Fêtes et temps liturgiques : Nativité de Marie 8 septembre

Fête de la Nativité de la Sainte Vierge Marie (8 septembre)

Marie et Jean-Baptiste sont fêtés par l’Église le jour de leur naissance et non de leur mort, comme les autres saints et saintes. C’est qu’ils sont les seuls à avoir eu une naissance miraculeuse.
Selon un écrit apocryphe du IIe s., le Protévangile de Jacques, les parents de Marie s’appellent Joachim et Anne. Anne est stérile. Affligé, Joachim ne veut pas reparaître devant sa femme ; il se retire au désert où il jeûne 40 jours. Un ange vole vers Anne et lui annonce qu’elle aura un enfant ; ensuite il fait de même avec Joachim. Ainsi, la naissance de Marie est présentée comme miraculeuse. (Protévangile de Jacques, chapitres 1 à 5)
Depuis le début du Ve s., on vénère à Jérusalem, près de la piscine de Bézatha, le lieu où serait née la Vierge Marie, à savoir la maison de sainte Anne, sa mère. Cette localisation comme les événements de la vie de Marie et de ses parents, sont dû à quelques écrits apocryphes dont le Protévangile de Jacques. Sur l’emplacement de cette maison d’Anne, une basilique de la Nativité de Marie est construite et dédicacée un 8 septembre. En 1140, elle est reconstruite par les Croisés qui la dédient à Sainte-Anne.

La fête de la Nativité de Marie est introduite dans la liturgie romaine à la fin du VIIe s. par un pape oriental, Serge 1er (687-701), originaire d’Antioche de Syrie. Il décide d’inclure cette fête parmi les quatre solennités mariales dotées par ses soins d’une procession stationale à Rome.
A partir du XIe s., cette fête connut une ascendance dans la piété populaire. Innocent IV (1245) la pourvoit d’une octave. Grégoire XI (1378) la fait précéder d’une vigile.
Le calendrier liturgique issu du concile Vatican II a réagi à l’inflation de la piété mariale et rétabli un certain équilibre.
« Donne à ton Église, Seigneur, d’exulter de joie, heureuse de la nativité de la Vierge Marie qui fit lever sur le monde l’espérance et l’aurore du salut. » (Postcommunion de la messe de la Nativité de Marie)

Abbé Marcel Villers

Illustration : Sainte Anne, Marie et Jésus ou Sainte Anne trinitaire (XVIe s.) de l’église de Becco

Sources : Pierre JOUNEL, Missel de la semaine, 1973, p. 1678-1679 ; A. G. Martimort, L’Église en prière,1961, p. 758-759 ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Nativit%C3%A9_de_Marie.

ART ET FOI. Nativité de saint Jean-Baptiste 24 juin

SAINT JEAN-BAPTISTE

Prophète, précurseur et martyr. Sa naissance (seule avec celle de Jésus et Marie) est fêtée le 24 juin, solstice d’été (Noël d’été), six mois avant celle de Jésus, solstice d’hiver.
Son martyre ou sa décollation est fêté le 29 août, date de la dédicace, au VIe s., de la basilique qui lui est consacrée à Sébaste, près de Naplouse, en Palestine.

Description du panneau

Vêtu de poils de chameau, signe d’ascèse, il désigne, en Jésus, l’Agneau de Dieu qui tient la croix ornée de l’étendard de la victoire pascale. C’est lui, par sa mort et sa résurrection, qui est la clé du livre des Écritures ou Ancien Testament dont Jean est le dernier prophète. Il tient un bâton ou un roseau (allusion à Mt 11,7) terminé par la croix à laquelle il participe par son martyre.
Jean est le fils de Zacharie et d’Élisabeth, cousine de Marie selon saint Luc. Sa naissance miraculeuse est annoncée par l’ange Gabriel qui le désigne comme le précurseur « devant préparer au Seigneur un peuple capable de l’accueillir. » (Lc 1, 17) Jean est le témoin par excellence qui annonce la venue du Messie et désigne, à ses disciples, Jésus comme l’Agneau de Dieu. (Jn 1,19-37) C’était au désert où Jean vit comme un ascète, peut-être initié à cette discipline dans les communautés juives du désert, comme celle de Qumrân.
Au bord du Jourdain, Jean pratique un rite nouveau d’ablution (Mt 3,13-17) : le baptisé ne se plonge pas seulement lui-même dans l’eau, mais reçoit l’eau et le pardon des mains d’un maître, dont il se reconnaît ainsi le disciple et qui agit au nom de Dieu. (Missel de l’Assemblée chrétienne, Bruges, 1964)

Pour la tradition chrétienne, Jean est le dernier prophète (Mt 11, 9-10), celui qui annonce la réalisation des temps messianiques tant prédits par l’Ancien Testament dont il achève le cycle. Cela explique l’effacement de Jean au profit de Jésus à qui il cède ses disciples. Précurseur, prophète, ascète, baptiste, Jean est aussi martyr. Pour avoir reproché à Hérode son immoralité, il est exécuté par décapitation et sa tête offerte à la fille d’Hérodiade. (Mc 6, 14-29)
Au IVe s., on mentionne un tombeau de saint Jean-Baptiste à Sébaste, en Cisjordanie actuelle et un autre, notamment, avec la relique de sa tête dans la Grande mosquée des Omeyyades de Damas construite, à partir de 705, sur une basilique byzantine dédiée à Jean-Baptiste.
Les feux de la saint Jean peuvent être une survivance des fêtes païennes du solstice d’été, mais s’accordent bien avec cette sentence de Jésus : « Jean était une lampe qui brûle et qui luit. » (Jn 5,35)

Jean-Baptiste appartient à deux cycles, celui de l’Incarnation et celui de la Passion. Au plafond de la nef de l’église, il occupe la première place de l’ensemble du programme iconographique de la Rédemption : son martyre annonce, en effet, celui de Jésus.

Abbé Marcel Villers
Illustration : panneau de l’église Theux 1630

Clés pour lire l’évangile de Luc : 5. Aujourd’hui vous est né un Sauveur

Clés pour lire l’évangile de Luc

Dans cette série, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Luc. Cette semaine : Lc 2,1-14 de la Nativité du Seigneur.

Aujourd’hui vous est né un Sauveur

Il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable qui louait Dieu en disant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime (Lc 2,13-14)

À l’ange qui vient de proclamer l’Évangile : « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur » (2,10-11), répond la louange liturgique de la troupe céleste. Nous retrouvons ainsi la structure de notre célébration eucharistique : proclamation et louange.

Dans une traduction littérale, cet hymne de louange peut être décomposé en trois injonctions qui résument notre prière en ce jour de Noël. « Gloire à Dieu dans les hauteurs » : c’est là qu’elle est le mieux, la gloire. Quand les hommes la veulent pour eux, ils la souillent de leurs vanités. « Sur la terre, paix. » : que pourraient souhaiter d’autre les anges ? « Parmi les hommes, bienveillance » : la bienveillance sourit aux faiblesses, compatit aux douleurs et porte sur le monde un regard indulgent, toujours espérant (France QUÉRÉ, Jésus enfant, 1992, p.172)

Les anges

Les fonctions remplies par les anges dans les évangiles appartiennent au genre « apocalypse », c’est-à-dire révélation du secret de Dieu, par exemple sur Jean Baptiste ou sur Jésus ou sur le tombeau vide. Ce ne sont pas des apparitions angéliques du type des apparitions de Dieu ou de l’Ange du Seigneur que nous trouvons dans l’Ancien Testament, ce sont des visions apocalyptiques, à la mode du prophète Daniel avec qui ces textes ont beaucoup d’affinités. Les anges apparaissent essentiellement dans les évangiles de l’enfance et les récits de résurrection, soit au début et à la fin des évangiles. Ils interviennent sous forme de visions de la part de Marie ou des bergers ou des femmes au tombeau. Leur fonction est de communiquer une révélation, comme dans les apocalypses. C’est bien le sens du grec « aggelos » qui signifie littéralement : « envoyé, messager, ambassadeur ».

                                                                                             Abbé Marcel Villers