SOURCES : 23. LE RETOUR

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

 

23. RETOUR A DIEU

Le carême est le temps du retour, du repentir, de la conversion. Mais…

« Je n’ai ni cœur brisé pour partir à ta recherche,
ni repentir, ni tendresse…
Je n’ai pas de larmes pour te prier.
Mon esprit est enténébré, mon cœur est froid…
Je ne sais pas le réchauffer par des larmes d’amour pour toi.
Mais toi, Seigneur Jésus-Christ mon Dieu,
donne-moi le repentir total, le brisement du cœur,
pour que de toute mon âme je parte à ta recherche.
Sans toi, je serais privé de toute réalité.

Que le Père qui dans l’éternité t’a engendré dans son sein,
renouvelle en moi ton image.
Je t’ai abandonné. Ne m’abandonne pas.
Je me suis éloigné de toi. Toi, sors à ma recherche.
Conduis-moi dans ton pâturage, parmi les brebis de ton troupeau.
Avec elles nourris-moi de l’herbe fraîche de tes mystères dont le cœur pur est la demeure,
ce cœur qui porte en lui la splendeur de tes révélations.
Puissions-nous être dignes d’une telle splendeur,
par ta grâce et ton amour de l’homme,
O Jésus-Christ notre Sauveur. »
(Isaac le Syrien, Traités ascétiques, 2e traité)

ISAAC LE SYRIEN ou ISAAC DE NINIVE (VIIe siècle) est né sur les rives du golfe Persique. Déjà moine et reconnu comme maître spirituel, il est sacré évêque de Ninive dans l’Église syriaque, entre 660-680. Mais au bout de cinq mois, il fuit dans la montagne, puis se fixe au monastère de Rabdan Shabbour où, devenue aveugle, il dicte ses œuvres à des disciples. Il est un des plus grands spirituels de l’Orient chrétien. 

CLÉS POUR MATTHIEU : 14. Au désert, le combat

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Matthieu. Cette semaine : Mt 4, 1-11 du 1er dimanche du carême.

 

14. Au désert, le combat du Fils

Le tentateur s’approcha et lui dit :  « Si tu es Fils de Dieu… » (Mt 4, 3)

La vie chrétienne implique un combat, une lutte. Les tentations de Jésus sont représentatives des épreuves, des combats de l’homme de foi. Ce récit met en scène une réalité intérieure et permanente vécue par Jésus et le chrétien à sa suite.

Le démon cherche à installer la contradiction entre Jésus et Dieu, à placer un coin entre eux, à faire une brèche dans leur communion pour arriver à séparer Jésus et son Père.  Le démon installe le doute : « si tu es le Fils de Dieu… » Autrement dit, « en es-tu si sûr ? que Dieu te le prouve ! teste-le ! » Mais Jésus refuse : « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » (4, 7)

La stratégie du démon avait réussi avec Adam et Ève, elle échoue avec Jésus. L’arme décisive de sa victoire : l’obéissance, la communion à la Parole de Dieu, son Père. Il est bien le Fils dont « la nourriture est de faire la volonté de son Père » (Jn 4, 34). Car « ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (4, 4) C’est dans la communion des volontés de Dieu et de l’homme qu’est le salut.

Tentations de Jésus, tentations d’Israël
« Jésus est Fils de Dieu en tant qu’il réalise par sa soumission au Père, la vocation d’Israël, fils de Dieu. Aussi, Jésus répond-il au tentateur par des versets du Deutéronome qui font écho à l’expérience d’Israël au désert : expérience d’une manne de misère aiguisant la faim de la Parole (Dt 8, 3), triste expérience du doute à l’égard de la puissance divine (Dt 6, 16), expérience chronique de l’idolâtrie (Dt 6, 13) dont Matthieu semble craindre une reviviscence dans le rêve d’un messie dominateur politique. » (Claude TASSIN, L’Évangile de Matthieu, 1991)

Abbé Marcel Villers

SOURCES : 19. Trois chemins

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque semaine, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

 

19. TROIS CHEMINS DANS LE DÉSERT

Aller au désert, c’est aller à l’essentiel ; accepter de se dessaisir, des choses comme du souci de soi, pour se ressaisir comme après un long sommeil. Le désert, c’est l’heure des choix : que faire de ma vie ? de quoi me dégager ? quels chemins prendre ?

Trois chemins, en tout cas, nous sont proposés pendant le carême : prier, jeûner, partager.

Prier : « Nous prions quand nous retirons entièrement notre cœur du tumulte des pensées et des soucis, et que dans une sorte de tête-à-tête secret et d’amitié très douce, nous découvrons au Seigneur nos désirs. » (Jean Cassien, Conférences IX, 35-36)

Jeûner : Isaïe nous enseigne les lois d’un jeûne pur et sincère : « Rompre les chaînes injustes, renvoyer libres les opprimés, partager son pain avec l’affamé, héberger les pauvres sans abri. » (Is 58,6-7)

Partager : « Ne nous tuons pas à amasser de l’argent quand nos frères meurent de faim. Tout ce que Dieu a créé est commun et en abondance. Honorez vos frères en détresse, c’est honorer le Christ lui-même. » (Grégoire de Nazianze, De l’amour des pauvres, 24-27, 40)

Voilà le programme du carême. Ne ressemble-t-il pas au programme de la vie chrétienne ?

Bon carême !

Jean CASSIEN (350-435) est originaire de l’actuelle Roumanie. Moine en Palestine, puis voué à l’errance spirituelle. Il se rend en Égypte où il visite monastères et ermitages. Vers 400, il est à Constantinople où il est ordonné diacre par Jean Chrysostome. Après le bannissement de Chrysostome, Cassien se rend à Rome où il devient prêtre. En 415, il fonde à Marseille deux monastères et rédige ses « Conférences » qui transmettent à l’Occident l’expérience du monachisme oriental. Cassien est ainsi le trait d’union entre les deux.

 

Temps liturgique : le carême

Le carême

La mort-résurrection du Christ est le cœur de la foi chrétienne et fut longtemps la seule fête liturgique célébrée chaque dimanche. A partir du 2e s., on fixe un jour anniversaire pour célébrer la résurrection : la fête de Pâques qui devient le centre de l’année.

Une telle fête doit être préparée par le jeûne et la prière. C’est le premier des facteurs qui vont contribuer à la naissance du carême. A la fin du 2e s., on célèbre un « triduum pascal » qui s’étend du vendredi saint au dimanche de la résurrection. Progressivement, avant le 4e s., c’est toute la semaine qui est orientée vers la nuit de Pâques et s’ouvre par le dimanche de la Passion. Sous l’influence des pèlerins revenant de Terre Sainte, on introduit une procession commémorant l’entrée de Jésus à Jérusalem. Plus tard, venant de Germanie, on ajoute la bénédiction des rameaux.

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