Clés pour lire Jean : 20. Laver les pieds

Clés pour lire l’évangile de Jean

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. En ce jeudi-saint, la signification de la mort de Jésus et son testament  nous sont livrés :  Jn 13,1-15.

Le lavement des pieds

Sachant que l’heure était venue pour lui de passer
de ce monde à son Père. (Jn 13,1)

Ce soir-là, Jésus livre l’essentiel de sa vie et le sens de sa mort-résurrection. Son testament tient en deux gestes et une parole.
Le premier geste est celui du repas, de la communion : Jésus donne sa vie, son corps et son sang qui deviennent nourriture, c’est-à-dire, aliment de vie.
Le deuxième geste est celui du lavement des pieds : Jésus se dépouille de son vêtement, de sa vie et s’abaisse aux pieds de ses disciples pour les servir, les sauver.
Ces gestes, Jésus nous demande de les faire en mémoire de lui : « Faites ceci en mémoire de moi. » Il ne s’agit pas de répéter des rites, mais de s’engager à la suite de Jésus à donner notre vie par amour, à communier avec nos frères et sœurs, à nous laver les pieds les uns aux autres. La communion fonde la fraternité, la communauté des disciples.

Un geste d’esclave et de disciple
« Dans le judaïsme ancien, qui lave les pieds et à qui les lave-t-on ? Laver les pieds d’autres personnes peut être considéré sous deux points de vue. Laver les pieds de quelqu’un est une action humiliante qu’on ne peut pas imposer à un esclave israélite. Les Sages disaient : Un esclave hébreu ne doit pas laver les pieds de son maître, ni lui enfiler ses chaussures. Imposer un tel geste à un Israélite serait attentatoire à sa dignité d’homme libéré par Dieu lors de la sortie d’Égypte. En revanche, c’est une action qu’un disciple doit à son maître et qu’une femme accomplit pour son mari car toute espèce de service qu’un esclave doit à son maître, un disciple le doit à son maître. Laver les pieds marque un lien particulier entre celui qui fait le geste et celui qui en bénéficie. Dans le rapport disciple-maître c’est une façon d’honorer le maître. En accomplissant un tel geste, Jésus se met en position d’esclave (le maximum de distance), mais aussi en situation de disciple (une relation), lui qui est le maître. Le geste de Jésus est d’autant plus paradoxal qu’il le fait au cours d’un repas, or, d’ordinaire, laver les pieds se fait lors de l’arrivée dans une maison ou quand le maître quitte la maison d’études. » (Jean-Pierre LÉMONON, Pour lire l’évangile selon saint Jean, 2020)

Abbé Marcel Villers

Fêtes et temps liturgiques : Commémoration des fidèles défunts

Commémoration de tous les fidèles défunts (2 novembre)

Dès les premiers temps du christianisme, la conviction s’est établie que les vivants ont à prier pour les morts. Pendant le haut Moyen Âge, on célèbre l’Office des morts à l’anniversaire du décès de la personne. Et tous les puissants de ce monde, princes, rois, évêques, demandent dans leur testament des prières pour le salut de leur âme. Au VIIe siècle, offrir une messe pour un défunt particulier devint une pratique courante.

Dans les monastères, (ci-dessus, cimetière des moines de Chevetogne) aujourd’hui encore, on commémore chaque jour, par une invocation en fin de chaque office, les membres défunts de la communauté. Très vite, une commémoration annuelle des bienfaiteurs défunts fut célébrée. En élargissant les bienfaiteurs à tous les défunts, une fête des morts ou des trépassés naquit au XIe siècle. Elle fut d’abord célébrée dans les monastères bénédictins. Saint Odilon (962-1048), abbé de Cluny, œuvra à en répandre la pratique, qu’il fixa au 2 novembre, dans l’ensemble du réseau constitué, à travers toute l’Europe, par les monastères issus de Cluny (fondée en 910). La célébration de cette fête est bien attestée à partir de 1030. Cette pratique s’étendit aux autres monastères, puis aux paroisses desservies par le clergé séculier. Le pape  Léon IX (1049-1054) l’approuva et la commémoration des fidèles défunts se répandit alors largement.
Au XIIIe siècle, Rome inscrivit ce jour de commémoration au calendrier de l’Église universelle le 2 novembre, lendemain de la Toussaint fixée au 1er novembre par saint Grégoire (590-604). On pouvait donc faire mémoire de tous les membres défunts en des jours successifs : les saints parvenus à la gloire du ciel le 1er novembre, et les autres le 2.
« A la fin du XVe siècle, les Dominicains espagnols instaurèrent la coutume de célébrer trois messes le 2 novembre. En 1915, Benoît XV (1914-1922) l’étendit à tous les prêtres. Cette tradition s’est poursuivie jusqu’à une époque récente. »
Au XVIe s., la Réforme protestante remit en question l’efficacité de la prière pour les morts. Le concile de Trente défendit l’enseignement et les pratiques de l’Église. La préoccupation relative au sort des défunts ne cessa aucunement avec l’époque moderne. Innombrables sont encore aujourd’hui les messes demandées par les familles pour leurs défunts.

« Ouvre, Seigneur, à nos frères défunts ta maison de lumière et de paix, car c’est pour eux que nous avons célébré le sacrement de la Pâque. » (Messe du 2 novembre)

Abbé Marcel Villers

Source : https://croire.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Toussaint/Le-2-novembre-quelle-origine