Clés pour lire Jean : 26. Le chemin

Clés pour lire l’évangile de Jean

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean.
Alleluia ! Il est ressuscité ! Pour nous, il est le chemin, la vérité et la vie, comme il le révèle à Thomas :  Jn 14,1-12 du 5e dimanche de Pâques.

26. Je suis le chemin

Pour aller où je vais, vous connaissez le chemin.
(Jn 14,4)

A Thomas qui demande le chemin, Jésus répond : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (14,6) Si nous voulons connaître le Père, nous devons passer par Jésus. Il est le chemin qui conduit au Père, à Dieu.

« Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » (14,8) Avec Philippe, c’est le désir de tout homme qui s’exprime : voir Dieu. Voilà qui comblerait l’inquiétude du cœur humain. Vient la réponse surprenante de Jésus : « Celui qui m’a vu a vu le Père. » (14,9)

Philippe peut être satisfait car il l’a vu, l’homme Jésus. Mais il n’a rien vu d’autre en Jésus que Jésus. C’est ce que lui reproche ce dernier : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! » (14,9)
Et Jésus ajoute : « Comment peux-tu dire : Montre-nous le Père ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! » (14,9-10)
On est passé du voir au connaître et enfin au croire. Telles sont les étapes du chemin.

EGO EIMI : JE SUIS
Dans la bouche de Jésus, cette formule utilisée par l’évangéliste Jean présente trois cas :
– « Je Suis » en absolu (en Jn 8,24.28.58 ; 13,19). L’expression se rattache à l’unicité de Dieu : « Je Suis Dieu et il n’y en a pas d’autre » (Esaïe 43,11). Cette expression s’appuie sur Ex 3,14 où Dieu dévoile le nom divin à Moïse.
– « Je » comme attribut (Jn 6,20 ; 18,6) ; on traduit alors par « c’est moi » comme s’il s’agissait d’une simple parole de reconnaissance ; dans ces cas, Jésus manifeste simplement qui il est.
– « Je suis » avec un prédicat : « pain de vie » (Jn 6), « lumière du monde » (8,12 ; 9,5), « la porte » (10,7.9), « le bon berger » (10, 11.14), « la résurrection et la vie » (11,25), « le chemin, la vérité et la vie » (14,6), « la vigne » (15,1.5). Même avec un prédicat, « je suis » n’élimine pas toute référence au « Je suis » divin. Ces prédicats évoquent les biens que l’homme recherche et que le Christ lui obtient. » (Jean-Pierre LÉMONON, Pour lire l’évangile selon saint Jean, 2020)

    Abbé Marcel Villers  

Clés pour lire l’évangile de Jean : 34. La moisson

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Nous poursuivons la lecture continue de l’évangile. Jésus et sa mission auprès des Samaritains : Jn 4, 31-42.

34. La moisson

« Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé. » (Jn 4,34)

Jésus ne vit pas de lui-même, ni pour lui-même. Son union intime avec Dieu fait son identité et s’exprime par une communion de volontés. Jésus est l’envoyé du Père pour accomplir son œuvre. Cette mission est bien avancée alors que les disciples la pensent encore à attendre : « Encore quatre mois et ce sera la moisson » (4,35), c’est-à-dire, on a le temps. Non, affirme Jésus : « Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. » (4,35). Le temps de la moisson est là, préfiguré par les Samaritains qui accourent.

La Samaritaine a rencontré Jésus et a cru en lui ; elle est retournée en missionnaire vers ses concitoyens qui viennent à Jésus et l’invitent chez eux. Vient alors la moisson : « ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes nous l’avons entendu. » (4,42) La foi authentique naît de la rencontre personnelle de Jésus et de l’écoute de sa parole.

Deux proverbes autour de la moisson

« Encore quatre mois et ce sera la moisson » exprime la nécessaire attente entre les semailles et la moisson. Pour Jésus, ce délai ne s’applique pas à « sa » moisson qui est la moisson messianique. Les prophètes décrivent les temps messianiques comme une époque de fécondité extraordinaire, soit que la récolte soit si riche qu’elle prenne tout l’été, soit qu’il faille tout de suite semer de nouveau, soit, comme ici, qu’à peine semée, la moisson soit déjà mûre. Auprès des Samaritains, le semeur vient à peine de terminer son travail que les champs sont mûrs. Avec Jésus, les temps messianiques sont arrivés.
Cette moisson passe l’ordinaire par un autre trait, exprimé par le proverbe : « l’un sème, l’autre moissonne ». Les missionnaires recueillent, en fait, les fruits du labeur d’un autre. Dans ce cas-ci, un jour, les apôtres connaîtront le succès auprès des Samaritains lors de la prédication de Philippe, puis de Pierre et Jean (Ac 8, 4-25), ils comprendront alors que cette moisson résulte des labeurs et de la mort du Seigneur Jésus. » (H. VAN DEN BUSSCHE, Jean, 1967)

Abbé Marcel Villers