SOURCES : 165 ABANDON A DIEU

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité. Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement. Méditons en ce temps d’Avent sur le mystère de l’Incarnation.

Abandon à Dieu

« La condition sociale de Jésus.
En premier lieu, il exerce le  métier d’artisan ou de charpentier.
Il s’agit de personnes vivant du travail manuel.
N’étant pas propriétaires de terres,
ils sont considérés comme inférieurs aux paysans.

Lorsque le petit Jésus est présenté au Temple par Jésus et Marie,
ses parents offrent une paire de tourterelles ou de colombes
qui, selon les prescriptions du Lévitique,
était l’offrande des pauvres.

Un épisode évangélique assez significatif (Mc 2, 23-28)
nous raconte comment Jésus, avec ses disciples,
cueille des épis pour se nourrir en traversant un champ,
et cela, glaner dans les champs,
n’était permis qu’aux pauvres.

Jésus lui-même dit à son sujet :
« Les renards ont des tanières
et les oiseaux du ciel ont des nids ;
le Fils de l’homme n’a pas où reposer la tête. » (Mt 8, 20)

Il est, en effet, un maître itinérant
dont la pauvreté et la précarité
sont le signe de son lien avec le Père,
et qui sont exigées aussi de ceux qui veulent
le suivre sur le chemin du disciple,
précisément pour que le renoncement
aux biens, aux richesses et aux sécurités de ce monde
devienne un signe visible
de l’abandon à Dieu et à sa providence. »

Léon XIV, Dilexi te, 4 octobre 2025, n° 20.

CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 4. NE CRAINS PAS JOSEPH

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Matthieu. Cette semaine : Mt 1, 18-24 du 4ème dimanche de l’Avent.

Comment fut engendré Jésus Christ
Joseph, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse.
(Mt 1, 20)

« Joseph, son époux, était un homme juste » (1, 19), c’est-à-dire un homme religieux qui n’a qu’un désir : se soumettre en tout à la volonté de Dieu. Puisque l’enfant porté par Marie vient de l’Esprit Saint » (1, 20), alors Joseph ne peut mettre la main dessus, ne peut s’arroger ce qui appartient à Dieu et à lui seul.

Mais Dieu lui donne mission, non pas de s’effacer, mais de tenir sa place d’époux près de Marie et de veiller paternellement sur l’enfant. Si Marie met au monde, c’est Joseph qui donne le nom, c’est-à-dire une identité sociale à cet enfant. Mais quel nom ? La question est capitale puisque le nom nous permettra de savoir qui est l’enfant de Marie, quelle est sa mission. Deux noms apparaissent : « Jésus, c’est-à-dire : le Seigneur sauve » (1,21) et « Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous. » (1, 23)

L’évangile de l’enfance selon Matthieu
Matthieu raconte l’enfance de Jésus du point de vue de Joseph, Luc plutôt du point de vue de Marie ; les perspectives sont différentes, les épisodes ne sont pas les mêmes. Chez Matthieu, pas d’annonciation, pas de nativité, pas de bergers, pas d’anges, pas de Jésus au Temple ni parmi les docteurs. Autant, en Luc, tout chante la joie et la gloire, autant chez Matthieu, l’atmosphère est plus sombre : Joseph veut s’éloigner de Marie, les Mages surprennent Hérode qui se découvre un concurrent, la furie d’Hérode entraîne la fuite et l’exil de Jésus, le massacre des innocents ; ce sera enfin le retour de Jésus, mais en Galilée par crainte du successeur d’Hérode. Dans toutes ces péripéties, le héros est indubitablement Joseph, figure d’Israël qui accueille, protège et prend soin de Jésus-Messie.

Abbé Marcel Villers

SOURCES : 164 LE MESSIE PAUVRE

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité. Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement. Méditons en ce temps d’Avent sur le mystère de l’Incarnation.

Le Messie pauvre

« L’Évangile montre que la pauvreté touchait tous les aspects de la vie du Christ. Dès son entrée dans le monde, Jésus fait l’expérience des difficultés liées au rejet. L’évangéliste Luc, racontant l’arrivée à Bethléem de Joseph et de Marie, alors sur le point d’accoucher, observe avec regret : Il n’y avait pas de place pour eux.

Jésus naît dans d’humbles conditions ;
dès sa naissance, il est couché dans une mangeoire,
et très tôt, pour le sauver de la mort,
ses parents fuient en Égypte.

Au début de sa vie publique,
il est chassé de Nazareth, après avoir annoncé
l’accomplissement en lui de l’année de grâce
dont se réjouissent les pauvres.

Il n’y a pas de lieu accueillant,
même pour sa mort.
Ils le conduisent hors de Jérusalem pour le crucifier.

C’est à cette condition que l’on peut résumer
de manière claire la pauvreté de Jésus.
Il s’agit de la même exclusion
qui caractérise la définition des pauvres :
ils sont les exclus de la société.

Jésus est la révélation de ce privilegium pauperum.
Il se présente au monde
non seulement comme le Messie pauvre,
mais aussi comme le Messie des pauvres et pour les pauvres. »

Léon XIV, Dilexi te, 4 octobre 2025, n° 19.

CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 3. ES-TU CELUI QUI DOIT VENIR ?

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire (parution le mercredi matin), nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Matthieu. Cette semaine : Mt 11, 2-11 du 3ème dimanche de l’Avent.

Es-tu celui qui doit venir ?
Allez annoncer ce que vous entendez et voyez. (Mt 11, 4)

Et qu’entendons-nous ? Que voyons-nous ? Tout simplement rien. Nous n’entendons rien de nouveau, nous ne voyons rien de changé. Nous sommes sourds et aveugles. Mais justement, c’est cela que Jésus est venu changer : nous ouvrir les yeux et les oreilles pour que nous puissions voir et entendre. Avec Jésus, les aveugles voient, les boiteux marchent, les sourds entendent. C’est d’abord nous, les aveugles, les sourds, les boiteux.

Ouvrez vos yeux et vos oreilles, mettez-vous en route. C’est Jésus, la Bonne Nouvelle pour les pauvres, les prisonniers, les aveugles, les opprimés, ceux qui ont faim, qui pleurent, sont haïs et rejetés. Tous ces « pauvres » sont heureux parce que Dieu, en Jésus, se fait proche d’eux.

Jean et Jésus
L’attitude de Jésus, faite de compassion et de bonté, correspondait mal aux exhortations sévères de Jean-Baptiste qui voyait la cognée du Messie déjà à la racine des arbres (Mt 3, 10) ; d’où la question inquiète de Jean : « Es-tu celui qui vient ? », le Messie. Derrière cette interrogation se laisse voir la concurrence entre les communautés issues de Jean le baptiste et celles issues de Jésus : qui est le Messie ? On sait que Jean fut le maître de Jésus et qu’entre eux, les affinités étaient importantes. Cela est vite devenu gênant pour les premiers chrétiens. On admettait mal que Jésus se soit soumis au baptême de Jean en vue du pardon des péchés. Ce conflit conduira les chrétiens à subordonner le Baptiseur à Jésus, ce que met en forme Matthieu (11, 7-14) qui situe Jean comme un grand prophète, mais le plus petit dans le Royaume des cieux.

Abbé Marcel Villers