Clés pour lire l’évangile de Matthieu : 32. A cause de moi

Dans cette série hebdomadaire (parution le mercredi matin), nous voulons fournir, cette année, des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu. Nous poursuivons la lecture liturgique de Matthieu. Aujourd’hui : Mt 10, 37-42 du 13e dimanche ordinaire.

32. A cause de moi

Qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera. (Mt 10,39)

« Qui aime son père ou sa mère, son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. » (10,37) Voilà la condition que pose Jésus à qui veut être son disciple. Et il ajoute qu’il faut en plus prendre sa croix (10,38). A entendre de telles conditions, on comprend facilement qu’il perd sa vie celui qui devient disciple de Jésus. Mais c’est bien ce que Jésus demande : perdre sa vie à cause de lui plutôt que de la garder pour soi. On ne peut être plus radical.

Il faut choisir. Il ne s’agit pas ici de choisir des valeurs, ou un mode de vie, ou une religion, mais une personne : Jésus. C’est bien là ce qui caractérise le christianisme : avant d’être une morale, une doctrine, un culte, il est d’abord un attachement, un lien amoureux à une personne bien précise : Jésus de Nazareth. Être chrétien, c’est être avec Jésus. Nul n’a choisi son père ou sa mère. Jésus, lui, doit être choisi. Au principe de la vie du chrétien, il y a une décision personnelle, un choix de vie. Ce que nous appelons la foi.

Choisir entre deux maisons

Choisir Jésus implique un déchirement et une division au sein même de la famille. Le païen converti à la foi chrétienne devra refuser de s’associer au culte des ancêtres, à la vénération des dieux familiaux. De même, le citoyen romain se verra contraint de renoncer aux sacrifices publics et civiques, particulièrement au culte de l’empereur, qui s’imposent à tout citoyen reconnu par Rome. Enfin, le chrétien d’origine juive renoncera à participer à tout sacrifice offert au temple de Jérusalem. Il est évident que ces choix radicaux ne sont pas sans conséquences sur les relations au sein de la maison familiale comme de la vie en société.

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Luc

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile. Cette semaine, nous poursuivons la lecture continue de Luc : Lc 9, 23-27.

31. Celui qui veut marcher à ma suite

Celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. (Lc 9, 24).

Deux transformations sont requises pour suivre Jésus, pour être disciple : renoncer à soi-même ; prendre sa croix. Renoncer à soi-même, c’est ne connaître que le Christ, ne plus regarder à soi-même, mais à lui seul qui nous précède. Le renoncement à soi-même peut s’exprimer ainsi : il marche devant, tiens-toi fermement à lui et oublie-toi.

« Qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. » (9, 23) Si nous nous sommes oubliés nous-mêmes, si nous ne nous connaissons plus, alors nous sommes prêts à porter la croix à cause de lui. La croix, ce ne sont pas des maux et un destin pénible, c’est la souffrance qui résulte pour nous uniquement du fait que nous sommes liés à Jésus et la mort à soi que cela implique. La croix, c’est la mort du vieil homme, sortir des attachements de ce monde, et ce chaque jour, comme écrit Luc.

Le supplice de la croix

« Les Romains tenaient probablement des Carthaginois ce supplice d’origine orientale, le crucifiement. D’abord réservé aux esclaves, il fut infligé aussi aux condamnés des provinces. La croix, le plus souvent en forme de T, n’était pas haute, assez seulement pour que les pieds du supplicié ne touchent pas terre, tandis que ses mains étaient fixées à la poutre transversale soit par des cordes, soit par des clous. L’intérêt des écrivains du Nouveau Testament pour la croix n’est ni archéologique, ni historique, mais exclusivement christologique. S’ils parlent de la croix, c’est toujours de la croix de Jésus, le Christ, le Fils de Dieu. » (J.J. VON ALLMEN, Vocabulaire biblique, 1969)

Abbé Marcel Villers