CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 50. LE DENIER

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 22, 15-21 du 29e dimanche ordinaire.

Le denier de César
« Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? » (Mt 22,20)

Jésus est à Jérusalem, on cherche à le piéger, le prendre en faute. La Passion se profile. « Est-il permis de payer l’impôt à César ? » (22,17) Si Jésus répond oui, il se coupe des masses qui ne supportent pas l’oppression des Romains ; s’il répond non, alors il fournit lui-même le motif pour le dénoncer auprès de l’autorité occupante. Le piège est dans le oui ou non. Jésus le déjoue en introduisant un troisième terme : Dieu.

« Rendez à César ce qui est à César », autrement dit la monnaie de sa pièce, rendez-lui son argent. Réponse ambigüe : payer l’impôt ou se débarrasser de toute monnaie romaine ?
« Rendez à Dieu ce qui est à Dieu », c’est-à-dire tout et surtout le culte qui lui est dû car il est le seul digne d’être adoré. Voilà qui sonnait juste aux destinataires de l’évangile de Matthieu qui connaissaient la persécution parce qu’ils refusaient de rendre un culte à César.

Une pièce d’un denier
« Montrez-moi la monnaie de l’impôt. Ils lui présentèrent une pièce d’un denier. » (22, 19) « A l’époque de Jésus, l’unité monétaire de base était le denier d’argent. Pour les besoins quotidiens, on se servait de pièces de cuivre, dont le sesterce qui valait un quart du denier. L’impôt le plus impopulaire était celui sur la personne ou capitation (tributum capitis). Il représentait environ un jour de salaire d’ouvrier : un denier romain par tête. « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? » (22, 20) De nombreux deniers frappés par les empereurs Auguste et Tibère portaient leur effigie. Comme l’une des pièces frappées par Tibère était particulièrement répandue à l’époque, il est possible qu’elle ait été identique à celle montrée à Jésus. » (A. MILLARD, Trésors des temps évangéliques, 1990)

Abbé Marcel Villers

Fêtes et temps liturgiques : la Toussaint

LA TOUSSAINT

A l’origine du culte des saints, il y a celui des martyrs, dont l’anniversaire de la mort est célébré chaque année par la communauté réunie autour de leur tombe. Le culte des martyrs n’est en fait qu’une variété du culte des morts. La différence consiste en ce que « les réunions d’anniversaire rassemblent non seulement la famille mais toute la communauté locale, et se poursuivent non plus pendant une ou deux générations mais indéfiniment. » (P. Rouillard, Le culte des saints au temps des Pères, in Assemblées du Seigneur, n°89, Bruges, 1963, p.73)

C’est en Orient que les martyrs ont d’abord été honorés, dès le 2e s., d’un culte spécifique. A Rome, ce sera au 3e s. Jusqu’au milieu du 4e s., on ne vénère un martyr que sur sa tombe par un culte purement local. Dans le courant des 5e et 6e s., en Orient comme en Occident, on en vient à fêter des martyrs venant d’autres Églises. « Ces fêtes sont nées à l’occasion de l’arrivée de reliques. La translation et la distribution des reliques ont été les facteurs déterminants de l’extension géographique du culte des martyrs. » (Rouillard, p.83) A côté des martyrs, on va aussi célébrer les évêques, puis les apôtres. Ainsi, on passe progressivement d’une célébration de type funéraire à une fête, d’un culte local à une reconnaissance universelle, des martyrs aux saints de tous ordres.

Les dernières grandes persécutions, au 4e s., font des milliers de martyrs, en Orient surtout, ce qui rendit impossible toute commémoration individuelle. Aussi, dès la fin du 4e s., l’Église syrienne met en place une fête commémorant cette multitude de tous les saints. Sous l’influence de l’Orient, au 5e s., Rome fête tous les saints le premier dimanche après la Pentecôte, au terme des célébrations pascales. C’est, en effet, le mystère même de Pâques, mystère de mort et de résurrection, que nous célébrons en commémorant tous les saints. A la suite du Christ, ils sont passés, par la croix, à la gloire de Dieu. « Foule immense que personne ne peut dénombrer, debout devant le Trône » (Ap 7,9).

Cette fête est reportée au 1er novembre lorsque saint Grégoire (590-604), grand organisateur de la liturgie romaine, fixe les Quatre-Temps (trois jours de jeûne et de prière) de printemps (en lien avec les moissons) à la semaine de la Pentecôte. Comme la fête de Toussaint attirait les foules, il a semblé préférable de la célébrer quand moissons et vendanges sont terminées.

Peu après, en 609, le Pape Boniface IV (608-615) institue le 13 mai une fête commémorant « la consécration du Panthéon romain, transformé en église chrétienne (photo ci-contre), et la translation de nombreuses reliques dans cet édifice » (Missel de l’Assemblée chrétienne, Bruges, 1964, p. 1660) à la place de tous les dieux dont les statues ornaient ce temple. Boniface IV lui donna le nom de Sainte-Marie-aux-Martyrs. La prétention de la Rome antique à réunir tous les dieux connus devient avec l’Église celle de rassembler en son sein tous les saints. En 835, le Pape Grégoire IV (827-844) fusionne les deux fêtes dans la célébration que nous connaissons aujourd’hui.

La Toussaint est une célébration de l’unité de l’Église, formée de cette foule immense rassemblée en un seul corps, celui du Christ, unissant l’Église de la terre à celle des saints du ciel, pour chanter la gloire de Dieu.

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Matthieu : 48. le denier

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 22, 15-21 du 29e dimanche ordinaire.

48. Le denier de César

« Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? » (Mt 22,20)

Jésus est à Jérusalem, on cherche à le piéger, le prendre en faute. La Passion se profile. « Est-il permis de payer l’impôt à César ? » (22,17) Si Jésus répond oui, il se coupe des masses qui ne supportent pas l’oppression des Romains ; s’il répond non, alors il fournit lui-même le motif pour le dénoncer auprès de l’autorité occupante. Le piège est dans le oui ou non. Jésus le déjoue en introduisant un troisième terme : Dieu.

« Rendez à César ce qui est à César », autrement dit la monnaie de sa pièce, rendez-lui son argent. Réponse ambigüe : payer l’impôt ou se débarrasser de toute monnaie romaine ?

« Rendez à Dieu ce qui est à Dieu », c’est-à-dire tout et surtout le culte qui lui est dû car il est le seul digne d’être adoré. Voilà qui sonnait juste aux destinataires de l’évangile de Matthieu qui connaissaient la persécution parce qu’ils refusaient de rendre un culte à César.

Une pièce d’un denier

« Montrez-moi la monnaie de l’impôt. Ils lui présentèrent une pièce d’un denier. » (22, 19) « A l’époque de Jésus, l’unité monétaire de base était le denier d’argent. Pour les besoins quotidiens, on se servait de pièces de cuivre, dont le sesterce qui valait un quart du denier. L’impôt le plus impopulaire était celui sur la personne ou capitation (tributum capitis). Il représentait environ un jour de salaire d’ouvrier : un denier romain par tête. « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? » (22, 20) De nombreux deniers frappés par les empereurs Auguste et Tibère portaient leur effigie. Comme l’une des pièces frappées par Tibère était particulièrement répandue à l’époque, il est possible qu’elle ait été identique à celle montrée à Jésus. » (A. MILLARD, Trésors des temps évangéliques, 1990)

Abbé Marcel Villers