SOURCES : 35. Bassins et canaux

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

35. BASSINS ET CANAUX

« La sagesse consiste à jouer le rôle d’un bassin et non pas d’un canal.
Un canal rend presque immédiatement ce qu’il reçoit, un bassin au contraire attend d’être rempli pour alors communiquer sans dommage ce dont il surabonde.

Dans l’Église d’aujourd’hui, nous ne manquons vraiment pas de canaux, mais bien de bassins. Si grand est l’amour de ceux par qui ruissellent sur nous les eaux du ciel, qu’ils veulent répandre avant d’être remplis !

Ils sont plus pressés de parler que d’écouter, prompts à enseigner ce qu’ils n’ont pas appris, brûlant de guider les autres alors qu’ils ne savent même pas se conduire eux-mêmes.

Pour ma part, je suis d’avis que le degré suprême de la vie spirituelle en vue du salut s’exprime dans cette parole de l’Ecclésiastique : « Pour plaire à Dieu, aie de la miséricorde pour ton âme. » « Si j’ai juste assez d’huile pour mon usage, penses-tu que je doive te la donner et rester démuni ? »

Apprends à ne répandre que ce dont tu es rempli. Ne prétends pas être plus généreux que Dieu. » (Bernard de Clairvaux, In Canticum)

 

BERNARD DE CLAIRVAUX (1090-1153), un des fondateurs de l’ordre cistercien, contemplatif amoureux des lieux de solitude mais autant un des plus prodigieux hommes d’action de son temps.

SOURCES : 17. L’appel de l’enfant

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Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

17. L’APPEL

Nous ne pouvons rien par nous-mêmes, sinon appeler, comme l’enfant qui ne sait pas encore marcher et pleure pour attirer sa mère. C’est le salut par l’amour.

« Il n’est pas vrai comme le soutiennent certains, abusés par l’erreur, que l’homme soit irrémédiablement mort et ne puisse plus rien accomplir de bon.
Un petit enfant est incapable de tout : il ne peut accourir sur ses propres jambes vers sa mère, mais il se roule à terre, il crie, il pleure, il appelle. Et elle s’attendrit, elle est toute émue de voir son enfant la chercher avec tant d’impatience et de sanglots. Il ne peut la rejoindre, mais il l’appelle inlassablement, et elle vient vers lui, bouleversée d’amour, elle l’embrasse, le presse sur son cœur, lui donne à manger avec une tendresse ineffable.

Dieu nous aime. Et il se conduit comme elle à l’égard de l’âme qui le cherche.

Dans l’élan de cet amour infini qui est le sien, il s’attache à notre esprit, s’unit à lui et ne fait plus qu’un avec lui. L’âme se joint au Seigneur et le Seigneur, rempli de compassion et d’amour, vient et s’unit à elle et elle demeure dans sa grâce. Alors l’âme et le Seigneur ne font qu’un seul esprit, une seule vie, un seul cœur. »

Pseudo-Macaire (autour de 400), Quarante-sixième Homélie.
Dans la théologie de ce moine de Mésopotamie ou Asie mineure, même après le baptême, le combat entre la grâce et le mal continue dans les profondeurs de l’homme. Il reste à appeler au secours, à crier du fond même du désespoir. De profundis clamavi!