Homélie pour les funérailles de Florent

FlorentLacomble

L’abbé Marcel Villers a bien voulu nous transmettre le texte de son homélie pour les funérailles de Florent qui ont eu lieu à Theux le 5 septembre dernier.
Nous sommes sûrs que vous serez nombreux à le lire et le méditer

Elle est là à pleurer devant le tombeau.

Ce matin-là, dès avant le lever du soleil, elle est venue sur la tombe. Elle veut revoir le visage du Bien-Aimé. Elle désire le parfumer, le toucher une dernière fois. Mais elle ne trouve pas le corps. Son corps lui est enlevé et le visage tant aimé, qu’elle cherchait à revoir, a disparu.

Au fond du tombeau, ce qu’elle voit, ce sont deux anges vêtus de blanc, en habits éblouissants. Avec quels yeux peut-on voir un ange ? Sinon ceux de la confiance et de l’amour -dont les larmes de Marie-Madeleine sont le signe.

Ces anges viennent de l’autre monde, témoins de ce que nul œil humain ne peut voir : la résurrection, qui est passage du temps vers l’éternité.

La fin de la vie humaine, ce n’est pas le cadavre gisant au tombeau.

La vérité de notre condition, elle est signifiée par ces anges, revêtus de lumière et assis au fond du tombeau.

En chacun de nous, resplendit un ange de lumière, une beauté que rien, ni la maladie, ni la décrépitude, pas même la mort, ne peut éteindre.

Mais avec quels yeux peut-on voir, en chacun, cet ange éblouissant ?

Ceux de l’amour qui rend capable de traverser le rideau de larmes que suscite la mort de l’être aimé.

Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ?

Un corps ou un vivant ? Un souvenir ou une présence ?

Son bien-aimé est devant elle, mais elle ne le reconnaît pas. Elle cherche un mort alors qu’il est vivant.

A l’appel de son nom, elle se jette à ses pieds et s’agrippe à lui. Elle veut prolonger une communion sensible, corporelle. Elle veut le retenir : Dis-moi où tu l’as mis, et moi, j’irai le reprendre. 

Ne me retiens pas, répond-il.

Comme elle, nous n’avons qu’un désir, retenir ceux et celles que nous aimons, les retenir près de nous, les retenir en ce monde. Les avoir sous nos yeux et que nos mains puissent les toucher, les caresser. Que nous puissions jouir de leur présence, charnelle, sensible.

Mais lui, Florent, ne rêvait que d’une chose : échapper à ce monde, trop étroit et trop rigide, pour s’élancer vers l’ailleurs, cet autre monde fait d’infini et de lumière, qu’il entrevoyait dès qu’il atteignait l’au-delà des nuages où le ciel est d’un bleu si vaste et si lumineux.

D’où lui venait ce désir d’infini, cette recherche de l’extrême ?

Tout simplement de ce dont nous sommes faits.

De la boue et du souffle divin, l’homme fût créé, écrit Grégoire de Nazianze. C’est pourquoi, en sa qualité de terreux, il est attaché à la vie d’ici-bas, mais portant aussi une parcelle de la divinité, le désir du monde à venir travaille son cœur.

Être mixte, mêlé de ciel et de terre, rien de ses conditionnements terrestres ne saurait satisfaire ni définir l’être humain.

L’homme passe infiniment l’homme, écrivait Pascal.

Il y a en lui ce souffle venant de Dieu qui le porte, le travaille, l’empêche de s’identifier à cette terre.  C’est en haut qu’est votre but, écrit saint Paul, non sur la terre.

Recherchez ce qui est en haut, là où se trouve le Christ.

Florent a si souvent grimpé au ciel, fasciné par l’azur immense, mais c’était pour en descendre le plus vite possible.

Aujourd’hui, de cette terre où il est resté longtemps allongé et enchaîné, il est parti pour le ciel, l’azur, l’insondable profondeur de l’espace et du temps, mais c’est pour ne plus en descendre.

Allez dire à mes frères que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.

Ne me retenez pas.

Notre tour viendra. Nous aussi, nous monterons vers le Père éternel.

Alors, dépensons notre vie, ne l’économisons pas, par peur de la mort ou par le calcul du temps si court qui nous est attribué.

Oui, le temps est court. Alors, vivons à plein, à fond.

La mort est au bout, mais comme un passage, une montée vers un monde d’au-delà, un ciel plus haut que tous les cieux où nous attend notre bien-aimé.

Ce qui se passera de l’autre côté, écrit saint Jean de la Croix, je ne le sais pas.
Je crois, je crois seulement qu’un grand amour m’attend.

Abbé Marcel Villers

2 commentaires sur « Homélie pour les funérailles de Florent »

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