Je suis le bon pasteur, dit le Seigneur.
A cette proclamation de Jésus, nous répondons joyeusement avec le psaume :
Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien.
Tu es avec moi ; ton bâton, ton appui, voilà qui me rassure.
« Une des premières figures du Christ, que l’on trouve sur des sarcophages chrétiens, est celle du pasteur, tenant un bâton à la main et un agneau sur les épaules. Dans l’art romain antique, le berger était l’expression de l’aspiration à une vie sereine, simple, bucolique. Un peu, comme aujourd’hui, les habitants des villes rêvent de la campagne. Mais les chrétiens, s’ils ont repris la figure du berger et l’ont inscrite sur leurs tombeaux, c’est en lui donnant un autre contenu, particulièrement en référence à ce psaume où le fidèle confesse : Même si je marche dans un ravin d’ombre et de mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi. » (Benoît XVI, Spe salvi, 2007)
Le Pasteur, le Berger des brebis, c’est ainsi que le Christ lui-même se désigne.
Il marche à leur tête car il connaît le chemin qui traverse les ravins de la mort. Il nous guidera dans ce passage étroit de la mort où nul ne peut nous accompagner.
Avec son bâton, il me guide et me rassure ; je ne crains aucun mal.
C’est qu’il a lui-même parcouru le chemin, il est descendu dans le royaume de la mort. Et, le Christ a vaincu la mort, il est ressuscité. Premier d’une multitude.
Ses brebis à lui, il les appelle, chacune par son nom, et il les fait sortir.
Il les appelle et elles le suivent car elles connaissent sa voix.
Telle est la vocation du chrétien : suivre le Christ. Comme l’écrit Pierre dans sa lettre : le Christ lui-même a souffert pour vous et vous a laissé son exemple afin que vous suiviez ses traces. Marcher sur les traces du Christ, voilà la vocation du chrétien.
Mais le Christ n’est pas seulement un guide, celui qui indique la route et conduit sur le bon chemin. Il est le sauveur, le salut.
Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé. On n’entre dans la vraie vie qu’en passant par le Christ. Il est le passage obligé. C’est par ses blessures, écrit St Pierre, que vous avez été guéris.
Le salut, c’est la vie. Moi, dit Jésus, je suis venu pour que les hommes aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance. Tout homme est appelé à la vie. C’est bien là notre vocation première et elle tient à notre humanité. C’est bien là le sens même de la venue de Jésus : Je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance. Comme le berger appelle ses brebis, chacune par son nom, le Seigneur Jésus appelle chacun de nous, et par son nom, pour lui offrir la vie en abondance.
Mais c’est quoi la vie en abondance ? C’est quoi vivre intensément ? Nous vivons le plus souvent, enfermés en nous-mêmes, ressassant nos problèmes, nous cognant aux murs de nos petitesses, cherchant l’issue, le large, la liberté. Nous ressemblons à ces oiseaux, pris dans le filet du chasseur, et qui s’agitent en tous sens. Ils butent sans cesse sur les mailles du filet qui les blessent, jusqu’au moment où le plus fort d’entre eux réussit à trouer le filet. A sa suite, tous s’envolent alors vers l’azur.
L’azur, le large, la vraie vie, immense et en abondance, voilà ce que tous nous cherchons.
Le Christ a troué le filet qui nous emprisonne, il est l’issue, la porte, la sortie de notre vie sans but. Il ouvre notre existence sur le grand large de la liberté.
Abbé Marcel Villers
Illustration : Françoise Burtz