Entre Ascension et Pentecôte
Ce dimanche est le moment favorable pour m’adresser encore à vous, paroissiens de la Fenêtre de Theux ainsi qu’à ceux et celles qui nous rejoignent régulièrement…
Moment favorable pour nourrir notre espérance dans le Christ Jésus, lui qui vit et nous accompagne en ces temps particuliers… Cette nourriture ne nous est pas uniquement destinée car, comme l’écrit Saint Pierre, « soyons prêts à rendre compte de l’espérance qui est en nous » (1 P).
La semaine dernière, la météo ne s’est pas montrée très favorable au contraire de celle de cette semaine. Le temps météorologique lié au temps qui passe m’amène à vous partager cette citation de Claire de Saint Lager : Le temps n’est pas simplement linéaire, il roule en rythme circulaire, comme une respiration, il est fait d’apparitions et de disparitions, de rendez-vous et de silence, d’échanges et de solitude. Les saisons se succèdent, l’hiver annonce le printemps à venir. Mais sans le repli de l’hiver, sans ce repos de la nature qui, sous le tapis de gel, puise en profondeur de la nature, il ne peut y avoir de renaissance au printemps (Comme des colonnes sculptées, Ed. de l’Emmanuel).
Notre année liturgique qui se développe dans le temps chronologique inclut cette dimension du cycle. Souvent, elle est représentée en forme de spirale. Elle est un mouvement qui donne un sens unique. Elle est la proposition toujours nouvelle d’incarner dans notre espace des moments uniques, des occasions à saisir… Qui dit qu’à l’église, c’est toujours la même chose ? Celui ou celle qui ne voit dans le rite, dans les textes, qu’un extérieur, un objet, alors que le disciple, le croyant, y nourrit son attachement au Christ Jésus, lui « qui est venu par l’eau et par le sang : pas seulement l’eau mais l’eau et le sang » (1 Jn 5, 5-6a). Autrement pas de vie spirituelle authentique pour le chrétien sans le concret, l’épaisseur de la chair et le poids de ce qui est de la terre. En ces jours, parce que notre tradition inclut cette dimension, nous l’éprouvons. Parce que nos sacrements ont toujours un lien avec le corps, nous demeurons dans l’attente. N’est-ce pas un signe que nos messes à l’église et nos baptêmes seront abordés dans le même timing que nos repas aux restaurants et notre verre en terrasse ?
Vers Emmaüs, Jésus marche avec les disciples pour pouvoir leur parler au cœur et à l’esprit et c’est à la fraction du pain, à l’auberge, que leurs yeux s’ouvrent. C’est encore dans la rencontre de leurs frères au retour à Jérusalem qu’ils sont confirmés dans leur expérience et leur joie. Quoi de plus concret que la marche, le repas, le visage de l’autre ? Ainsi, Jésus utilise notre expérience de vie actuelle pour nous rejoindre. Expérience liée au déroulement liturgique. « Les jours qui s’écoulèrent entre la résurrection et son ascension, mes biens aimés, n’ont pas été dépourvus d’événements » écrit saint Léon le Grand, « de grands mystères y ont reçu leur confirmation, de grandes vérités y ont été révélées ». Serons-nous là au bon moment pour nous laisser toucher par le Seigneur quand il passe dans sa Providence ? C’est important car « si bien que lorsque le Seigneur partit vers les hauteurs des cieux, poursuit Léon, ils ne furent affectés d’aucune tristesse mais comblés d’une grande joie ».
Jésus parti, c’est l’Esprit qui prend le relais ! Bénis sommes-nous depuis notre baptême ! « Il nous ramène… à notre beauté primitive. Il nous comble tellement de sa grâce que nous n’avons plus de place pour accueillir tout ce qui serait indigne de notre désir » (Didyme d’Alexandrie). L’eau concrète du baptême a touché notre front ainsi que l’huile sainte ; notre humanité s’en retrouve renouvelée au plus profond. « Vraiment, personne à moins d’être engendré de l’eau et de l’Esprit ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » dit Jésus et il ajoute : « Si vous ne redevenez comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume ! ». L’enfant rêve et joue, mais il est très concret quand il exprime sa tendresse, sa confiance voire sa détresse dans les bras de ses parents. L’enfant en lui-même est comme une parabole dont la pointe est l’unité du visible et de l’invisible. En ces jours devant la Pentecôte, comme chaque année, malgré les circonstances, le temps nous est donné, il est favorable. « Le feu spirituel est aussi capable de nous baigner et l’eau spirituelle est capable de nous refondre », soutient encore Didyme en « bon père » de l’Église (Office des lectures, lundi II).
La mythologie identifie le temps linéaire à Chronos (Saturne), le dieu aveugle qui dévore ses enfants. « Nous vivons dans une course au rythme effréné des jours, convaincus que rien ne peut l’arrêter, craignant tout ralentissement ou toute pause » (José Tolentino de Mendoça). Eh bien, nous voilà en pause, si plus tout à fait, en fort ralentissement. Alors ? « Le temps peut se vivre comme une réalité qualitative c’est-à-dire qu’il peut être défini comme le « temps de », le « temps pour ». Ce qui est souligné n’est pas tant la durée, poursuit le bibliothécaire du Vatican (La Vie, 3896), que le moment propice, le moment décisif, l’heure de la réception de la grâce capable de changer les référentiels du monde. SI cela se produit, le chronos a été transformé en kairos ».
Kairos est l’inattendu du temps qui arrive, qui est donné, qui parfois, passe et repasse. Il est représenté dans la mythologie grecque sous la forme d’un adolescent qui arbore une abondante mèche frontale. Mèche qui permet de le saisir au vol…
Nous l’aurons compris. Il n’y pas de temps à perdre mais du temps à accueillir. Il est favorable pour nous apporter la joie et la vie. Il y aura une ou des occasions à saisir cette semaine, n’en doutons pas.
DIEU QUI FAIS TOUTES CHOSES NOUVELLES
QUAND PASSE LE VENT DE L’ESPRIT,
VIENS ENCORE ACCOMPLIR TES MERVEILLES AUJOURD’HUI …
L’ESPRIT NOUS ENTRAÎNE EN SON CHANT.
C’EST TA VOIX, Ô SEIGNEUR, SUR LA TERRE MAINTENANT
(Hymne de l’office divin)
Jean-Marc,
votre curé
Bonjour Monsieur le Curé, J’espère que vous allez bien. Le samedi c’est le jour du petit mot de notre Curé. Oui votre mot est maintenant entré dans mes habitudes. Il arrive toujours dans l’après-midi (temps de repos, lecture, réflexions) entre deux activités « ménage ». J’aime beaucoup les différentes couleurs dans le texte, elles soulignent les éléments importants en gardant le fil conducteur. Le temps passait trop vite et personne ne savait sur quel bouton il fallait pousser pour ralentir le rythme. Ce virus nous permet de réfléchir un peu plus, de savourer les grâces que Dieu nous donne (et que d’habitude nous n’apprécions pas) sans oublier les émotions que l’Esprit Saint nous souffle lorsque nous regardons la messe à la TV et que nous comprenons mieux encore le cadeau que Dieu nous fait dans le Pain de Vie. En tout sincérité, je pense que ce petit mot va nous manquer quand nous reprendrons une vie PLUS ou MOINS normale… Monsieur le Curé que Notre Dieu Amour vous garde dans la santé et la paix. Bisous. Françoise