2 ans après les inondations…

Parfois, on oublie vite…

Trop vite. Parce qu’on n’est pas vraiment concerné. Parfois, on aimerait bien oublier sans y arriver. Les rêves envahissants et leurs ombres reviennent la nuit et, avec eux, le sentiment d‘insécurité. La mémoire collective devrait être capable de tenir ensemble les deux : garantir le non-oubli des catastrophes, de leurs victimes, de leurs destructions, de leurs blessures visibles et invisibles, de leurs manifestations de solidarité et alléger, apaiser le souvenir traumatisant individuel en occupant justement l’espace public par une mémoire respectueuse et collective. Quand je me suis promenée avant les commémorations officielles à l’occasion du premier anniversaire des inondations dans le quartier de Prés-Javais à Verviers, j’ai été frappée par deux choses : le quartier transpirait réellement une forte volonté de reconstruction, de rénovation, de relever le défi nécessaire de ré-habiter.

Bravo ! Toutefois, à côté de cela, je rencontrais une transparence bouleversante du côté des habitants qui me partageaient leur ressenti un an après les inondations : « Quand il pleut, je suis toujours à la fenêtre », « Le chien ne dort que sur une chaise », « La petite fait toujours des cauchemars », « Les gens pensent que les sinistrés veulent une douche chaude mais on a besoin du sentiment de sécurité, que cela n’arrivera plus ».

Je trouvais donc derrière les façades rénovées et à côté de cet effort adorable de reconstruire une couche de fragilité humaine qui, à première vue, ne pesait que sur les épaules des personnes directement concernées. Mais, après réflexion, cette fragilité me semblait bien présente dans notre conscience collective : interconnectés et interdépendants, les humains ne peuvent plus vivre sur cette terre sans tenir compte des conséquences du dérèglement climatique en cours. Plus de précipitations en hiver dans notre région, disent les experts, mais beaucoup moins de précipitations en été. Danger d’autres inondations en hiver, par contre, en été des périodes de sécheresse de plus en plus longues.

Et l’idée, née en groupe, prenait donc forme, grâce au travail, aux interviews, aux énergies sans relâche d’Annie Denoël et de Dominique Servais : faire mémoire des inondations de juillet 2021 ! Avec une exposition tournant dans des lieux publics, laissant la parole aux personnes concernées. Refuser donc l’oubli trop facile, le refoulement ou le déni. Continuer à manifester notre respect pour les victimes et leurs familles. En libérant la parole, espérer apaiser le souvenir traumatisant. Et finalement, nous assurer réciproquement de notre solidarité et ainsi augmenter notre capacité de prévention et de résilience.

Heike Sonnen,
Pasteure à Verviers- Laoureux et Spa (EPUB), juin 2023

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Les textes sont des témoignages recueillis par Annie Denoël, ils ont été retranscrits le plus fidèlement possible, c’est pourquoi ils conservent un caractère oral.

Les photos ont été prises par Dominique Servais, dans le cadre que les personnes avaient choisi.

Informations pratiques : 

• du 21 septembre au 8 octobre (l’affiche indique le 6 !), de 8h à 16h30
• à la cathédrale Saint-Paul à Liège
• plus d’informations si nécessaire auprès de Dominique via son adresse courriel

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Remerciements des auteurs

• À toutes celles et tous ceux qui nous ont donné de leur temps, nous ont reçus, ont ravivé des souvenirs douloureux et nous ont aidés à comprendre ce qu’ils ont vécu. Grâce à ces femmes et ces hommes, ce recueil a pu prendre forme.
• À Luc Baba, écrivain, qui nous a autorisés à reproduire des extraits de son livre Vesdre, Éditions de l’Arbre à paroles, 2022.
• À Marc Elsen, psychologue, pour sa collaboration.
• À Marie-Madeleine Crickboom et Jean-René Thonard, passionnés des Prés-Javais.
• À L’Atelier du Prince, Sandrine et Carlo, pour leur accueil, leurs conseils, leur aide.
• À Maria Alonso qui nous a fait découvrir les Prés-Javais.
• À Amandine Servais, pour ses conseils et sa relecture.
• Pour leur soutien financier : l’asbl UNITAS, Caritas Secours Francophone, l’abbaye d’Orval, le Rotary de Verviers, le Monastère Saint-Remacle de Wavreumont.

Annie et Dominique