SOURCES : 105. CONNU COMME INCONNU

      Connu comme inconnu

 « ll est connu comme inconnu.
C’est à lui que nous ressemblons le plus.
A lui que nous ressemblons le moins.

Il est souverainement communicable
Et souverainement inaccessible.

Il est le maître, il est le père.
Il voit tout de l’intérieur et ne connaît que lui.

Il se donne en attirant à lui.
Il est l’amour infini qui donne tout et ne reçoit rien.

Il est la générosité essentielle parce que juste.
Il est patient et fidèle parce qu’immuable.
Il est doux parce que puissant et intime.

Il est le saint, le grand séparé.
Il est le silence infini et sa parole crée les mondes.

Il n’a qu’une pensée et toute pensée vient de lui.
Il n’a qu’un amour et tout amour coule de lui.

Il est Dieu.
Il est le seul.
Il est.

Il nous a fait à son image et comme à sa ressemblance.
Et le Verbe s’est fait chair.
Il ne connaît le mal qu’à travers le bien qu’il avait voulu.
Et il a planté sa demeure parmi nous.
Et nous l’avons vu plein de grâce et de vérité. »

Jacques Loew, Dans la nuit, j’ai cherché, 1969

Jacques LOEW (1908-1999), dominicain français, prêtre ouvrier, fondateur de la Mission ouvrière Saints-Pierre-et-Paul, et fondateur de l’École de la Foi à Fribourg (Suisse). Ordonné prêtre en 1939, il s’engage dès 1941 comme docker sur le port de Marseille, dans un monde alors largement sous-prolétaire. Toute sa vie, ce missionnaire atypique a cherché à transmettre l’Évangile aux hommes éloignés de la foi.

Mois extraordinaire de la mission. Charles Boland, premier prêtre-ouvrier

OCTOBRE 2019 : MOIS MISSIONNAIRE EXTRAORDINAIRE

Cette année, le pape François a décidé de faire d’octobre 2019 « un Mois missionnaire extraordinaire afin de susciter une plus grande prise de conscience de la mission universelle de l’Église et de reprendre avec un nouvel élan la transformation missionnaire de la vie et de la pastorale. »

La transformation missionnaire de la vie de l’Église fut illustrée par le mouvement des prêtres-ouvriers. Il s’agissait pour eux de « sortir » d’une Église confortable et se déplacer dans le monde du travail. Être au plus près des ouvriers, partager leurs conditions de vie, manifester ainsi leur solidarité au nom de l’Évangile. Missionnaire, ils l’étaient non par une volonté de conquête, mais par le partage de vie, l’être-avec, le déplacement vers les périphéries sociales.

Cadet de trois frères, Charles Boland est né à Verviers en 1895 dans une famille bourgeoise, mais en contact quotidien avec la population laborieuse de la cité lainière. Après le Collège Saint-François-Xavier, il commence des études d’ingénieur à l’École supérieure des Textiles de Verviers. Il est ordonné prêtre en 1921 et affecté comme professeur à l’Institut technique Saint-Laurent à Liège. Pour perfectionner ses connaissances pratiques, il fait un premier stage dans une usine de textile, ensuite dans une fonderie verviétoise, puis d’autres échelonnés sur dix ans. De ce fait, Charles Boland devient le premier prêtre à faire l’expérience du travail en usine. Il veut aller plus loin et se faire prêtre-ouvrier, partager les conditions de vie du monde ouvrier. Ce n’est qu’en 1942 que l’évêque l’y autorise. Il entre comme tronçonneur à Tubes-Meuse qu’il doit quitter en 1950 pour raisons de santé.

Ce qui a conduit Charles Boland dans cette lente percée, c’est la conviction que « les prêtres au travail ne sont pas de simples instruments apostoliques à la manière du sel tombant dans la soupe. Ils pénètrent dans le monde ouvrier avec le plus grand respect ; ils se contentent d’une présence très humble, d’une présence qui est partage complet de la condition ouvrière. Vivre en même temps l’Évangile avec les ouvriers. Pour finir, cette vie avec eux cherche à faire reconnaître que le Christ vit déjà en eux, même s’ils ne peuvent encore l’identifier. » (Dure percée, 1968) L’abbé Boland est décédé le 22 janvier 1974.

Abbé Marcel Villers