Clés pour lire l’évangile de Luc

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile. Cette semaine, Lc 9, 51-62 du 13e dimanche ordinaire.

33. Je te suivrai partout où tu iras

Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. (Lc 9, 60).

Luc évoque trois ruptures nécessaires pour être capables de suivre Jésus. Première rupture : ne pas s’installer. « Les renards ont des tanières, mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer la tête. » (9, 58) C’est la liberté des grands espaces.

Deuxième rupture : ne pas remettre à demain. Ce serait rejoindre les morts. L’appel de Jésus ne souffre pas de délai. C’est un état d’urgence. « Laisse les morts enterrer leurs morts » (9, 60) et toi, viens.

Troisième rupture : ne pas se retourner. Pour aller de l’avant, il ne faut pas regarder en arrière, calculer, il faut risquer. Se retourner, c’est reculer. Ainsi Jésus marche vers Jérusalem. Il a mis « la main à la charrue » (9, 62), il ne peut faire marche arrière. Comme Elisée, pour être libre, il faut brûler sa charrue.

Le plan de l’évangile de Luc

« Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem. » (9, 51) Luc donne ainsi le signal de la troisième partie de son évangile. Après le récit des enfances (Lc 1 et 2) qui lui est propre, l’évangile suit le récit de Marc qui évoque les débuts de Jésus et son apostolat en Galilée clôturé par la confession de Pierre et la transfiguration (3,1 – 9, 50).

Au milieu de son évangile qui comporte 24 chapitres, Luc oriente son récit vers Jérusalem où doit s’accomplir le destin de Jésus. Au long d’un voyage – la montée vers Jérusalem (9, 51- 19, 28) – Luc rassemble des récits et des paroles, des rencontres et des paraboles. La question du contenu du salut est le fil conducteur de cet ensemble où la figure du disciple devient centrale : en quoi consiste la « suite » de Jésus ?

Jérusalem occupe une place unique dans cet évangile : aboutissement du parcours de Jésus où se déroulent passion et résurrection (Lc 19,29 – 24, 53) et d’où part le mouvement missionnaire qui donne naissance à l’Église, récit dans les Actes des Apôtres du même Luc.

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Luc

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile. Cette semaine, nous poursuivons la lecture continue de Luc : Lc 9, 23-27.

31. Celui qui veut marcher à ma suite

Celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. (Lc 9, 24).

Deux transformations sont requises pour suivre Jésus, pour être disciple : renoncer à soi-même ; prendre sa croix. Renoncer à soi-même, c’est ne connaître que le Christ, ne plus regarder à soi-même, mais à lui seul qui nous précède. Le renoncement à soi-même peut s’exprimer ainsi : il marche devant, tiens-toi fermement à lui et oublie-toi.

« Qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. » (9, 23) Si nous nous sommes oubliés nous-mêmes, si nous ne nous connaissons plus, alors nous sommes prêts à porter la croix à cause de lui. La croix, ce ne sont pas des maux et un destin pénible, c’est la souffrance qui résulte pour nous uniquement du fait que nous sommes liés à Jésus et la mort à soi que cela implique. La croix, c’est la mort du vieil homme, sortir des attachements de ce monde, et ce chaque jour, comme écrit Luc.

Le supplice de la croix

« Les Romains tenaient probablement des Carthaginois ce supplice d’origine orientale, le crucifiement. D’abord réservé aux esclaves, il fut infligé aussi aux condamnés des provinces. La croix, le plus souvent en forme de T, n’était pas haute, assez seulement pour que les pieds du supplicié ne touchent pas terre, tandis que ses mains étaient fixées à la poutre transversale soit par des cordes, soit par des clous. L’intérêt des écrivains du Nouveau Testament pour la croix n’est ni archéologique, ni historique, mais exclusivement christologique. S’ils parlent de la croix, c’est toujours de la croix de Jésus, le Christ, le Fils de Dieu. » (J.J. VON ALLMEN, Vocabulaire biblique, 1969)

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Marc : 32. A sa suite

Clé pour lire l’évangile de Marc

Dans cette série hebdomadaire (parution le mercredi matin), nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Marc. Cette semaine : Mc 1, 16-20.

 32. A sa suite

Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. (Mc 1,17)

Avec Jésus, les personnages les plus importants dans l’évangile de Marc sont les disciples. Tout au long du récit de Marc, Jésus est toujours accompagné de ses disciples qui forment corps avec lui. L’unique endroit où Jésus est laissé seul, c’est Gethsémani. Seul, Jésus vivra sa passion, les disciples s’étant enfuis. Du moins les hommes, car lorsque Jésus meurt, « il y avait, qui observaient de loin, des femmes qui suivaient Jésus et le servaient quand il était en Galilée. » (15,40-41) Il n’y avait donc pas que des hommes à suivre Jésus, et ses disciples n’étaient pas seulement douze.

Être disciple, c’est accompagner Jésus, marcher à sa suite car il est le chemin, recevoir son enseignement car il est le maître. Bref, être disciple, c’est être avec Jésus, vivre et agir comme lui. Alors, nous deviendrons « pêcheurs d’hommes ». Cette image a souvent pris la forme d’une sorte de prosélytisme, synonyme de gagner des âmes. Elle signifie au contraire que notre style de vie attirera et conduira d’autres hommes à Jésus, tout comme nous avons été « pris » par lui, ainsi que le pêcheur « prend » des poissons.

La pêche

« La pêche est peu pratiquée en Israël. Au temps de Jésus, un commerce florissant se développe autour du lac de Galilée. On y salait du poisson et le mettait en conserve. La vie des pêcheurs est décrite dans les évangiles : ils pêchaient la nuit, à plusieurs bateaux et au filet. Ce n’était pas sans danger en raison des vents qui pouvaient souffler en tempête.

Les pêcheurs utilisaient les hameçons en os ou en fer, mais surtout la pêche se faisait au filet. Il en existait deux sortes : celui qu’on jetait à la main depuis la rive et celui qu’on suspendait entre deux barques, lesté de poids au-dessous et garni de liège au-dessus pour qu’il avance verticalement dans l’eau, entraînant les poissons vers les barques ou les eaux peu profondes. On triait le poisson sur le rivage avant de l’envoyer au marché. » (Le monde de la Bible, 1982, p.238).

Abbé Marcel Villers