CLÉS POUR LIRE JEAN : 24. UNE PARTIE DE PÊCHE

Clés pour lire l’évangile de Jean

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Alleluia ! Il est ressuscité ! En ce temps pascal, jetons-nous à l’eau avec Simon-Pierre :  Jn 21,1-1

Une partie de pêche
Ils n’arrivaient pas à le tirer tellement il y avait de poissons. (Jn 21,6)

Les disciples sont revenus au point de départ, au bord de ce lac, où ils ont entendu le premier appel : Venez derrière moi. Ce jour-là, laissant leur filet et leur métier de pêcheurs, ils l’ont suivi. Aujourd’hui, ils sont de retour et ont repris leur filet. Ils avaient cru Jésus quand il leur avait promis : Je vous ferai pêcheurs d’hommes. Mais ils n’ont rien pris, leur Maître a échoué sur la croix et eux se sont retrouvés sur le bord du lac où tout avait commencé.

« Ils passèrent la nuit sans rien prendre » (21, 3). Premier signal qui leur rappelle leur première rencontre avec Jésus. Et, « au lever du jour, Jésus était là sur le rivage » (21,4). Retour en arrière ou nouveau commencement ? Sur sa parole, ils jetèrent le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le ramener, tellement il y avait de poissons. Alors ils le reconnaissent : « C’est le Seigneur » (21,7). Un deuxième signe leur en est fourni. « Jésus prend le pain et le leur donne » (21,13). Ce geste se renouvelle, lors de l’eucharistie, jusqu’à la fin des temps, jusqu’à ce jour où nous atteindrons le rivage où Jésus nous attend autour d’« un feu de braise » (21,9).

Le filet plein de 153 gros poissons
« Ce chiffre 153 a sans doute valeur symbolique. Saint Jérôme a observé que le chiffre représente toutes les espèces de poissons alors connues. Les commentateurs modernes y voient symbolisées la conversion du genre humain (Loisy), la foule des croyants gagnés par la prédication apostolique (Bultmann), la totalité des chrétiens de tous les temps et leur multitude (Boismard). Le filet qui contient les poissons symbolise l’Église universelle. « Il ne s’était pas déchiré » (21,11) : son intégrité figure l’unité de l’Église qui sera préservée malgré le grand nombre de chrétiens qui en feront partie au cours des âges (voir Jn 17, 11.22-23). Pierre seul tire le filet afin de souligner sa primauté dans l’Église qui sera mise en évidence dans l’épisode suivant où Jésus investit Pierre de la charge de son troupeau (voir Jn 21,15-17). (ACEBAC, Les Évangiles, 1983)

Abbé Marcel Villers

CLÉS POUR LIRE JEAN : 23. THOMAS LE CROYANT

Clés pour lire l’évangile de Jean

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Alleluia ! Il est ressuscité ! En ce temps pascal, renouvelons notre foi avec Thomas :  Jn 20,19-31.

Thomas, modèle de foi
Jésus vint et il était là au milieu d’eux. (Jn 20,19)

Thomas ne croit pas les autres sur parole. Il se méfie des évidences communes et des illusions collectives. Tous ont beau lui dire : « Nous avons vu le Seigneur » (20,25), Thomas veut se faire une opinion par lui-même, vérifier la matérialité du corps de Jésus, s’assurer que ce n’est pas un fantôme ou le produit d’une vision, être sûr que ce corps est bien celui de Jésus et non d’un quelconque revenant. Sur ce point, Thomas nous est proche.

Deux autres points nous séparent de lui. D’une part, l’apôtre demande une preuve, non de la divinité de Jésus, mais de son humanité. Il veut toucher le corps terrestre de Jésus, alors que nous, c’est l’extraordinaire, le merveilleux qui nous fascinent. D’autre part, Thomas a finalement vu ce qu’il voulait voir. Nous ne savons pas s’il a touché, mais il a vu les plaies aux mains et au côté. Cela n’est pas possible pour nous, mais Jésus s’empresse d’ajouter : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (20,29). La condition du croyant, c’est la non-vision.

Le premier jour de la semaine
Le premier jour de la semaine, pour le Nouveau Testament, est celui de la résurrection de Jésus, celui de la venue du Seigneur. Celle-ci se renouvelle lors du rassemblement liturgique des chrétiens, où la présence du Seigneur est réactualisée par la fraction du pain et l’envoi dans le monde. C’est le Jour du Seigneur, en latin « dies dominicus ».
Pour les Romains, le premier jour de la semaine est associé au soleil, dont on retrouve trace dans le néerlandais Zondag. Chaque jour fêtait une divinité, dans l’ordre : Sol, Luna, Mars, Mercurius, Jupiter, Venus et Saturnus, les sept planètes connues à Rome entre le Ier et le IIIe siècles. Ces noms latins sont encore ceux de notre calendrier. Le premier devint jour de repos sous Constantin, en 321 : « Au jour vénérable du soleil, que les magistrats et les habitants se reposent et que tous les ateliers soient fermés ». Du coup, le Jour du Seigneur des chrétiens devint chômé par tous sur décret de Chilpéric au VIe s. Du latin ecclésiastique « dies dominicus », le mot « dimanche » est apparu dans le calendrier à l’aube du XIIe s. sous la forme « denenche ». A compter du XIVe siècle, le mot dimanche, écrit « dymanche », prend le son qu’on lui connaît aujourd’hui et, au XVIIe siècle, son orthographe exacte. (D’après Alice DEVELEY, L’histoire secrète des jours de la semaine, 2017)

Abbé Marcel Villers

Le pape François « dans les bras du Père » en ce lundi de Pâques (màj avec vos réactions)

Des réactions à ce décès…

Homélie du cardinal Giovanni Batista (comme le saint patron de notre UP !) Ré, doyen du collège des cardinaux, lors des funérailles du pape François, qu’il présidait à Saint-Pierre au Vatican

(Extraits) Malgré sa fragilité dernière et sa souffrance, le pape François a choisi de suivre cette voie du don jusqu’au dernier jour de sa vie terrestre. Il a suivi les traces de son Seigneur, le bon Pasteur, qui a aimé ses brebis jusqu’à donner sa vie pour elles. Et il l’a fait avec force et sérénité, proche de son troupeau, l’Église de Dieu, en se souvenant de la phrase de Jésus citée par l’apôtre Paul : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20, 35).

Il a conservé son tempérament et sa manière de guider son troupeau, et a immédiatement imprimé sa forte personnalité dans la gouvernance de l’Église, en établissant un contact direct avec les individus et les populations, désireux d’être proche de tous, avec une attention particulière pour les personnes en difficulté, se dépensant sans compter, en particulier pour les plus démunis, les exclus. Il a été un pape parmi les gens, avec un cœur ouvert à tous. Il a également été un pape attentif à ce qui émergeait de nouveau dans la société et à ce que l’Esprit Saint suscitait dans l’Église.

Avec son vocabulaire caractéristique et son langage riche en images et en métaphores, il a toujours cherché à éclairer les problèmes de notre temps par la sagesse de l’Évangile, en offrant une réponse à la lumière de la foi et en encourageant à vivre en chrétiens les défis et les contradictions de ces années de changements, qu’il aimait qualifier de “changement d’époque”.

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CLÉS POUR LIRE LUC : 22. IL N’EST PAS ICI

Clés pour lire l’évangile de Luc

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile. Cette semaine, Lc 24, 1-12 de la nuit de Pâques.

Il n’est pas ici
Elles se rappelèrent les paroles qu’il avait dites.
Revenues du tombeau, elles rapportèrent tout aux Onze. (Lc 24, 8-9)

De la résurrection de Jésus ne sont perceptibles que quelques signes ténus : « la pierre roulée sur le côté du tombeau » (24,2), le corps absent, « les linges et eux seuls » (24,12) au fond du sépulcre. Voilà ce qui apparaît de l’extérieur, quelques traces qu’il faut encore interpréter. Tout ce que « Marie-Madeleine, Jeanne, et Marie, mère de Jacques, les autres femmes qui les accompagnaient » (24,10) et puis Pierre constatent, c’est que Jésus est mort sur une croix et que son corps a été mis dans un tombeau où il n’est plus.

Comment interpréter ces signes, ces traces ? C’est là toute l’importance des paroles de Jésus et des Écritures. « Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée : Il faut que le Fils de l’homme soit livré, crucifié et que le troisième jour, il ressuscite. » (24,6-7) A la lumière des paroles de Jésus, les signes s’éclairent. Le vide du tombeau, l’absence du corps prennent sens : « Il n’est pas ici, il est ressuscité. » (24,6)

Les femmes disciples de Jésus
« Les femmes occupent une place importante dans Luc. L’auteur ne souligne pas l’incongruité de la présence de ces femmes qui accompagnent Jésus et son groupe d’hommes, combien est stupéfiante la liberté que manifeste Jésus en prenant des femmes dans le groupe itinérant des disciples : Marie, appelée Madeleine, Jeanne, femme de Kouza, l’intendant d’Hérode, Suzanne et beaucoup d’autres qui les aidaient de leurs ressources (Lc 8, 2-3). Ces femmes seront au premier rang dans des moments clefs : lors de la mort en croix de Jésus et son ensevelissement (23, 49.55), puis au tombeau vide ; on retrouvera ces femmes avec les Douze dans la chambre haute avant la Pentecôte (Ac 1, 14). » (Hugues COUSIN, L’évangile de Luc, 1993)

Abbé Marcel Villers