SOURCES : 51. HYMNE DE L’UNIVERS

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

51. Hymne de l’univers

« En quoi la création loue-t-elle Dieu ?
En ce que toi , lorsque tu la contemples et en vois la beauté, tu loues Dieu en elle.

La splendeur de la terre est comme la voix de cette terre sans voix.
Tu regardes, tu vois la splendeur de la terre, tu en vois la fécondité.
Tu en vois la vitalité, tu observes comme elle accueille les semences
et comme elle produit souvent ce qu’on n’a pas semé ;
tu vois tout cela.

Ta contemplation est comme une interrogation à la terre.
Ta recherche même est interrogation.
Il te vient à l’esprit que la création n’a pu tirer son être d’elle-même.

Ce que tu as découvert au cœur de la création,
c’est cela qui te fait louer le créateur.
N’est-il pas vrai que,
dans la contemplation de la splendeur universelle du monde,
la beauté elle-même se fait pour ainsi dire voix et te répond :
« Je ne me suis pas faite moi-même, c’est Dieu qui m’a faite. » (Saint Augustin, Explication des psaumes. Ps 144,13)

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AUGUSTIN D’HIPPONE (354-430), converti au christianisme par saint Ambroise de Milan, retourne en Afrique du Nord et y devient prêtre, puis évêque. Il a composé une œuvre immense de théologien comme de prédicateur. Il eut une influence prépondérante dans la pensée chrétienne occidentale.

TEMPS ET FÊTES LITURGIQUES : Christ-Roi

Solennité du Christ Roi de l’univers

Voilà la fête la plus récente mise au calendrier liturgique de l’Église. Elle est instituée le 11 décembre 1925 par le Pape Pie XI et l’encyclique Quas primas. Deux motifs y sont avancés : lutter contre la montée des totalitarismes athées et le laïcisme ; honorer le 16e centenaire du Concile de Nicée qui a introduit dans le Credo, à propos du Christ : « et son règne n’aura pas de fin ». On se trouve, à l’époque de Pie XI, face à la montée du fascisme, du communisme et du nazisme qui visent à exercer un pouvoir totalitaire de l’État sur le citoyen. La liberté religieuse, comme le rôle social de l’Église, sont directement menacés. Ni subordonnée au pouvoir politique, ni une affaire purement spirituelle, la foi chrétienne proclame l’autorité et la souveraineté du Christ sur toute la création et les réalités sociales.

Les mouvements d’Action catholique vont faire du Christ-Roi leur fête et leur programme : étendre le règne du Christ sur les cœurs et sur la société. La prière finale de la messe l’exprime clairement : « Fiers de combattre sous l’étendard du Christ-Roi, nous te demandons, Seigneur, que notre communion au pain de l’immortalité nous permette de régner à jamais avec lui sur le trône céleste. »

La fête du Christ-Roi est initialement fixée au dernier dimanche d’octobre, juste avant la Toussaint. En effet, déclare l’encyclique, « le Christ ne cesse d’appeler à l’éternelle béatitude de son royaume céleste ceux en qui il a reconnu de très fidèles et obéissants sujets de son royaume terrestre. » Les lectures du formulaire de la messe affirment, dans l’épître (Col 1,12-20), la royauté universelle du Christ sur le monde créé et, dans l’évangile (Jn 18, 33-37), que son royaume n’est pas de ce monde. Équilibre délicat !

La célébration de la fête du Christ-Roi change de date et de signification à la suite de la réforme conciliaire de Vatican II. Elle porte désormais le titre de fête du Christ « Roi de l’univers ». La dénomination « Roi de l’univers » met l’accent sur la récapitulation de toute la création dans le Christ et oriente vers la fin des temps.

Le Christ est maître de l’histoire où il instaure progressivement, proclame la préface de la messe, un « règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix. » On comprend alors que la fête du Christ Roi soit désormais célébrée le dernier dimanche de l’année liturgique. Cette fête lui donne son orientation comme à toute l’histoire. Nous marchons vers le Christ, Roi de l’univers et Juge de l’humanité, dont la venue en gloire achèvera la création et l’histoire en établissant « un règne sans limite et sans fin » (Préface).

Abbé Marcel Villers
Illustration : le jugement dernier, panneau (1698) de la chapelle latérale nord de l’église de Theux