Ce mercredi 15 décembre, à Desnié, la communauté paroissiale (au sens large !) a fêté les 75 ans de la chapelle construite en action de grâce : en effet, en décembre 1944, lors de l’avance von Rundstedt, ultime offensive des armées nazies, le village a été épargné, alors que, à quelques km de Desnié, Stoumont et La Gleize étaient dévastés par les troupes allemandes…
Placée sous le patronage de la Vierge des Pauvres -ainsi que Marie s’est révélée à Banneux quelques années plus tôt, en 1933-, la chapelle, bien entretenue grâce à la collaboration entre les habitants, la paroisse et la Commune, continue à attirer les passants, touristes et pèlerins.
En ce soir du 15 décembre, une cinquantaine de fidèles s’y sont réunis : ils ont écouté Fernand Pirnay, puis Jean-Luc Seret (voir son texte ci-dessous), raconter sa construction et le contexte de celle-ci.
Puis notre curé, l’abbé Jean-Marc Ista, a béni chapelle et participants, qui sont alors redescendus à pied vers l’église où la messe a été célébrée, joyeusement animée par une chorale enthousiaste !
Un verre de l’amitié a rassemblé les Desniétois, de cœur ou de longue date : quelle joie de se retrouver, parfois après bien des années.
Merci, Marie ! Merci, Seigneur !
Et merci à tous ceux qui se sont coupés en quatre pour que cette soirée, cérémonie à la chapelle, célébration festive et verre de l’amitié, soient une réussite pour tous les participants !
La chapelle Notre-Dame des Pauvres à Desnié
Ce petit édifice religieux fut inauguré le 15 décembre 1946, soit environ deux ans après les évènements qui ont bouleversé la vie pastorale des Desniétois déjà touchés par l’absence ou par le décès des membres de leurs familles.
En effet, les combats entre l’armée américaine et de l’armée allemande provoquaient à Stoumont et à La Gleize, en décembre 1944, une vive inquiétude mêlée d’images de destruction et de représailles. Si les habitants de La Gleize se terraient dans les caves, les Desniétois priaient pour que les combats ne se déplacent pas à quelques kilomètres dans leur village. La Belgique avait déjà été libérée en septembre et les familles retrouvaient les joies des repas en famille. En septembre également, quelques heures avant la libération définitive, le village de Winamplanche allait subir les outrages de la cruauté des fanatiques de l’armée allemande. Le 10 septembre, jour de la libération de la ville de Spa, 12 maisons du village brûlent et cinq hommes périssent sous les balles de l’ennemi. À Bronromme, un combat s’engageait entre les résistants armés et une patrouille allemande. À nouveau des personnes périssaient sous les balles ennemies. Après ces drames, ces maisons incendiées et ces braves hommes disparus, les Desniétois priaient pour un avenir meilleur jusqu’à la mi-décembre, jour d’une nouvelle offensive allemande qui allait faire autant de dégâts que pendant quatre années de guerre.
L’abbé Gurné priait avec les villageois apeurés et toujours traumatisés des drames de septembre. Le 18 décembre à l’occasion de la messe du dimanche matin, le curé et les paroissiens se tournaient vers la Sainte-Vierge et faisaient le vœu d’élever une chapelle si le village échappait aux destructions et aux pertes humaines. Peu après l’armée américaine rassurait les villageois car les Allemands se repliaient vers leur pays, faute d’avoir été approvisionnés en carburant. Le 24 décembre, il n’y avait plus d’Allemands à Stoumont La Gleize. En remerciement à la Vierge Marie d’avoir protégé le village, le curé et les paroissiens pensaient alors à exaucer le vœu tant désiré.
Après des prières et des collectes, la construction se réalisait en 1946. C’est le 15 décembre 1946, il y a 75 ans que la chapelle était inaugurée avec la présence des villageois et des autorités religieuses et civiles. Une petite fille, Marthe Starck lut un texte de bienvenue. Depuis cette date, la chapelle est régulièrement fleurie et elle est une construction du petit patrimoine de Desnié.
Jean-Luc Seret
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