CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 34. A CAUSE DE MOI

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu. Aujourd’hui : Mt 10, 37-42 du 13e dimanche ordinaire.

34. A CAUSE DE MOI

Qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera. (Mt 10,39)

« Qui aime son père ou sa mère, son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. » (10,37) Voilà la condition que pose Jésus à qui veut être son disciple. Et il ajoute qu’il faut en plus prendre sa croix (10,38). A entendre de telles conditions, on comprend facilement qu’il perd sa vie celui qui devient disciple de Jésus. Mais c’est bien ce que Jésus demande : perdre sa vie à cause de lui plutôt que de la garder pour soi. On ne peut être plus radical.

Il faut choisir. Il ne s’agit pas ici de choisir des valeurs, ou un mode de vie, ou une religion, mais une personne : Jésus. C’est bien là ce qui caractérise le christianisme : avant d’être une morale, une doctrine, un culte, il est d’abord un attachement, un lien amoureux à une personne bien précise : Jésus de Nazareth. Être chrétien, c’est être avec Jésus. Nul n’a choisi son père ou sa mère. Jésus, lui, doit être choisi. Au principe de la vie du chrétien, il y a une décision personnelle, un choix de vie. Ce que nous appelons la foi.

Choisir entre deux maisons
Choisir Jésus implique un déchirement et une division au sein même de la famille. Le païen converti à la foi chrétienne devra refuser de s’associer au culte des ancêtres, à la vénération des dieux familiaux. De même, le citoyen romain se verra contraint de renoncer aux sacrifices publics et civiques, particulièrement au culte de l’empereur, qui s’imposent à tout citoyen reconnu par Rome. Enfin, le chrétien d’origine juive renoncera à participer à tout sacrifice offert au temple de Jérusalem. Il est évident que ces choix radicaux ne sont pas sans conséquences sur les relations au sein de la maison familiale comme de la vie en société.

Abbé Marcel Villers

CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 33. Compter les cheveux

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu. Aujourd’hui : Mt 10, 26-33 du 12e dimanche ordinaire.

33. VOS CHEVEUX SONT COMPTÉS

Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme. (Mt 10,28)

Jésus sait que les hommes ont peur et il les invite au courage le plus décisif, celui d’affronter la mort. Sa parole est claire, il fait entrevoir la persécution et la mort à ceux qui feront retentir sur les toits les éclats de l’Évangile. « Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière » (10,27).
« Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui » (10,32) Il annonce ainsi que, pour ces hommes, lui-même se dressera et témoignera devant le Père des Cieux. Ce Père qui compte tendrement les cheveux de ses enfants. « Soyez donc sans crainte » (10,31).

Les persécutions des chrétiens
Dans notre esprit, l’expression évoque spontanément les chrétiens jetés aux lions. En fait, il y a eu plus de chrétiens martyrs et persécutés au XXe siècle que dans les dix-neuf siècles précédents. À l’heure actuelle, pas moins de 327 millions de chrétiens vivent dans des pays affectés par des persécutions religieuses. Il y a différents types de persécutions. Cela commence par l’intolérance, qui se traduit par des moqueries, des commentaires hostiles dans les médias, etc. Vient ensuite la discrimination qui traite les chrétiens autrement que les autres citoyens. Enfin, il y a la persécution proprement dite : les chrétiens sont arrêtés, détenus, envoyés dans des camps de travail, torturés et même exécutés.

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire Matthieu : 28. Rendez-vous

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu. La liturgie de l’Ascension nous en fait lire la finale de l’évangile : Mt 28, 16-20.

28. Le rendez-vous

Les Onze s’en allèrent où Jésus leur avait ordonné de se rendre. (Mt 28, 13)

Le rendez-vous a été donné par Jésus ressuscité aux femmes. « Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront » (28,10).
Pourquoi la Galilée ? Cette terre frontière, mêlée de populations d’origines diverses, symbolise le monde païen et donc la destination universelle de la bonne nouvelle de la résurrection de Jésus. Voilà la mission des disciples : annoncer au monde la réalité du salut manifesté en Jésus ressuscité.

« Quand ils le virent, certains eurent des doutes » (28,17). Le motif du doute est un élément habituel dans les récits des apparitions du Christ ressuscité. C’est qu’il s’agit de croire et non de soumission à une évidence. Le Ressuscité ne s’impose pas, il s’offre à notre foi, à notre liberté, à notre décision.

La montagne
« Les onze s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre » (28,13). « On revoit la montagne où le démon montrait à Jésus tous les royaumes de la terre, le mont des Béatitudes où le Maître proclamait la charte du royaume et la montagne de la transfiguration où se manifesta la gloire du Fils de l’homme ; et sur tout cela, l’ombre du Mont Nébo (Dt 34) où Moïse fit ses adieux quand son peuple allait entrer en terre promise. » (Claude TASSIN, L’Évangile de Matthieu, 1991) C’est sur la montagne, enfin, que le Christ ressuscité donne ses consignes pour le temps à venir, jusqu’à la fin du monde.

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire Matthieu : 22. Au tombeau

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Matthieu. Cette semaine : Mt 28, 1-10 de la nuit pascale.

AU TOMBEAU : DEUX FEMMES ET UN ANGE

Vous cherchez Jésus le Crucifié, il n’est pas ici. (Mt 28, 5-6)

Tandis que deux femmes se rendent au tombeau, tout reste enveloppé dans la pénombre du petit matin et la tristesse des cœurs. Mais, au tombeau, un ange de lumière, « il avait l’aspect de l’éclair, et son vêtement était blanc comme neige. » (28, 3) Comme lors de la mort de Jésus, d’étranges phénomènes se produisent : la terre tremble, la pierre qui scelle le tombeau est roulée, les soldats de garde « deviennent comme morts. » (28, 4)

Le tombeau est ouvert et vide. Reste à voir : un ange assis sur la pierre roulée. Au tombeau où nous ne voyons que décomposition et ténèbres, les femmes voient un ange de lumière. On ne peut voir un ange qu’avec les yeux de l’amour, de la fidélité comme ces femmes restées fidèles à Jésus au-delà de la mort. En chaque être, resplendit un ange de lumière, une beauté que rien, pas même la mort, ne peut éteindre.

Reste à entendre une promesse : « Il vous précède en Galilée, là vous le verrez. » (28, 7) Jésus est le premier, il nous précède dans cette Galilée où tout a commencé. A notre tour de lui emboîter le pas, de parcourir son chemin, depuis la Galilée jusqu’à Jérusalem pour y mourir et ressusciter. Il est le chemin qui conduit à la vie.

Dieu qui vous a fait lever comme des vivants revenus de la mort, a le pouvoir de vous faire marcher dans cette vie nouvelle. (Cyrille de Jérusalem, 315-387)

A chacune et à chacun, joyeuses Pâques !

Abbé Marcel Villers