SAUVEGARDER LA MAISON COMMUNE
Deuxième dimanche du carême 2024
Transfiguration
Dieu peut-il vouloir la mort de l’homme ?
C’est bien ce que cherche le déluge annoncé à Noé.
C’est bien ce qu’Abraham comprend : qu’il doit offrir son fils en sacrifice.
C’est bien ce que Jésus annonce : qu’il doit mourir sur la croix.
Mais au déluge, l’arche de Noé a échappé.
Le bras d’Abraham a été arrêté par l’ange.
Jésus s’est relevé du tombeau.
L’issue est toujours la lumière, celle de la transfiguration de nos épreuves et de nos morts. Au bout, il y a toujours Pâques, la grande métamorphose.
La Transfiguration est l’issue du parcours du Christ. La transfiguration, la métamorphose de tout son être révèle la véritable nature de Jésus, mais aussi de toute créature. « Sur le Thabor, le Christ transforma la nature enténébrée d’Adam. L’ayant illuminée, il la divinisa. »
La Transfiguration a aussi un aspect cosmique. La lumière divine transforme le corps mortel en corps de gloire, la matière elle-même est ainsi glorifiée, transfigurée. Nous en connaissons déjà un avant-goût avec le pain et le vin de l’eucharistie, transfigurés en corps et sang du Christ. Toutes les créatures de l’univers matériel trouvent ainsi leur nature profonde. En toutes choses, Dieu peut être trouvé.
Voilà qui donne à l’homme une responsabilité majeure, celle de célébrer la transfiguration de l’univers. L’être humain, tout autant que roi, est prêtre, et donc homme de l’eucharistie. En offrant le pain et le vin, lors de la messe, c’est toute la matière de ce monde qui devient le corps du Christ.
Seul dans les steppes d’Asie, sans autel, sans pain, ni vin, Teilhard de Chardin a célébré la messe sur le monde. C’était le jour de la fête de la Transfiguration, en 1923. « Recevez, Seigneur, cette Hostie totale que la Création vous présente. » L’autel est la terre entière, l’hostie « le travail et la peine du monde » ; le calice la sève des « fruits broyés ». Par-delà l’hostie, l’action eucharistique s’étend au Cosmos lui-même. La Matière entière subit la grande consécration, sa transfiguration.
La transfiguration de l’univers en communion, en corps du Christ, est notre sacerdoce commun. La création, écrit saint Paul, a l’espérance qu’elle aussi sera délivrée de la corruption asservissante pour participer à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. (Ro 8,19-21) Il ne s’agit plus seulement de protéger la nature, mais de la libérer, libérer toutes les créatures de l’asservissement que lui font subir les humains.
Comme l’écrit le poète : « Toute la terre attend les enfants de la Grâce pour être libre enfin et allégée de sa tristesse ; et la mer rend l’amour par toutes ses vagues, et les forêts, et les champs, et les peuplades d’oiseaux rendent l’amour. » (Patrice de La Tour du Pin)
Abbé Marcel Villers
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