4. La mission immobile ou par attraction
L’Europe gallo-romaine connut une évangélisation individuelle et par attraction. Des soldats ou des marchands, par leur exemple et style de vie, propagèrent la foi chrétienne le long des routes et des fleuves. L’action missionnaire fut alors diffusion d’une façon de vivre, de penser et de croire. Diffusion spontanée, c’est-à-dire, par la force d’attraction du christianisme lui-même, par contagion sur le monde environnant. On va chez des amis, chez des clients, chez des cousins. L’évangélisation se faisait à ces occasions, au gré des rencontres. Ce modèle missionnaire est la mission des petites gens : une mission dans la simplicité des contacts, une mission faite par des familles, des individus, au gré des circonstances de la vie. On a parlé de « mission immobile ».
Dans toute la Gaule, les monastères constituèrent des centres rayonnant de vie religieuse mais aussi de culture et d’art. Au VIe s., les moines irlandais se firent missionnaires et répandirent leur règle austère sur le continent. L’évangélisation va être appuyée et même diligentée par les autorités franques, récemment converties. Après les invasions barbares, il s’agit d’une deuxième évangélisation, orientée vers les campagnes et ces peuplades païennes venues du Nord. Au VIIe siècle, les rois mérovingiens vont favoriser cette évangélisation, particulièrement par la création de monastères. On parle alors d’évangélisation par rayonnement sur les populations environnantes.
Les gens des campagnes, étaient attirés par les belles cérémonies liturgiques, le culte des saints. Ajoutons l’exercice de la charité à la porte du monastère. Enfin, il y avait l’exemple d’une vie de piété, d’abnégation, de travail, d’amour du prochain. Les moines circulaient aussi dans la région et y prêchaient.
Abbé Marcel Villers