Clés pour lire l’évangile de Matthieu : 38. Marcher sur les eaux

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 14, 22-33 du 19e dimanche ordinaire.

38. Marcher sur les eaux
Jésus lui dit : « Viens ! » et Pierre marcha sur les eaux.
(Mt 14, 29)

« Vers la fin de la nuit, Jésus vient vers eux en marchant sur la mer. » (14, 25) Jésus les rejoint, il est présent, il est vivant, vainqueur à tout jamais de la mort et du mal qu’il écrase en marchant dessus. Mais les disciples ne le reconnaissent pas, car c’est de nuit.
Et voilà qu’au cœur de la nuit, deux consignes résonnent : « Confiance ! C’est moi. N’ayez plus peur. » (14, 27) Le Seigneur n’est pas là-haut dans la montagne et nous sur les eaux agitées de ce siècle. Il est là, à nos côtés.
La peur doit faire place à la foi, la confiance. Comme à Pierre, Jésus nous dit : Viens. Alors, nous pouvons, à notre tour, marcher sur les eaux, vaincre les flots tumultueux et les vents contraires. Telle est la puissance de la foi. Sans elle, nous serions engloutis et disparaitrions dans les flots.

La barque

Dans de nombreuses civilisations, la barque est le symbole de la mort et du passage dans l’au-delà. Elle joue un rôle important dans la religion de l’Égypte antique. De même, dans la mythologie grecque, Charon conduit dans sa barque les âmes des morts vers leur lieu de séjour éternel, en traversant le Styx.
Dans la Bible, depuis l’arche de Noé jusqu’à la barque des disciples de Jésus, est symbolisé le véhicule qui permet de passer d’une rive à l’autre, de traverser les tempêtes et les vents violents. La barque est le symbole de l’Église, lieu du salut et du passage dans le Royaume. L’architecture de nos églises en témoigne par le nom « nef » (du latin navis qui signifie navire) donné à l’espace central d’une église. De plus, dans certaines églises, la voûte rappelle clairement la coque d’un navire retournée.

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Marc : 24. Passons de l’autre côté

Clé pour lire l’évangile de Marc

Dans cette série hebdomadaire (parution le mercredi matin), nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Marc. Cette semaine : Mc 4,35-41 du 12e dimanche du temps ordinaire.

24. Passons de l’autre côté

 Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? (Mc 4,40)

La mer, c’est la grande épreuve que doit connaître le disciple pour « passer sur l’autre rive » (4,35), celle qu’habite son maître, Jésus. « Réveillé » (ressuscité), il est vainqueur de la peur et de la mort qu’il domine comme le vent et la mer : « Silence, tais-toi. » (4,39)

C’est « au bord de la mer » que Jésus appelle des pêcheurs à venir derrière lui (1,16) qui se retire « vers la mer » (3,7) en prévision d’une traversée pour laquelle il demande « qu’une barque soit en permanence près de lui » (3,9). Puis, c’est « au bord de la mer » que Jésus enseigne (4,1). Ensuite, après avoir été appelés et enseignés, les disciples connaissent l’épreuve qui les initie à l’existence christique. C’est la traversée de la mer où Jésus les emmène : « Passons de l’autre côté » (4,35).

Sur la mer, les disciples font face au monstre effrayant et déchaîné, monstre dévorant qui « remplit la barque » (4,37). C’est la grande épreuve du disciple : la peur ou la foi dans celui qui a vaincu la mer. (Jean-Claude REICHERT, Catéchèse pour temps de ruptures, 2002, 112-114)

La mer

La mer est issue de l’abîme primordial (les eaux de Gn 1). Dieu en a fixé les bornes et l’a peuplée de la faune qui y pullule et qui comporte les géants cétacés d’où sortent les monstres marins que la Bible présente comme symboles des forces du mal. En langage biblique, la mer est avant tout un symbole de l’élément hostile à la vie.

La mer, dont les dimensions échappent à l’entendement, est en elle-même effrayante par l’instabilité, les bouillonnements incessants, les redoutables tempêtes. Dieu certes en est le maître, il contrôle et utilise cette agitation à ses fins. Mais la mer reste l’inquiétant milieu d’où monteront les bêtes de la fin des temps (Dn 7 ; Ap 13 et 21). Cette mer mal famée disparaîtra du monde nouveau et la remplacera un océan solide et immobile, sans gouffres ni tempêtes. (A-M. GERARD, Dictionnaire de la Bible, 1989)

Abbé Marcel Villers