Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Nous poursuivons la lecture continue de l’évangile. Jésus et sa mission auprès des Samaritains : Jn 4, 31-42.
34. La moisson
« Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé. » (Jn 4,34)
Jésus ne vit pas de lui-même, ni pour lui-même. Son union intime avec Dieu fait son identité et s’exprime par une communion de volontés. Jésus est l’envoyé du Père pour accomplir son œuvre. Cette mission est bien avancée alors que les disciples la pensent encore à attendre : « Encore quatre mois et ce sera la moisson » (4,35), c’est-à-dire, on a le temps. Non, affirme Jésus : « Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. » (4,35). Le temps de la moisson est là, préfiguré par les Samaritains qui accourent.
La Samaritaine a rencontré Jésus et a cru en lui ; elle est retournée en missionnaire vers ses concitoyens qui viennent à Jésus et l’invitent chez eux. Vient alors la moisson : « ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes nous l’avons entendu. » (4,42) La foi authentique naît de la rencontre personnelle de Jésus et de l’écoute de sa parole.
Deux proverbes autour de la moisson
« Encore quatre mois et ce sera la moisson » exprime la nécessaire attente entre les semailles et la moisson. Pour Jésus, ce délai ne s’applique pas à « sa » moisson qui est la moisson messianique. Les prophètes décrivent les temps messianiques comme une époque de fécondité extraordinaire, soit que la récolte soit si riche qu’elle prenne tout l’été, soit qu’il faille tout de suite semer de nouveau, soit, comme ici, qu’à peine semée, la moisson soit déjà mûre. Auprès des Samaritains, le semeur vient à peine de terminer son travail que les champs sont mûrs. Avec Jésus, les temps messianiques sont arrivés.
Cette moisson passe l’ordinaire par un autre trait, exprimé par le proverbe : « l’un sème, l’autre moissonne ». Les missionnaires recueillent, en fait, les fruits du labeur d’un autre. Dans ce cas-ci, un jour, les apôtres connaîtront le succès auprès des Samaritains lors de la prédication de Philippe, puis de Pierre et Jean (Ac 8, 4-25), ils comprendront alors que cette moisson résulte des labeurs et de la mort du Seigneur Jésus. » (H. VAN DEN BUSSCHE, Jean, 1967)
Abbé Marcel Villers