SOURCES : 30. CHRIST EN GLOIRE

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.

Abbé Marcel Villers

30. CHRIST GLORIEUX

« Christ glorieux,
influence secrètement diffuse au sein de la matière,
et centre éblouissant où se relient les fibres sans nombre du multiple,
puissance implacable comme le monde et chaude comme la vie,
vous dont le front est de neige, les yeux de feu,
les pieds plus étincelants que l’or en fusion,
vous dont les mains emprisonnent les étoiles,

Vous êtes le premier et le dernier,
le mort, le vivant
et le ressuscité,

Vous qui rassemblez en votre unité exubérante
tous les charmes, tous les goûts,
toutes les forces, tous les états,
c’est vous que mon être appelait
d’un désir aussi vaste que l’univers,
vous êtes vraiment : mon Seigneur et mon Dieu ! » (Pierre Teilhard de Chardin, La messe sur le monde, 1923)

        

Pierre TEILHARD DE CHARDIN (1881- 1955) prêtre jésuite français, paléontologue, théologien et philosophe. Autant scientifique que mystique, il voit la résurrection comme un événement cosmique qui fait du Christ le centre universel. 

Clés pour lire Matthieu : 28. Rendez-vous

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu. La liturgie de l’Ascension nous en fait lire la finale de l’évangile : Mt 28, 16-20.

28. Le rendez-vous

Les Onze s’en allèrent où Jésus leur avait ordonné de se rendre. (Mt 28, 13)

Le rendez-vous a été donné par Jésus ressuscité aux femmes. « Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront » (28,10).
Pourquoi la Galilée ? Cette terre frontière, mêlée de populations d’origines diverses, symbolise le monde païen et donc la destination universelle de la bonne nouvelle de la résurrection de Jésus. Voilà la mission des disciples : annoncer au monde la réalité du salut manifesté en Jésus ressuscité.

« Quand ils le virent, certains eurent des doutes » (28,17). Le motif du doute est un élément habituel dans les récits des apparitions du Christ ressuscité. C’est qu’il s’agit de croire et non de soumission à une évidence. Le Ressuscité ne s’impose pas, il s’offre à notre foi, à notre liberté, à notre décision.

La montagne
« Les onze s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre » (28,13). « On revoit la montagne où le démon montrait à Jésus tous les royaumes de la terre, le mont des Béatitudes où le Maître proclamait la charte du royaume et la montagne de la transfiguration où se manifesta la gloire du Fils de l’homme ; et sur tout cela, l’ombre du Mont Nébo (Dt 34) où Moïse fit ses adieux quand son peuple allait entrer en terre promise. » (Claude TASSIN, L’Évangile de Matthieu, 1991) C’est sur la montagne, enfin, que le Christ ressuscité donne ses consignes pour le temps à venir, jusqu’à la fin du monde.

Abbé Marcel Villers

Année liturgique : Assomption de Marie

Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie (15 août)

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Malgré la discrétion des Évangiles, les chrétiens ont rapidement voulu célébrer Marie et ses derniers moments, comme ils le faisaient pour honorer leurs saints. Une croyance se répand, celle de son « endormissement » – sa Dormition disent les orthodoxes – qui consiste en son élévation, corps et âme, au ciel par Dieu. « Assomption » ne vient pas du verbe latin « ascendere » (monter, s’élever), qui a donné « Ascension », mais de « assumere » (assumer, enlever). L’étymologie souligne l’initiative divine : Marie ne s’élève pas toute seule vers le ciel, c’est Dieu qui fait le choix de l’assumer, corps et âme, en la réunissant à son Fils.

« Aujourd’hui, la Vierge Marie, la Mère de Dieu, est élevée dans la gloire du ciel : parfaite image de l’Église à venir, aurore de l’Église triomphante, elle guide et soutient l’espérance de ton peuple encore en chemin. Tu as préservé de la dégradation du tombeau le corps qui avait porté ton propre Fils et mis au monde l’auteur de la vie. » (Préface de l’Assomption) Telle est notre foi proclamée de façon solennelle par le Pape Pie XII le 1er novembre 1950. (Constitution Munificentissimus Deus)

Historiquement, la fête de l’Assomption de Marie est beaucoup plus ancienne puisque célébrée déjà dans l’antiquité chrétienne. En effet, une fête liturgique de l’Assomption existe à Jérusalem dès le VIe siècle. Un décret de l’empereur byzantin Maurice (582-602) instaure la fête obligatoire de la Dormition de la Vierge Marie le 15 août. Cette date correspondrait à la dédicace d’une église à cette intention.

La fête est introduite en Occident sous l’influence du pape Théodose, au VIIe siècle, et prend le nom d’Assomption à partir du siècle suivant. Vers l’an 700, le pape Serge 1er institue à Rome une procession lors de la fête de l’Assomption. Enfin la fête de l’Assomption est citée sous ce nom en 813 par le Concile de Mayence (813) parmi les fêtes d’obligation.

Cette fête est donc alors installée en Gaule où elle est célébrée le 18 janvier. En 847, elle est dotée d’une vigile à Rome, ce qui signifie l’importance liturgique et spirituelle qui lui est ainsi accordée.

En 1638, le roi de France, Louis XIII, après la naissance de son fils, consacre son royaume à Marie et fait du 15 août une fête dans toute la France. Napoléon en fera sa fête patronale et un jour férié encore reconnu aujourd’hui en France depuis le concordat de 1801.

Dans l’église de Theux, une représentation de l’Assomption (en tête de l’article) est l’œuvre du peintre allemand Joannes Freesingher qui réalisa, en 1681, les peintures du plafond du chœur de cette église. Il s’agissait alors de répondre à la contestation des protestants au sujet de la dévotion à Marie.

Abbé Marcel Villers

 

 

 

FÊTES LITURGIQUES : L’ASCENSION

L’Ascension

Dès le IIe s., la fête de Pâques est prolongée cinquante jours pour s’achever à la Pentecôte qui, littéralement, signifie cinquante. Cette cinquantaine constitue le temps pascal qui fait le lien entre deux grandes fêtes chrétiennes qui sont aussi des fêtes juives, reprises par l’Église et réinterprétées en fonction de la destinée du Christ. Au IVe s., on va organiser ce temps pascal en fonction de la chronologie des Actes des Apôtres qui fixe la montée de Jésus au ciel « quarante jours » après sa résurrection (Ac 1,3. 9) et donc dix jours avant la Pentecôte et la descente du Saint-Esprit (Ac 2,1). Plutôt que de célébrer globalement le mystère pascal pendant cinquante jours, comme ce fût le cas les premiers siècles, l’Eglise va mettre en évidence les trois moments indiqués par le livre des Actes : Résurrection, Ascension et Pentecôte. On fixe un jour pour leur commémoration. Ce sont les trois fêtes qui actuellement ponctuent le temps pascal.

La fête de l’Ascension apparaît dans la seconde moitié du IVe s. en Palestine. Elle est célébrée au siècle suivant par toutes les Eglises. Une vigile de l’Ascension apparaît au VIIe s. Elle sera abandonnée lors de la réforme liturgique qui suivit le Concile Vatican II.

L’Ascension est la commémoration de la montée de Jésus aux cieux, ainsi que le formule notre Credo. Les cieux dans la Bible désignent le monde de Dieu. La montée dont il s’agit n’est pas à comprendre matériellement. Elle signifie que Jésus est élevé, exalté au niveau de Dieu lui-même. Du monde des morts, Jésus passe dans le monde de Dieu. Il est désormais chez son Père. Il partage la vie même de Dieu, une vie que la mort ne peut atteindre. Si à Pâques, on célèbre la sortie du tombeau, l’Ascension nous indique où Jésus est allé : auprès de Dieu. Désormais, « il est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant ». Être assis à la droite de quelqu’un, c’est être à égalité avec lui. Jésus est donc mis sur un pied d’égalité avec Dieu. Il partage toute la puissance de Dieu.


Comme le résume une des préfaces de la fête de l’Ascension, le Christ « ne s’évade pas de notre condition humaine, mais en entrant le premier dans le Royaume, il donne aux membres de son corps l’espérance de le rejoindre un jour. »

Abbé Marcel Villers
Illustration : Plafond du choeur de l’église de Theux 1681