Clés pour lire l’évangile de Matthieu 16. Le traître

Dans cette série hebdomadaire (parution le mercredi matin), nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Matthieu. En cette période, la liturgie dominicale lit l’évangile de saint Jean. Nous nous intéresserons au récit de la passion : Mt 26, 1- 27, 66.

16. Le traître

Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? »
(Mt 26, 25)

La trahison de Judas fait l’objet de quatre épisodes qui en structurent le processus et qui sont devenus des expressions emblématiques de la trahison. « Ils lui remirent trente pièces d’argent » (26, 15) ; « celui qui s’est servi au plat en même temps que moi » (26, 24) ; « s’approchant de Jésus, il l’embrassa » (26, 49) ; « jetant les pièces dans le temple, il se retira et alla se pendre » (27, 5).

La problématique du traître est justifiée par deux motifs essentiels : le plan divin ; la mise en garde des disciples. Pour Matthieu, Judas est l’exécutant du plan de Dieu annoncé par les prophètes : « le Fils de l’homme doit être livré comme il est écrit à son sujet » (26, 24).
D’autre part, trahir le Maître reste une menace pour tout disciple ; communier au Christ, partager le pain et le vin eucharistiques ne suffisent pas pour échapper à la trahison. Judas en est l’avertissement. La condition chrétienne est toujours en balance entre trahison et communion.

Pourquoi Judas a-t-il trahi Jésus ?

« La thèse la plus en vogue voudrait que le traître ait été un « zélote », membre d’un mouvement luttant contre l’occupation romaine, et que déçu par le pacifisme de Jésus, il ait tourné casaque. Les meilleurs historiens savent aujourd’hui que le terme « zélote » n’a ce sens de résistance à Rome qu’à partir de l’an 66. » (Claude TASSIN, L’Évangile de Matthieu, 1991). Certains imaginent que Judas ayant adhéré à Jésus parce qu’il en attendait le déclenchement de la fin des temps, a voulu provoquer l’événement en obligeant Jésus à réagir lors de son arrestation. Enfin, les évangélistes évoquent l’avarice de Judas (Mt 26, 15 ; Jn 12, 4-6) ou un état de possession satanique (Lc 22, 3 ; Jn 13, 2. 27).

Abbé Marcel Villers 

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