Il n’y a plus rien à faire ?

Il n’y a plus rien à faire…
Son ami, son maître est mort. Elle l’a vu agoniser sur une croix, elle l’a enseveli dans le tombeau. Mais le plus dur à vivre, c’est le lendemain, lorsque l’absence se fait si lourde à porter. A jamais faudra-t-il vivre sans le voir, sans le toucher, sans sa présence ? Nous avons tous connu ce sentiment de vide après la mort d’un être aimé.

Il n’y a plus rien à faire…
Sauf peut-être aller encore une fois sur la tombe de l’aimé, s’y recueillir, prier, et surtout se replonger dans les souvenirs, se laisser aller à la nostalgie d’un temps qui n’est plus. Ainsi, « de grand matin, alors qu’il fait encore sombre » – dans son cœur comme dans la ville – Marie-Madeleine se met en route et se rend au tombeau.

Il n’y a plus rien à faire…
Combien de fois avons-nous entendu ou prononcé nous-mêmes cette parole qui peut n’être qu’un constat ou l’expression d’un découragement, pire d’un désespoir !

Il n’y a plus rien à faire… quand nous avons l’impression d’être pris dans un engrenage inexorable, prisonnier d’une puissance qui nous échappe.
Il n’y a plus rien à faire… quand nous nous trouvons devant telle personne atteinte de grave maladie, ou prise dans des conflits familiaux sans issue.

Il n’y a rien à faire…
Des milliers d’innocents ont péri en Syrie, d’autres sont massacrés au Mali, des centaines meurent dans des embarcations de fortune pour rejoindre l’Europe ou sont réduits en esclavage en Libye, des chrétiens sont persécutés au Pakistan, assassinés en Égypte.

Que faire ? « Que voulez-vous qu’on fasse ? Il n’y a rien à faire. »
Voilà ce que nous répétons chaque fois que nous nous sentons pris dans l’engrenage de l’injustice et des démissions, du laisser-aller et des habitudes. Il nous arrive si facilement de baisser les bras, tant il paraît surhumain de briser ces engrenages, de faire reculer les limites du possible.

Mais voici que ce matin, la pierre a été enlevée du tombeau ; une brèche est ouverte. L’impossible devient-il possible ?

Pour Marie-Madeleine, c’est la panique. Bien sûr Jésus était mort, mais au moins on était rassuré, on savait où le trouver. La pierre ôtée du tombeau, c’est la panique. « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. » Il n’y a plus qu’un grand vide

N’est-ce pas la situation exacte du croyant, la nôtre donc !
Combien de fois, comme Marie-Madeleine, sommes-nous tentés de remettre Jésus au tombeau ? Mais Jésus est vivant, toujours ailleurs, toujours prêt à surprendre.
Pierre et Jean veulent en avoir le cœur net. Ils courent au tombeau. Ils entrent, ils virent et ils crurent.
Que virent-ils ? Rien, un grand vide. Comme dans le Temple de Jérusalem. Le Saint des Saints, le lieu où Dieu résidait, était en fait un espace entièrement vide. La présence de Dieu était signifiée en quelque sorte par son absence, car Dieu échappe toujours à l’homme. Comme le Saint des Saints, le tombeau est vide.
L’absence de Jésus devient le signe de sa présence.

« Dieu l’a ressuscité le troisième jour. »
Voilà que, dans le joyeux matin de Pâques, la nouvelle se répand. Celui que l’on croyait mort est vivant, il est ressuscité, il nous précède sur les routes du monde.
Il nous appelle et nous pousse à vaincre nos peurs, à nous mettre debout, en marche au lieu de renoncer. C’est lui désormais notre espérance. L’espérance, ce n’est pas la conviction que tout finira bien. C’est la certitude que tout a un sens, tout ce que nous vivons, bonheur comme malheur. L’existence humaine n’est pas vouée à l’absurdité Alors, croire en la résurrection, c’est accepter de toujours recommencer, sans céder au découragement. C’est croire que l’avenir est ouvert et donc refuser tout fatalisme.

« Il n’y a plus rien à faire… »
Si, car, comme le proclame Marie-Madeleine dans la séquence de ce jour : « Le Christ, mon espérance, est ressuscité ! Il vous précédera en Galilée. »

Abbé Marcel Villers
Homélie pour le jour de Pâques, Theux, le 21 avril 2019

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