CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 48. PIERRE REJETÉE

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 21, 33-45 du 27e dimanche ordinaire.

La pierre rejetée
« Finalement, il leur envoya son fils, se disant :
Ils respecteront mon fils. » (Mt 21, 37)

« Ils se saisirent des serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième. » (21, 35) C’est ainsi que Jésus résume l’histoire de son peuple par le sort réservé aux envoyés de Dieu. Et, sur cette base, il ne peut qu’annoncer sa propre mort à lui, le Fils. Au terme du cortège des prophètes martyrisés, le Christ. « Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. » (21, 39) Jésus, comme tous les prophètes qui l’ont précédé, est assassiné

Pourquoi l’histoire d’amour qu’est la religion se transforme-t-elle en un drame violent et sanglant, une suite de persécutions et de meurtres ? Il y a deux formes de violence liée au religieux : la violence à l’égard de Dieu, expression du refus des hommes de dépendre d’un Autre ; la violence au nom de Dieu, volonté de dominer autrui sous prétexte de posséder la vérité, définition du fanatisme devenu terrorisme.

La vigne et les vignerons
« Quand arriva le temps des fruits, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de sa vigne. » (21, 34) « Il arrivait souvent que le propriétaire de la vigne n’avait pas l’intention de l’exploiter en personne. Il l’affermait à un ou plusieurs vignerons. L’affermage, en Palestine, est régi par des coutumes locales. Généralement, le propriétaire rural se réserve une redevance en nature, afin de pouvoir goûter aux fruits de sa vigne. Les fermiers qui assurent les soins généraux de la culture sont tenus de lui payer une part de la récolte dont le montant est fixé par convention. La vigne est pourvue de tout le matériel souhaitable : clôture ou mur en pierres sèches, tour de garde pour protéger la vigne des maraudeurs ou des animaux, pressoir pour fouler le raisin et recueillir le jus dans une cuve où il fermentait. » (Denis BUZY, Les paraboles, 1932)

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Matthieu : 44. La dernière heure

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 20, 1-16 du 25e dimanche ordinaire.

44. La dernière heure

« Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi. » (Mt 20, 14)

A la onzième heure, le maître sort et trouve des hommes qui sont là, désœuvrés. Il s’interroge sur leur sort : « Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ? Parce que personne ne nous a embauchés, répondirent-ils » (20, 6-7). Le maître est touché par leur situation : personne n’a voulu d’eux. Voilà qui émeut le maître car c’est un homme bon. Il veut les sortir de là : « Allez, vous aussi, à ma vigne. » (20, 7)

Au moment de la paie éclate le conflit causé par la bonté. Deux logiques s’affrontent que Jésus va connaître tout au long de sa vie publique. Mais est-ce une question de logique ou de regard ? Les uns disent : « Tu les traites à l’égal de nous. » (20, 12) Jésus répond : « Ton regard n’est-il pas mauvais parce que je suis bon ? » (20, 15) Autrement dit, « ne devrais-tu pas te réjouir que Dieu soit si bon pour ces derniers ? » Le Royaume de Dieu arrive quand les premiers se réjouissent de voir les derniers traités aussi bien qu’eux.

Horaire

Dans la Palestine du temps de Jésus, comme chez les Romains, le jour était divisé en douze heures quelle que soit la saison. Elles couvraient la durée allant du lever au coucher du soleil. La durée de l’heure variait en fonction de la saison. On avait ainsi une variante de plus ou moins vingt minutes par heure selon la saison. Ainsi, l’heure minima (23 déc.) était de 44 min. 30 s ; celle de l’heure maxima (25 juin) de 75 min. 30 s. Un seul point fixe quelles que soient les saisons : midi où toujours commençait la septième heure. Si en été, la première heure était vers 6h, elle était vers 7h30 en hiver, mais la septième était toujours à midi.

Dans la parabole, le maître de la vigne sort dès le matin, soit à la première heure, vers 6h, car on est vraisemblablement en été puisqu’il s’agit de soigner la vigne ou de vendanger. Puis il sort successivement à la troisième heure, à la sixième, à la neuvième, et à la onzième heure. La nouvelle traduction liturgique remplace ces mentions par leur correspondance approximative avec notre horaire.

Abbé Marcel Villers