Clés pour lire l’évangile de Jean
Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. En ce jeudi-saint, la signification de la mort de Jésus et son testament nous sont livrés : Jn 13,1-15.
Le lavement des pieds
Sachant que l’heure était venue pour lui de passer
de ce monde à son Père. (Jn 13,1)
Ce soir-là, Jésus livre l’essentiel de sa vie et le sens de sa mort-résurrection. Son testament tient en deux gestes et une parole.
Le premier geste est celui du repas, de la communion : Jésus donne sa vie, son corps et son sang qui deviennent nourriture, c’est-à-dire, aliment de vie.
Le deuxième geste est celui du lavement des pieds : Jésus se dépouille de son vêtement, de sa vie et s’abaisse aux pieds de ses disciples pour les servir, les sauver.
Ces gestes, Jésus nous demande de les faire en mémoire de lui : « Faites ceci en mémoire de moi. » Il ne s’agit pas de répéter des rites, mais de s’engager à la suite de Jésus à donner notre vie par amour, à communier avec nos frères et sœurs, à nous laver les pieds les uns aux autres. La communion fonde la fraternité, la communauté des disciples.
Un geste d’esclave et de disciple
« Dans le judaïsme ancien, qui lave les pieds et à qui les lave-t-on ? Laver les pieds d’autres personnes peut être considéré sous deux points de vue. Laver les pieds de quelqu’un est une action humiliante qu’on ne peut pas imposer à un esclave israélite. Les Sages disaient : Un esclave hébreu ne doit pas laver les pieds de son maître, ni lui enfiler ses chaussures. Imposer un tel geste à un Israélite serait attentatoire à sa dignité d’homme libéré par Dieu lors de la sortie d’Égypte. En revanche, c’est une action qu’un disciple doit à son maître et qu’une femme accomplit pour son mari car toute espèce de service qu’un esclave doit à son maître, un disciple le doit à son maître. Laver les pieds marque un lien particulier entre celui qui fait le geste et celui qui en bénéficie. Dans le rapport disciple-maître c’est une façon d’honorer le maître. En accomplissant un tel geste, Jésus se met en position d’esclave (le maximum de distance), mais aussi en situation de disciple (une relation), lui qui est le maître. Le geste de Jésus est d’autant plus paradoxal qu’il le fait au cours d’un repas, or, d’ordinaire, laver les pieds se fait lors de l’arrivée dans une maison ou quand le maître quitte la maison d’études. » (Jean-Pierre LÉMONON, Pour lire l’évangile selon saint Jean, 2020)
Abbé Marcel Villers