Nous entamons aujourd’hui une nouvelle rubrique, animée par l’abbé Marcel Villers, concernant les fêtes et temps liturgiques. Ces textes ont été publiés dans Semence d’Espérance durant les dernières années.
Bonne découverte !
Dès le IIe s., avec d’autres, saint Irénée de Lyon (130-208), un des premiers théologiens du salut, pressent l’immaculée conception de Marie, saluant en elle la Nouvelle Ève qui écrase la tête de l’antique serpent sous son talon, signifiant par là son privilège de sainteté virginale et implicitement son exemption du péché originel. Ainsi l’évêque Pulchrone de Verdun, revenant de Rome, en 470, fit construire une église pour abriter une statue de la Vierge écrasant le dragon.
« Au VIIIe s., chez les Grecs, apparaît, dans le synaxaire de Constantinople, une fête fixée au 9 décembre. Au IXe s., elle passe en Italie du sud, à Naples ; au XIIe s., on la trouve en Normandie, en Angleterre et en Irlande (Missel romain quotidien, Hautecombe, 1961, p. 1178). Cela s’explique par la conquête, dès 1130, de la Sicile et du sud de l’Italie par les Normands.
« Le moyen âge anglais et normand connaît donc une fête de la conception de Marie ; on y commémore l’événement lui-même, en s’arrêtant surtout à ses conditions miraculeuses comme la stérilité d’Anne, la mère de Marie » (Missel de l’Assemblée chrétienne, Bruges, 1964, p. 1719).
Par-delà cet aspect anecdotique, saint Anselme, moine et archevêque de Canterbury (1033-1109), grand théologien, exprime la véritable grandeur du mystère opéré dans la conception de Marie : sa préservation du péché.
Les théologiens scolastiques du XIIIe s. ne sont guère favorables à cette reconnaissance de l’immaculée conception de Marie et l’on assiste aux disputes entre Dominicains, qui y sont opposés, et Franciscains, comme Duns Scot (1266-1308) qui y sont favorables.
En 1432, le concile de Bâle considère ce mystère comme un point de foi et érige la Conception en fête d’obligation pour toute l’Église, mais cela ne fut reçu que par la France et l’Aragon. Enfin, un franciscain, le pape Sixte IV (1471-1484) adopte la fête à Rome en 1477, il approuve un nouvel office liturgique, et sans obliger à la croyance, prend énergiquement sa défense.
Désormais, les papes soutiennent la fête de la Conception et la croyance en l’Immaculée.
C’est au XVe s. que l’Église expose clairement, dans sa liturgie, que « Dieu a préparé à son Fils une demeure digne de lui par la conception immaculée de la Vierge, préservant celle-ci de tout péché par une grâce venant déjà de la mort de ce Fils. »
L’apparition de la Vierge Marie à Catherine Labouré et la diffusion de la médaille miraculeuse en l’honneur de Marie conçue sans péché (1830) (photo du haut de l’article) incitent beaucoup d’évêques à demander au Saint-Père que l’Immaculée Conception fût définie comme dogme de foi.
Ce qui est fait, par le pape Pie IX, le 8 décembre 1854. Un nouvel office est publié en 1863. Les apparitions de Lourdes furent saluées comme une confirmation céleste du dogme et Léon XIII, en 1879, décida que la fête serait de rite double de première classe avec octave et une vigile. Cela devient une solennité dans l’Ordo liturgique de Paul VI. Le formulaire de la fête actuelle, élevée au rang de solennité, reprend des éléments de la messe créée en 1863, mais aussi de la messe médiévale.
« Seigneur, tu as préservé la Vierge Marie de toutes les séquelles du premier péché, et tu l’as comblée de grâce pour préparer à ton Fils une mère vraiment digne de lui. Choisie entre toutes les femmes, elle intervient en faveur de ton peuple et demeure pour lui l’idéal de la sainteté » (Préface de la messe de l’Immaculée Conception).
Abbé Marcel Villers
P.S. Signalons que l’église de Desnié est placée sous le double patronage de l’Immaculée Conception et de saint Lambert (photo dans l’article).