CLÉS POUR MATTHIEU : 14. Au désert, le combat

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Matthieu. Cette semaine : Mt 4, 1-11 du 1er dimanche du carême.

 

14. Au désert, le combat du Fils

Le tentateur s’approcha et lui dit :  « Si tu es Fils de Dieu… » (Mt 4, 3)

La vie chrétienne implique un combat, une lutte. Les tentations de Jésus sont représentatives des épreuves, des combats de l’homme de foi. Ce récit met en scène une réalité intérieure et permanente vécue par Jésus et le chrétien à sa suite.

Le démon cherche à installer la contradiction entre Jésus et Dieu, à placer un coin entre eux, à faire une brèche dans leur communion pour arriver à séparer Jésus et son Père.  Le démon installe le doute : « si tu es le Fils de Dieu… » Autrement dit, « en es-tu si sûr ? que Dieu te le prouve ! teste-le ! » Mais Jésus refuse : « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » (4, 7)

La stratégie du démon avait réussi avec Adam et Ève, elle échoue avec Jésus. L’arme décisive de sa victoire : l’obéissance, la communion à la Parole de Dieu, son Père. Il est bien le Fils dont « la nourriture est de faire la volonté de son Père » (Jn 4, 34). Car « ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (4, 4) C’est dans la communion des volontés de Dieu et de l’homme qu’est le salut.

Tentations de Jésus, tentations d’Israël
« Jésus est Fils de Dieu en tant qu’il réalise par sa soumission au Père, la vocation d’Israël, fils de Dieu. Aussi, Jésus répond-il au tentateur par des versets du Deutéronome qui font écho à l’expérience d’Israël au désert : expérience d’une manne de misère aiguisant la faim de la Parole (Dt 8, 3), triste expérience du doute à l’égard de la puissance divine (Dt 6, 16), expérience chronique de l’idolâtrie (Dt 6, 13) dont Matthieu semble craindre une reviviscence dans le rêve d’un messie dominateur politique. » (Claude TASSIN, L’Évangile de Matthieu, 1991)

Abbé Marcel Villers

Horaire et intentions des messes du 24 février au 2 mars 2023

 

1er dimanche de Carême

Samedi 25 février à 17h30 à Juslenville : Messe pour les défunts des familles Maréchal et Houyoux.

Dimanche 26 février à 10h à Theux : messe pour le premier anniversaire du décès de Mme Jacqueline Vrancken-Jamar.

Mardi 28 février à 9h à Oneux : messe .

Mercredi 1er mars à 9h à Becco : Messe fondée Pauly, Bolmain et Maréchal.

 

Extraits de l’évangile du 1er dimanche de Carême (Mt 4,1-11) :

L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.

Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.

C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte.

SOURCES : 18. Deux pièges

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

18. DEUX PIÈGES

 « Il est parmi nous deux sortes d’épreuves. Nous sommes attaqués en ce monde ou par l’affliction, qui, comme l’or dans le creuser, éprouve notre âme et fait connaître sa force en exerçant sa patience, ou par la prospérité même, qui est un autre genre d’épreuve.

Car il est également difficile, et de ne pas nous laisser abattre dans les peines de la vie, et de ne pas nous laisser emporter par l’orgueil dans l’excès du bonheur.

Job nous fournit un exemple de la première sorte d’épreuve. Cet athlète généreux et invincible a soutenu tous ses efforts avec un cœur ferme et inébranlable, s’est montré d’autant plus grand, d’autant plus élevé au-dessus des disgrâces que son ennemi lui livrait des combats plus rudes et plus cruels.

Le riche de l’évangile, aux greniers bien remplis, nous offre un exemple de l’épreuve dans les heureux succès. Ce riche possédait déjà de grandes richesses, en espérait de nouvelles, parce qu’un Dieu bon n’avait point puni d’abord son ingratitude, mais qu’il ajoutait tous les jours à ses biens, pour essayer si, en rassasiant son cœur, il pourrait le tourner vers la sensibilité et la bienfaisance. Son avarice ne lui permettait pas d’abandonner ses anciennes récoltes et donc de renfermer les nouvelles vu leur abondance ; il était embarrassé et ne savait à quoi se résoudre. Son âme est oppressée et agitée par les soucis. Parfaite image de ces gourmands insatiables, qui aiment mieux charger leur estomac outre mesure et se nuire à eux-mêmes que d’abandonner leurs restes à celui qui en est dans le besoin. »

Saint Basile (330-379) de Césarée en Cappadoce, Homélie contre l’avarice.
Moine, il est contraint par le peuple chrétien de devenir prêtre, puis évêque de Césarée. Face à une société qui écrase les pauvres, il organise, près de sa ville une véritable cité d’accueil, tenue par des moines : hôtellerie, hospice, hôpital, nourriture et logements gratuits pour les plus pauvres.

Clés pour lire l’évangile de Jean : 38. Cinq pains d’orge

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Nous poursuivons la lecture continue de l’évangile. Jésus nourrit la foule : Jn 6, 1-15 du 17e dimanche ordinaire.

38. Cinq pains et deux poissons

« Jésus prit les pains, les distribua, il leur donna aussi du poisson. » (Jn 6,11)

Ce soir-là, dans le désert, « s’assirent un nombre d’environ cinq mille hommes. » (6,10) Se pose très vite la question : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? (6,5) » Cette question de Jésus est la clé de notre récit. D’ailleurs l’évangéliste précise : Jésus « disait cela pour le mettre à l’épreuve. » (6,6) De quelle épreuve s’agit-il ? Il s’agit d’interpréter la disproportion entre le « peu » qui est à la disposition de l’homme : « cinq pains et deux poissons » et la surabondance qui advient à la prière de Jésus : « ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge restés en surplus. » (6,13)

Qu’est-ce que cela veut dire ? Sinon que de notre peu de choses, Dieu peut faire advenir le nécessaire, et même la surabondance : « douze paniers avec le surplus. » Comparé à l’immensité des besoins, les nôtres et ceux de l’humanité, nous avons peu de choses et pourtant, de cela qui nous semble moins que rien, nous pouvons faire des merveilles.

Sans les cinq pains et les deux poissons, le Christ pourrait-il faire des miracles ? Non, car il serait alors une espèce de Dieu magicien qui, d’un coup de baguette ou d’un mot, règlerait nos problèmes. Ce Dieu-là n’est pas celui de Jésus. Voilà pourquoi Jésus s’enfuit lorsque la foule veut le saisir et le faire roi.

Le Prophète annoncé

Après avoir été rassasiée, la foule proclame : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. » (6,14) Cette confession de foi est liée à la croyance qu’un festin et une nourriture abondante marqueront l’ouverture des temps nouveaux : « Le Seigneur de l’univers va donner sur cette montagne un festin pour tous les peuples, un festin de viandes grasses et de vins vieux » (Is 25,6-8). Alors on mangera et on boira « sans argent et sans paiement » (Is 55,1-2). Ces derniers temps seront déclenchés par la venue d’un prophète, annoncé semblable à Moïse (Dt 18,15.18). La combinaison de l’attente du prophète des derniers temps et celle du roi messianique est attestée dans le judaïsme du 1er s., mais refusée par Jésus car conçue dans des catégories politiques.

Abbé Marcel Villers