sainte Croix et l’autre, le 14 septembre, pour commémorer le retour de la vraie Croix sous Héraclius. (Missel romain quotidien, Hautecombe, 1961, p. 1418 et 1819)

« Le thème de l’Exaltation, qui donne son nom à la fête, va au-delà du geste de l’exhibition d’une relique et revêt une signification autrement plus profonde : l’exaltation de celui qui, élevé sur le bois, a attiré toute chose à lui » (Maxime Gimenez, Fête de l’Exaltation de la Croix, Chœur des moines de Chevetogne, 1986). En effet, il faut « que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle » (Jn 3, 14).
La chapelle de Hodbomont est dédiée à la Sainte Croix, fêtée le 14 septembre.

Abbé Marcel Villers
Illustration : vitrail de la chapelle de Hodbomont

Fêtes et temps liturgiques : Nativité de Marie 8 septembre

Fête de la Nativité de la Sainte Vierge Marie (8 septembre)

Marie et Jean-Baptiste sont fêtés par l’Église le jour de leur naissance et non de leur mort, comme les autres saints et saintes. C’est qu’ils sont les seuls à avoir eu une naissance miraculeuse.
Selon un écrit apocryphe du IIe s., le Protévangile de Jacques, les parents de Marie s’appellent Joachim et Anne. Anne est stérile. Affligé, Joachim ne veut pas reparaître devant sa femme ; il se retire au désert où il jeûne 40 jours. Un ange vole vers Anne et lui annonce qu’elle aura un enfant ; ensuite il fait de même avec Joachim. Ainsi, la naissance de Marie est présentée comme miraculeuse. (Protévangile de Jacques, chapitres 1 à 5)
Depuis le début du Ve s., on vénère à Jérusalem, près de la piscine de Bézatha, le lieu où serait née la Vierge Marie, à savoir la maison de sainte Anne, sa mère. Cette localisation comme les événements de la vie de Marie et de ses parents, sont dû à quelques écrits apocryphes dont le Protévangile de Jacques. Sur l’emplacement de cette maison d’Anne, une basilique de la Nativité de Marie est construite et dédicacée un 8 septembre. En 1140, elle est reconstruite par les Croisés qui la dédient à Sainte-Anne.

La fête de la Nativité de Marie est introduite dans la liturgie romaine à la fin du VIIe s. par un pape oriental, Serge 1er (687-701), originaire d’Antioche de Syrie. Il décide d’inclure cette fête parmi les quatre solennités mariales dotées par ses soins d’une procession stationale à Rome.
A partir du XIe s., cette fête connut une ascendance dans la piété populaire. Innocent IV (1245) la pourvoit d’une octave. Grégoire XI (1378) la fait précéder d’une vigile.
Le calendrier liturgique issu du concile Vatican II a réagi à l’inflation de la piété mariale et rétabli un certain équilibre.
« Donne à ton Église, Seigneur, d’exulter de joie, heureuse de la nativité de la Vierge Marie qui fit lever sur le monde l’espérance et l’aurore du salut. » (Postcommunion de la messe de la Nativité de Marie)

Abbé Marcel Villers

Illustration : Sainte Anne, Marie et Jésus ou Sainte Anne trinitaire (XVIe s.) de l’église de Becco

Sources : Pierre JOUNEL, Missel de la semaine, 1973, p. 1678-1679 ; A. G. Martimort, L’Église en prière,1961, p. 758-759 ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Nativit%C3%A9_de_Marie.

SEMAINE SAINTE : Vendredi-Saint

Vendredi-Saint : célébration de la Passion du Seigneur

Jusqu’au IVe s., les chrétiens célèbrent la mort et la résurrection du Christ la nuit de Pâques. Le vendredi et le samedi précédents sont des jours de jeûne en préparation à la fête pascale. La liturgie primitive de l’Église ne comporte aucune célébration spéciale attachée à ces deux jours.

Si cela reste toujours le cas pour le samedi, le vendredi connaît, courant IVe s., une liturgie de la parole le soir : lectures et chants, prière solennelle aux intentions des fidèles. Ce schéma est celui des premières liturgies chrétiennes repris à la liturgie juive du sabbat et qui n’inclut pas la célébration de l’eucharistie. La réforme liturgique de Vatican II a restauré l’usage de la liturgie de la parole sans la messe.

La liturgie romaine va ensuite subir l’influence des pèlerinages à Jérusalem. En 380, Égérie rapporte son voyage en Terre Sainte et décrit la liturgie de l’Église de Jérusalem. Celle-ci s’attache aux événements de la passion de Jésus et les restitue dans leur cadre. C’est ainsi qu’apparaît le rite de la vénération des reliques de la croix que l’on vient de retrouver à Jérusalem. Selon la légende, sainte Hélène, mère de Constantin, découvre, en 326, la vraie croix lors de travaux sur le site du Golgotha. A Rome, où on conserve une partie du bois de la croix, des papes orientaux introduisent, fin VIIe-VIIIe s., l’adoration de la croix dans la liturgie du vendredi saint. Au XIIe s., apparaît le rite du dévoilement de la croix que l’on dramatise dans le cadre d’une procession, puis les fidèles viennent baiser la croix avant de communier. On unit ainsi adoration de la croix et communion eucharistique apparue au VIIe s.

Le rite de la communion se pratique en consommant ce qui a été conservé de l’eucharistie célébrée le jeudi saint. Dans la liturgie romaine d’alors, on communie sous les deux espèces. A partir du XIIIe s., seul le célébrant communie, et toujours sous les deux espèces. Lors de la restauration de la semaine sainte en 1955, la communion au seul pain consacré est établie et pour tous les fidèles.

Le vendredi saint a lieu soit en plein air, soit à l’intérieur de l’église, le chemin de croix. Il prend la forme d’une procession ponctuée par sept ou quatorze stations évoquant les principaux épisodes de la passion de Jésus. Le chemin de croix est né à Jérusalem et est transposé en Europe, dans leurs églises ou à l’extérieur, par les Franciscains à partir des XIVe-XVe s. Il est installé dans les églises paroissiales à partir du XVIIIe s. mais la dévotion de la Passion est bien antérieure comme en témoigne ce tableau de 1600 dans l’église de Theux. Petit à petit, surtout au XIXe s., la pratique du chemin de croix à quatorze stations va se répandre et devenir un rite important du vendredi saint à 15h, heure traditionnelle de la mort de Jésus.

Abbé Marcel Villers

Illustration : Chemin de croix de S. Köder

FÊTES LITURGIQUES : Dimanche des Rameaux et de la Passion

Dimanche des Rameaux et de la Passion

Comme son nom l’indique, ce dimanche célèbre deux évènements : l’entrée triomphale du Christ, acclamé comme roi, à Jérusalem ; sa passion et sa mort qui donnent le vrai sens de sa royauté. Au début de la semaine sainte, nous sommes ainsi invités à suivre le Christ entrant à Jérusalem, lieu de son intronisation par sa mort et sa résurrection.

Dès le IVe s., tout au long du carême, les catéchumènes se préparent au baptême qui a lieu la nuit de Pâques. Le sixième dimanche de carême est, en Espagne et en Gaule, consacré à la tradition du symbole (le Credo) et à l’onction des catéchumènes. La lecture du jour est le récit de l’onction de Béthanie, suivie de l’entrée à Jérusalem (Jn 12, 1-16), qui donnera à ce jour son nom de dimanche des rameaux. Mais il n’y a alors aucune cérémonie commémorant l’événement. (A.G. Martimort, L’Église en prière, Tournai, 1961.)

A Jérusalem, par contre, on célèbre l’entrée de Jésus dans la ville par une processions solennelle qui a lieu dans la soirée du sixième dimanche de carême. Tout le monde se réunit en haut du mont des Oliviers, d’où en chantant et tenant des rameaux de palmiers ou d’oliviers, on escorte l’évêque assis sur un âne. La procession pénètre dans la ville qu’on traverse pour arriver au tombeau du Christ où l’on fait une prière à la croix. Cette pratique est rapidement adoptée en Orient d’où, au VIIe s., elle passe en Espagne, puis fin du siècle, en Gaule où cela semble se réduire à une bénédiction des rameaux sur l’autel. La procession est attestée seulement au IXe s. d’où elle passe à Rome au XIe. Elle prend place le dimanche avant Pâques où on lit, dans les églises de Rome, le récit de la Passion. (A. Nocent, Contempler sa gloire. Semaine sainte, 1965.)

Sont ainsi en place les trois éléments constitutifs du dimanche des Rameaux et de la Passion : la commémoration de l’entrée de Jésus, puis, sous l’influence de Jérusalem, son actualisation par une procession à partir d’un lieu qui doit être situé hors de l’église ; sous l’influence de la Gaule, la bénédiction des rameaux ; la lecture de la Passion, due à la liturgie romaine. Ces trois rites vont être finalement consignés dans le Missel romain qui est progressivement étendu à toute l’Église latine.

La dernière révision de la semaine sainte, en 1955, a simplifié le rite de la bénédiction et distribution des rameaux pour mettre l’accent sur la procession du peuple et la Passion.

Bonne semaine sainte !

Abbé M. Villers