CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 38. LE TRÉSOR

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 13, 44-52 du 17e dimanche ordinaire.

38. Le trésor caché
Dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il possède. (Mt 13, 44)

Être chrétien, c’est témoigner d’un trésor caché. « L’homme qui l’a découvert, le cache à nouveau. » (13,44) Pourquoi est-il caché ? Parce qu’il ne peut être trouvé que par celui qui cherche. L’essentiel, ce qui peut donner sens et repères d’existence, n’est accessible qu’à celui qui se met en quête et donc en état de trouver.

La découverte de Dieu et de son Royaume suscite une telle joie que rien ne peut retarder la décision d’y consacrer toute sa vie. « Il va vendre tout ce qu’il possède et il achète le champ, la perle. » (13, 44) Dieu et son Royaume demandent un choix décisif. On n’y entre pas « comme ça », sans s’en rendre compte. On ne naît pas chrétien, c’est le fruit d’une décision, d’une option radicale.

Le discours en paraboles de Matthieu
Matthieu rassemble 7 paraboles dans son chapitre 13 : le semeur, l’ivraie, le grain de moutarde, le levain, le trésor, la perle, le filet. Après le discours sur la montagne (chapitres 5-7) et le discours de mission (10), cet ensemble constitue le troisième des cinq discours qui ponctuent l’évangile de Mt. Le thème commun des paraboles rapportées est celui du royaume des Cieux. Toutes les paraboles, sauf celle du semeur, commencent par la même formule : « le royaume des Cieux est comparable à… ». Comment dire ce qu’il en est de ce mystère si ce n’est par des comparaisons et des symboles ? Comment autrement parler de ce règne de Dieu, de sa mystérieuse présence au cœur de ce monde comme au plus intime de l’âme ?

Abbé Marcel Villers

CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 37. IVRAIE ET BON GRAIN

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 13, 24-43 du 16e dimanche ordinaire.

37. Le bon grain et l’ivraie
Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson. (Mt 13,30) 

« N’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient qu’il y ait de l’ivraie ? » (13, 27) A la question : « Seigneur, veux-tu que nous l’arrachions ? » (13, 28) Jésus répond : « Laissez-les pousser ensemble. » (13, 30)
Il n’y a pas d’un côté, les bons, et de l’autre, les méchants. Tout est mêlé et en chacun. Si l’on veut arracher l’un, on arrachera l’autre.

Ni idéaliste ni pessimiste, Jésus constate simplement que l’humanité n’est pas un produit pur, mais un mixte de bien et de mal, de bon grain et d’ivraie, de grâce et de péché inextricablement mêlés. Il y a les deux partout : en moi, en tout homme, dans toute action et toute réalisation.

Bref, le réel est ambigu. Alors le plus sage est d’attendre comme Dieu qui patiente. Au temps de la moisson, il y aura un tri. Dans l’entre-deux où nous sommes, reste à faire confiance.

 

Parabole et allégorie
Lorsque chaque détail d’une parabole fait l’objet d’une interprétation, elle devient une allégorie. Ainsi, la parabole de l’ivraie dans le champ où « l’ivraie, ce sont les fils du Mauvais, l’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde… » (13, 38-39) Cette transformation d’une parabole en allégorie s’explique par le fait qu’on ne sait plus à quelle occasion et pourquoi Jésus a raconté la parabole. Alors, l’Église l’applique à sa propre situation, en fait une leçon de morale ou, comme pour la parabole de l’ivraie, une évocation du jugement dernier afin d’inviter les chrétiens à fuir le mal.

Abbé Marcel Villers

CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 36. LE SEMEUR

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 13, 1-23 du 15e dimanche ordinaire.

36. Le semeur
D’autres sont tombés dans la bonne terre et ont donné du fruit. (Mt 13,8) 

Le semeur ne calcule pas. Certes, du grain se perd au bord du chemin, dans les pierres ou les ronces. Mais qu’importe ! Il sème, sûr que le grain donnera du fruit.

Le semeur ne passe pas son temps à chasser les oiseaux qui mangent les grains, ni à enlever les pierres et les ronces. Il sème avec détermination. Une foi tranquille l’habite. Il est certain de la récolte en dépit de tous les échecs et revers.

Son travail, c’est de semer. Pour le reste, il fait confiance. La moisson, c’est l’affaire de Dieu.

Lui seul est capable de toucher les cœurs. Pour nous, il s’agit simplement de semer.

L’occasion de la parabole du semeur
Par cette parabole, Jésus répond aux doutes de ses contemporains sur le succès de sa prédication. « Le regard se porte sur ses propres échecs, ses prédications infructueuses, l’opposition exacerbée qu’il rencontre, les défections croissantes. N’était-ce pas un démenti à ce qu’il prétendait être venu faire ? Regardez le paysan, dit Jésus, il pourrait se décourager devant la perte de sa semence, et pourtant il ne se laisse pas déconcerter, car il a ferme espoir qu’une belle récolte lui sera donnée. O gens de peu de foi ! » (J. JEREMIAS, Les paraboles de Jésus, 1962)

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire Matthieu : 35. Père et fils

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 11, 25-30 du 14e dimanche ordinaire.

35. Le Père et le Fils
Personne ne connaît le Père, sinon le Fils. (Mt 11,27)

Que nous révèle de Dieu le Fils, à travers son agir et ses paroles ? Au moins trois traits. D’abord que Dieu est Père, qu’il se soucie de chacun de nous parce qu’il nous aime comme ses enfants.

Ensuite, que Dieu est « doux et humble de cœur » (11, 29), qu’il ne cherche donc pas à s’imposer, à dominer.

Enfin que Dieu est compassion : « vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, je vous procurerai le repos. » (11, 28)

Et Jésus de conclure : « prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples. » (11, 29)

 

Mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. (11, 30)
« Dans le judaïsme, l’image du joug s’appliquait à diverses réalités : on parlait du joug de la Loi, des commandements, ou du Royaume des cieux, tout ce que l’homme s’impose avec joie pour répondre aux exigences de Dieu. Si les pharisiens estimaient que le joug de la Loi n’avait rien d’un fardeau et d’un esclavage, Matthieu juge pourtant que leur enseignement pèse lourd, « ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens. (23,4) » (Claude TASSIN, L’Évangile de Matthieu, 1991).
Les 613 commandements formulés par les rabbins, les détails dans lesquels on les explicitait sans fin, constituaient « un joug que ni nos pères, ni nous-mêmes n’avons été capables de porter », disait Pierre (Ac 15, 10). Jésus libère de ce poids de la Loi ; le joug de Jésus est léger et facile à porter.

Abbé Marcel Villers